ma

me concentrer sur ceux que je n’avais pas encore lus. J’aimais mon jardin dont je prenais grand soin et il ne se passait pas un jour sans que mes pas me portent vers ses allées ses recoins son petit banc de pierre. Tous les jours sauf le dimanche. Même les althaeas aux délicates fleurs mauves ne me sortaient pas de ma torpeur, me laissaient indifférente comme si j’eusse été morte. J’étais incapable de fixer mon attention submergée par l’ennui. Pour moi, chaque dimanche durait une éternité. Le temps ne passait pas, refusait de s’écouler par l’orifice du sablier dont le sable débordait, j’étais dans un désert. Forcément, je mis au point des stratégies. J’essayais de traîner au lit le plus longtemps possible, prenais mon petit déjeuner en mode ralenti pour essayer de gagner sur le temps, pour être plus forte que lui, avoir le dernier mot. Les tartines étaient grillées, beurrées, confiturées et je me forçais à les avaler jusqu’au bout... J’allai

ntérieur du cadran deux chats noirs soutenaient la grosse et la petite aiguille de leur dos arc-bouté pour les empêcher d’avancer. Le poil hérissé, les babines retroussées, les oreilles en arrière, ils me faisaient de la queue des signes cabalistiques : ces chats étaient des diables, je ne pouvais plus en douter ! J’avais soif, de plus en plus soif. J’aurais voulu atteindre l’horloge pour faire fuir les chats mais vous connaissez le principe des mirages plus j’avançais plus l’horloge s’éloignait et plus ces chats me paraissaient sortir tout droit de l’enfer. Cependant, ces chats ressemblaient de plus en plus aux miens l’un d’eux avait désormais la couleur du sable quant à l’autre son ventre éclatait de blancheur dans la lumière du désert : C’était Bambou c’était Saha ! Je n’eus pas le temps de m’attendrir sur mon sort que le regard de mes chats se teinta de remords et