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Historique

Chapitre 2 LE DIEU DU STADE

Nombre de mots : 3381    |    Mis à jour : 10/04/2021

ion financière du foyer s’améliorait, ma mère complétant ses revenus d’institutrice en donnant des cours du soir. L’année de mes seize ans, nous avons pu acheter une télévision, l’une d

x jeux olympiques de Sydney. Mais même si le quotidien s’améliorait, nous étions loin de l’opulence. Je poursuivais ma scolarité au lycée Général Leclerc, le plus réputé de Yaoundé, le plus cher aussi. Ma mère ne plaisantait pas avec les études et n’hésitait pas à sacrifier confort et loisirs pour nous off

également le reflet du couple tel qu’il fonctionne encore majoritairement dans les sociétés africaines : le mari travaille et apporte le confort matériel, tandis que l’épouse s’occupe du bon fonctionnement du foyer et de l’éducation des enfants. Au stade du flirt, offrir des cadeaux à sa petite amie s’inscrit dans une logique assez similaire, même si l’intention est un peu différente. Il s’agit plus simplement de faire plaisir à celle qu’on aime tout en donnant des gages du sérieux de la relation. À l’heure de mes premiers émois, ce genre de considérations m’importait peu. J’étais à un âge où l’attirance pour l’autre était la seule donnée qui comptait. Mon premier petit ami s’appelait Yannick. C’était un garçon du lycée. Il avait un an de plus que moi. J’étais dingue de lui. Il venait d’une famille aisée. Son père était directeur de la caisse de prévoyance sociale. Il me traitait comme une princesse, même s’il n’avait pas suffisamment d’argent de poche pour me combler: il me répétait à longueur de

sortir, m’amuser, séduire. Je passais mes soirées en boîte de nuit à danser et boire de l’alcool. J’avais encore du mal à m’imaginer sortir avec un homme p

eaux yeux. Il m’offrait mon déjeuner, me payait le taxi pour rentrer chez moi le soir. Mes nouvelles aspirations créaient des tensions avec ma mère. Je ne v

s. À la rentrée de terminale, il m’a donné la moitié de l’argent que ses parents lui avaient confié pour s’acheter des fournitures. J’ai aussi profité de l’argent d’un oncle éloigné, qui m’a acheté un téléphone portable tout neuf, et m’a donné en plus cinquante ou cent euros. J’ai utilisé cet argent pour étoffer ma garde-robe, m’acheter ma première paire de tennis neuve, et un sac à main rutilant. En arrivant au lycée, parée de mes plus beaux effets, je me suis sentie au-dessus du lot, fière, confiante. Je n’étais plus la gamine des quartiers, mais une femme du monde. Je n’ai pas tardé à être suivie par une petite cour d’admirateurs, à l’intérieur et à l’extérieur du bahut. Conscient lui aussi de mon pouvoir grandissant sur les hommes, mon cousin Dadou avait mis en place une véritable stratégie d’extorsion pour prétendants naï

s et en profiter pour me faire plaisir. L’une de mes camarades de classe, Yolande, n’avait pas ces réticences : elle était déjà passée à l’étape supérieure. Nous nous sommes rapprochées au fil del’année scolaire. C’était sans aucun doute l’une des filles les plus élégantes de l’établissement. Certaines de ses paires de chaussures valaient à elles seules un mois de salaire de ma mère. Je

rands. Yolande l’a senti, et a

es filles ? Vous vous appelez comment ? » Je reste muette, interdite. Yolande prend la situation en main et sympathise tout naturellement avec le conducteur. Elle m’impressionne. Je n’arrive pas à ouvrir la bouche. Mes yeux sont fixés sur le passager, un très beau garçon, grand, au teint clair. Les deux compères expliquent être cousins et nous proposent de nous retrouver dans un bar du quartier le temps de garer leur bolide. J’ai envie de m’enfuir mais Yolande me convainc d’accepter, assurant que nous avons du temps avant de rejoindre son ami plus tard dans la soirée. En en

« Le cocktail vous p

une mou

i ça

gueulasse. Quand je vous ai entendues commander, je me s

e tro

n’arrivons pas à nous retenir longtemps. L’anecdote brise instantaném

quoi ? » Je suis morte de honte.

son

uloir « pipoter » davantage. Frédéric nous propose de venir dîn

e rencontrer l’ami suisse de Yolande. Au bout d’une heure sur place, je rappelle Frédéric qui vient me chercher et suggère de me déposer chez moi. Je n’ai pas envie qu’il voit la maison de ma mère, mais je souhaite encore moins qu’il pense que je le rejette. La vision de mon quartier ne paraît pas lui déplaire. Notre histoire d’amour commence. C’était la relation dont je rêvais. Même si Frédéric travaille en France, il revient souvent au Cameroun. Il m’apporte tout ce dont j’ai besoin. Il m’amène au lycée en voi

ose est parfaite. Pourquoi refuser? Le mois de juin 2008 marque la fin de l’année scolaire. Le bac approche alors à grands pas, mais les études ne m’intéressent plus, au grand dam de ma mèr

Guillaume Soro, le chanteur congolais Fally Ipupa. Mais Léonie voit plus loin, et veut s’offrir la nouvelle star du foot camerounais : Samuel Eto’o. Le jeune prodige est devenu une star du ballon rond, signant quatre ans plus tôt un contrat de 24 millions d’euros avec le FC Barcelone. Sa saison 2008 avec le club catalan

a coupe de l’UEFA, terminant meilleur marqueur de l’histoire du club avec soixante-dix buts inscrits durant la saison. Depuis, et malgré quelques pépins de santé, Eto’o est, avec son camarade du Barça, Ronaldinho, célébré comme l’un des plus grands avants-centres de sa génération. Sa stature internationale rend toute tentative d’approche difficile, même pour Léonie. Pourtant, la jeune femme ne démarre pas de zéro. Elle peut compter sur un réseau solide, à commencer par le petit frère de Samuel, David, qu’elle fréquente depuis quelques mois déjà. Mais la superstar reste insaisissable. Nous sommes à une dizaine de jours de l’événement, prévu pour le 27 juin, et Léonie n’a toujours pas réussi à caler une rencontre formelle avec celui qu’elle entend désigner comme le parrain de la soirée. En attendant le rendez-vous providentiel, l’organisatrice décide de se rendre au stade pour distribuer quelques invitations de dernière minute aux joueurs de l’équipe B des Lions indomptables, présents ce jour-là pour une séance d’entraîneme

les escaliers dans notre direction. Lui et ses coéquipiers ont regardé le match quelques mètres plu

défaillir. Je rassemble toutes mes forces pour contenir l’état de surexcitation qui est le mien. Non, ne fais pas ta groupie, ce serait ridicule. Je reste assise là, faussement indifférente, le regard vide, tenant le sac de Léonie en attendant qu’elle termine sa conversation. Cinq secondes plus tard, je l’entends m’appeler. Je me retourne. Ils sont là, à deux mètres de moi. Léonie veut sûrement récupérer son sac pour en sortir l’invitation destinée à Samuel. Je le lui tends en évitant soigneusement le

s bel

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