img Trévizac  /  Chapitre 2 No.2 | 4.35%
Télécharger l'appli
Historique

Chapitre 2 No.2

Nombre de mots : 1587    |    Mis à jour : 30/12/2021

ues à la cuisine et celles reçues au salon. Grand-Mère ne procédait à cette discrimination que par délicatesse, sachant très bien que certaines personnes à qui elle ouv

es venaient régulièrement, sous prétexte de venir lui offrir un cageot de pommes ou un pot de crème fraîche, se confier à mon aïeule sur les petites misères de leur existence. Nul n’ignorait les épreuves que Grand-Mère avait traversées, et combien celles-ci avaient nourri son empathie naturelle. Et avec ses voisines, elle savait s’y prendre aussi bien qu’avec moi, et trouvait toujour

tout de la même nature que celle qui la liait à son amie d’enfance, Françoise de Viév

d-père, au moment où la veuve se retrouva ruinée et où tout le monde se détournait d’elle. Au début des années 60, Tante Françoise perdit son mari à son tour, celui-ci ayant été emporté en deux mois par un can

tasse de café, et attendait l’appel de Tante Françoise. Elles bavardaient ensemble de petits riens, manifestement heureuses de ce moment d’intimité, qui pouvait durer pendant une heure.

vu la mer pour la première fois, à l’occasion d’un week-end de Pentecôte où elle déboula à l’improviste le samedi matin et nous enjoignit de préparer en vitesse nos bagages afin de partir séance tenante à Royan. Mon éblouissement fut accru par le caractère si inattendu de ce voyage q

pas à la mauvaise saison. À cette occasion, Tante Françoise tenait absolument à faire venir à ses frais un accordeur pour le piano à queue (un magnifique Érard de 1877, qui faisait partie des quelques beaux restes de la maison), au motif que ce superbe instrument avait une bien plus belle sonorité q

ionata, la Pathétique et la sonate au Clair de Lune. Chaque fois qu’elle attaquait l’une de ces sonates, je fermais les yeux et des paysages mirifiques naissaient devant moi, dans lesquels je me perdais avec ravissement. J’ai eu depuis bien des fo

on bridge, et en hiver elle accueillait alors mes « tantes » dans la bibliothèque, moins difficile à réchauffer que le grand salon. Néanmoins, nous allumions au moins une heure à l’avance un grand feu dans la cheminée « pour décrudir l’atmosphère », disait Grand-Mère (j’ai été bie

tisfaction de ses invitées, et qu’elle agrémentait de quelques fraises au printemps. En toute saison, elle trouvait dans le parc des fleurs ou à défaut des branchages qu’elle agençait en bouquets élégants et originaux, et servait son gâteau et son thé dans l

ne m’amusaient guère. En général, Grand-Mère trouvait pour commencer quelques amabilités un peu convenues au sujet du sermon du jour, que pour ma part je n’avais écouté que d’une oreille – et encore. Puis on échangeait des nouvelles de personnes du village, mais la conversation devenait vite cryptée, dès lors qu’on évoquait cette pauvre madame X, qui avait bien du souci ave

t ensuite crier « Jésus t’aime » en levant les bras, puis une dame lut un texte d’évangile. Nous fûmes alors invités à tourner nos chaises pour en discuter avec nos voisins, à l’issue de quoi on tirerait au hasard la personne qui ferait le sermon du jour. Grand-Mère trouva la situation tellement grotesque qu’elle sentit monter en elle un inextinguible fou rire ; elle se hâta de sortir de l’église, et

Télécharger l'appli
icon APP STORE
icon GOOGLE PLAY