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Dans ma famille, l' héritage, ce n' est ni un château ni une fortune, mais un nez. Ce don olfactif, capable de distinguer l' indicible, m' a menée tout droit dans les bras d' Antoine Leclerc, l' héritier charismatique d' un empire parisien que j' ai épousé il y a un an pour le sauver d' une maladie dégénérative. J' ai sacrifié mon sang, mon âme presque, dans mes créations, ces flacons mes enfants, espérant faire renaître l' homme que j' aimais, et le miracle s' est produit : Antoine était guéri. Mais l' homme qui a émergé n' était pas celui dont je me souvenais. La gratitude espérée a laissé place à une froideur distante, puis à une humiliation publique orchestrée par lui et sa demi-sœur Sophie, qui s' attribuait le mérite de sa guérison. Ce soir-là, devant tout Paris, Antoine a transformé mes précieuses essences en un jeu cruel. Il a brisé mes créations, l' une après l' autre, comme on piétine un cœur. Et le summum de la cruauté fut quand il m' a forcée à ingérer ma propre essence détruite, mon « Souffle d' Orient », transformée en un dessert immonde. « Tu as menti. Tu as triché. Maintenant, tu vas manger. Mange ton mensonge. » Chaque bouchée était une profanation, le goût amer de sa trahison. Pourquoi une telle haine, après tout ce que j' avais sacrifié ? C' est alors, dans cette douleur atroce, que quelque chose s' est brisé en moi. J' ai hurlé. « VOUS LE PAIEREZ ! TOUS ! L' AMOUR QUE JE T' AI DONNÉ, ANTOINE, LE SANG QUE J' AI VERSÉ POUR TOI, SE RETOURNERA CONTRE TOI COMME UN POISON ! » Le lien s' est créé. Le sang a appelé le sang. La malédiction était lancée.