Le murmure des conversations et le tintement des verres formaient une symphonie subtile de richesse et de pouvoir. Liana se tenait à quelques mètres de la scène principale, cherchant Adrien du regard. Ce dernier n'était pas visible parmi les invités. Intriguée, elle s'éloigna des regards curieux pour explorer les coins plus discrets de la maison.
Alors qu'elle approchait du bureau privé d'Adrien, des voix basses s'élevèrent derrière la porte entrouverte. L'une était celle de son mari, l'autre... une femme, dont le ton aguicheur fit frissonner Liana.
« Adrien, tu ne crois pas qu'elle va finir par comprendre ? » demanda la femme, visiblement amusée.
« Liana ? » répondit Adrien en ricanant. « Elle est bien trop naïve. De toute façon, que pourrait-elle faire ? Elle est incapable de me donner ce que je veux. Trois ans de mariage et toujours aucun enfant... Je mérite mieux. »
Liana sentit son cœur se briser en mille morceaux. Elle poussa doucement la porte pour confirmer ce qu'elle redoutait. La scène devant elle la pétrifia : Adrien, son mari, assis sur le bord du bureau, tandis que sa secrétaire, Élise, lui caressait la joue en riant.
« Qu'est-ce que c'est que ça ? » lança Liana, sa voix tremblante de colère.
Adrien se retourna brusquement, mais au lieu de la moindre culpabilité, un sourire narquois étira ses lèvres. Élise, quant à elle, ne fit aucun effort pour cacher son insolence.
« Oh, regarde qui est là. Madame Parfaite en personne, » railla Élise, croisant les bras avec défi.
« Adrien, explique-moi immédiatement ce qui se passe ici ! » ordonna Liana, luttant pour contrôler les larmes qui menaçaient de couler.
Adrien se redressa, son expression devenant froide et cruelle. « Ce que tu vois, Liana, c'est la vérité. Tu n'as jamais été capable de répondre à mes attentes. Élise, elle, me donne ce que tu ne peux pas. »
Le souffle de Liana se coupa. « Tu oses... après tout ce que j'ai sacrifié pour toi ? Tu m'accuses alors que tu es celui qui trahit notre mariage ? »
Élise éclata de rire, un son qui résonna comme une gifle. « Sacrifié quoi, Liana ? Tu es juste une femme incapable. Adrien mérite mieux qu'une femme stérile. »
Le mot « stérile » traversa Liana comme une lame. Elle recula, le visage blême, luttant pour reprendre son souffle.
« Comment oses-tu ? » murmura-t-elle, mais sa voix se brisa sous le poids de l'humiliation.
Adrien haussa les épaules avec indifférence. « Pourquoi continuer à prétendre, Liana ? Notre mariage n'a jamais été basé sur l'amour. Je t'ai épousée parce que c'était un arrangement avantageux, rien de plus. Maintenant, sois raisonnable et accepte la réalité. »
Liana sentit sa poitrine se serrer. « La réalité ? » répéta-t-elle en tremblant. « La réalité, Adrien, c'est que tu es un homme sans honneur, un lâche incapable de respecter ses propres vœux. »
Adrien, exaspéré, fit un geste vers la porte. « Quitte ce bureau, Liana. Cette conversation est terminée. »
Mais Liana ne bougea pas. Elle regarda Adrien, puis Élise, et un froid glacial s'installa dans son cœur. « Très bien, Adrien. Tu veux la réalité ? Tu vas l'avoir. Je te quitte. »
Adrien éclata de rire. « Quitter ? Et où irais-tu ? Tu n'as rien sans moi. Tu es une simple pièce d'un puzzle bien plus grand. Alors, sois intelligente et reste à ta place. »
Liana, rassemblant les miettes de dignité qu'il lui restait, tourna les talons et quitta le bureau sans un mot de plus. Mais à l'intérieur, son esprit bouillonnait de rage et de douleur. Elle ne pouvait pas rester. Pas après ça.
De retour dans leur chambre, Liana jeta ses bijoux sur la coiffeuse et se laissa tomber sur le lit, les larmes coulant librement maintenant qu'elle était seule. Elle repensa à tout ce qu'elle avait enduré pour soutenir Adrien, aux nuits où elle avait prié pour un miracle, à son amour pour lui qui, elle le comprenait maintenant, n'avait jamais été réciproque.
Elle resta éveillée jusqu'au petit matin, son esprit tourmenté par une seule question : que faire maintenant ?
Plus tard dans la journée, alors que la lumière du soleil traversait les rideaux, Liana prit une décision. Elle ne laisserait pas Adrien la détruire. Si elle ne pouvait pas obtenir justice dans leur mariage, elle trouverait un moyen de reprendre le contrôle de sa vie.
Son premier pas fut de rédiger une demande de divorce. Tandis qu'elle imprimait le document, ses mains tremblaient, mais son cœur était déterminé. Elle savait que ce ne serait pas facile, mais elle refusait de rester prisonnière d'un homme qui la méprisait.
En soirée, après avoir signé les papiers, Liana décida de sortir, de s'échapper de cette maison remplie de souvenirs douloureux. Elle choisit un club chic en centre-ville, un endroit où elle pourrait se perdre dans la foule et oublier, ne serait-ce que pour une nuit.
Lorsqu'elle entra dans le club, la musique assourdissante et les lumières clignotantes créèrent un contraste frappant avec son état émotionnel. Elle s'assit au bar, commandant un verre de vin rouge.
Un homme séduisant, vêtu d'un costume élégant, s'approcha d'elle. Ses yeux bleus perçants et son sourire confiant attirèrent immédiatement son attention.
« Vous avez l'air de quelqu'un qui a besoin de changer d'air, » dit-il doucement, son ton à la fois charmeur et compréhensif.
Liana releva les yeux, hésitant. Elle était là pour fuir, pas pour discuter. Mais quelque chose dans son regard lui donnait envie de baisser sa garde, juste pour une nuit.
« Peut-être, » répondit-elle finalement, buvant une gorgée de son verre.
Ils parlèrent pendant des heures, et Liana trouva un étrange réconfort dans la compagnie de cet inconnu. Sa douleur était toujours là, mais elle se sentait un peu moins seule.
À mesure que la nuit avançait, l'alcool brouilla son jugement, et elle prit une décision impulsive. Elle lui murmura une proposition à l'oreille, et il accepta avec un sourire énigmatique.
Ils quittèrent le club ensemble, laissant derrière eux le bruit et les lumières, emportant avec eux une promesse silencieuse d'oubli.
La maison silencieuse baignait dans l'obscurité lorsqu'une porte claqua doucement. Liana, une valise à la main, traversa le long couloir en retenant son souffle. Elle avait attendu que tout soit calme pour partir, consciente qu'Adrien, dans son arrogance, ne s'inquiéterait pas de son absence.
Le froid mordait ses joues lorsqu'elle sortit dans la nuit. Sa voiture, garée à quelques mètres, sembla être sa seule bouée de sauvetage dans cet océan de trahison et de douleur. Elle s'installa derrière le volant, les mains tremblantes, avant de démarrer le moteur. Chaque kilomètre qui la séparait de cette maison toxique semblait alléger un peu plus le poids sur ses épaules.
Sa destination était claire : la maison d'Amélie, son amie d'enfance. Amélie était une présence rassurante dans sa vie, toujours prête à écouter sans juger. Lorsque Liana arriva devant la petite maison lumineuse, elle hésita un instant, les mains crispées sur le volant.
Elle frappa doucement, presque timidement, et la porte s'ouvrit presque instantanément. Amélie, les cheveux ébouriffés, un peignoir enroulé autour d'elle, écarquilla les yeux en voyant son amie.
« Liana ? Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle en voyant le visage ravagé de son amie.
Liana ne répondit pas immédiatement. Les mots semblaient coincés dans sa gorge. Elle tendit simplement la valise, un geste qui en disait long.