L'homme en costume est sorti du coin juste devant.
Il était grand et svelte, le corps parfaitement proportionné. Ses traits faciaux ont hérité de bons gènes d'Hilda, avec une mâchoire pointue et un nez droit. Ses sourcils étaient fringants, et ses yeux étaient pétillants.
Il y avait un imperceptible sourire sur ses lèvres fines, qui lui donnait un air mystérieux.
« Elmer... », a lancé Leona.
Elle n'a pas pu s'empêcher de sourire. Cependant, ce même sourire a immédiatement disparu dès qu'elle a vu une femme lui tenir le bras.
Cette dernière portait une robe blanche. Ses longs cheveux châtains éblouissaient sous la lumière. Il y avait de l'élégance dans sa démarche et de la fragilité dans son corps svelte. Elle ressemblait à un ange descendu des cieux, avec une apparence qui obligeait tout le monde à la dévisager.
Elmer ne pouvait être aussi intime qu'avec cette seule femme.
C'était Aurora.
Elle s'est penchée à son oreille avec un sourire, comme pour lui murmurer quelque chose.
Le beau couple était dans sa bulle comme si personne d'autre n'existait. Se tenant main dans la main, ils se sont dirigés vers la porte du restaurant. Ils n'ont pas du tout fait attention à Leona, qui se tenait derrière eux.
Le corps de Leona s'est figé en les regardant s'éloigner d'elle.
Le restaurant était très éclairé et il y avait du monde. Cependant, à ce moment-là, tout semblait irréel.
La seule chose claire et nette était le chagrin et l'amertume que Leona ressentait dans son cœur. Sa poitrine semblait sur le point d'exploser, et quelque chose en elle était brisé ou en train de saigner.
Elle avait l'impression qu'il y avait un millier de couteaux qui tranchaient et qui transperçaient son corps.
Leona a pris une profonde inspiration en serrant sa poitrine.
Même si son corps ne souffrait d'aucune blessure, son cœur était complètement en lambeaux. Cela lui faisait tellement mal qu'elle voulait y mettre fin, mais elle ne savait pas comment.
Les poings serrés, elle fixait les deux silhouettes qui s'en allaient sans ciller.
En fait, Elmer était bel et bien venu. Mais c'était avec quelqu'un d'autre, une compagne qu'il chérissait.
Il était dans son restaurant préféré avec la femme qu'il aimait. Peut-être avait-il tellement hâte de passer du temps avec elle qu'il n'avait pas pris la peine de rappeler à Leona de ne plus attendre.
Elle n'aurait pas dû être surprise par cela. Après tout, leur relation avait toujours été comme cela.
Si Aurora voulait être Mme Hayes, Elmer n'avait même pas besoin que Leona consente au divorce.
Peut-être un jour l'emmènerait-il de force à la mairie pour faire annuler leur mariage.
Dans cette relation, ses pensées n'étaient jamais importantes.
Les yeux de Leona se sont mis à rougir et elle ne pouvait s'empêcher de sangloter.
Elle était un être humain, et par conséquent, elle avait un cœur.
Elle s'était docilement mariée à Elmer comme l'exigeaient ses parents, mais un an plus tard, elle était forcée d'accepter un divorce simplement parce qu'Aurora n'était pas satisfaite de la situation en cours.
Tous les autres étaient heureux, sauf elle. Quelqu'un avait-il seulement pensé à elle ?
Après avoir quitté la froide famille Barnes, elle avait finalement reçu un peu d'affection et de chaleur chez les Hayes. Si elle venait à divorcer, serait-elle à nouveau abandonnée comme une ordure ?
Ne méritait-elle pas d'avoir sa propre famille ainsi que son propos amour éternel ?
Son corps a tremblé au point où elle a titubé, ce qui l'a obligée à s'appuyer contre le mur. Ce mur était froid contre sa peau, mais pas aussi froid que son cœur.
Tranquillement, des larmes ont commencé à perler dans ses yeux.
« Mademoiselle, ne pleure pas », a-t-elle entendu un enfant dire.
Leona s'est tournée vers la direction de la voix et, devant elle, se trouvait une petite fille d'environ quatre ans. Ses cheveux étaient attachés en chignon et ses joues étaient assez rebondies. Avec ses yeux de biche, elle l'a contemplée, comme si elle regardait dans l'âme de Leona.
La fillette a sorti un mouchoir de sa poche pour le lui tendre. « Tiens, mademoiselle. Essuie tes larmes », a-t-elle gentiment dit.
En entendant cela, son cœur s'est adouci. Elle l'a remerciée en se servant de celui-ci pour sécher ses larmes.
Avec un large sourire, la petite fille est retournée d'où elle venait en sautillant. Leona ne l'a pas quittée des yeux pendant un long moment.
Puis, elle a commencé à réfléchir profondément.
Ce n'était pas qu'elle ne pouvait pas obtenir l'amour qui n'appartenait qu'à elle.
Après tout, l'amour ne pouvait pas être forcé. Cependant, l'affection familiale était différente.
Elle a lentement touché son bas-ventre. La lueur éblouissante s'est rallumée dans ses yeux.
Pour l'instant, tout ce qu'elle devait faire était de tomber enceinte afin d'avoir un enfant avant de divorcer.