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Historique

Chapitre 5 No.5

Nombre de mots : 1467    |    Mis à jour : 15/12/2021

es mois auparavant à son ancien complice des premières années de fac, Jean-Louis Ferrot, lui-même avocat, qui l’avait incité, un jour qu’ils prenaient un verre pendant les fêtes de fin d’année, à passer par le barreau pour acquérir de l’expérience. À tort ou à raison, Bouvard méprisait les avocats ; dans leur office, il ne voyait qu’argent, petits arrangements et commerce – il n’était pas loin de la vérité. Cela gênait en lui l’amoureux du Droit autant que le catholique contrarié sur les questions pécuniaires. Guidé, peut

de revendiquer publiquement le fait d’entreprendre de devenir avocat. Cette décision, il ne pouvait l’afficher que comme mûrement réfléchie et déterminée. Il affecta donc d’avoir la maîtrise de son destin, dans une période où il se savait fragile, sans revenu autre que le chômage – réalité pesante, impossible à assumer : qui était prêt à l’imaginer, lui le virtuose de l’enseignement à la puissante logorrhée verbale, obligé de se rendre aux entretiens absurdes et à demi silencieux que l’on subit dans un Pôle emploi ? – et menacé comme jamais d’être le jouet de circonstances malheureuses. Avocat devint donc, pour une soirée, sa vocati

Cela l’avait marqué. Il ne savait pas encore que ce moment avait davantage encore laissé son empreinte chez Alain ; quoi qu’il aurait pu le deviner. Jeune homme réservé mais entouré d’amis, il symbolisait sûrement aux yeux de ses camarades l’archétype de l’étudiant brillant, bosseur mais avec d’évidentes facilités, promis à l’avenir lumineux qu’il saurait se donner. Prenant Bouvard à part, il lui indiqua sa joie de le voir dans un tel cadre : « J’ai du mal à réaliser que vous êtes là. Il y a quelques semaines vous étiez mon chargé de TD, je ne sais pas si vous vous rendez compte. Quand Thomas m’a dit que vous alliez venir, je n’y ai pas cru, et vous êtes là devant moi ». Il qualifiait cette situation de « bizarre », sans cacher une excitation, palpable à travers le rythme saccadé de son débit de parole. Il en profita pour se confier à Bouvard, comme à une personne dont on est en droit d’attendre, sinon un conseil avisé, du moins une écoute bienveillante. Il était plein d’ambition et de questionnements quant à son avenir professionnel. Allait-il devenir avocat comme sa mère, bien que celle-ci lui eû

permis de percer le dessein de cette jolie nymphette. Bouvard était un cas en matière de sexualité, c’était entendu. La plupart du temps, il ne cherchait jamais à devancer le désir de l’autre : il préférait cueillir les fruits mûrs en les croquant à pleines dents. Pourtant, quand Louise avait commencé à lui envoyer des messages, d’abord sans apprêt durant l’été où il achevait son travail de thèse, il avait déjà en tête de la posséder. À cela une raison très simple qu’il n’osait s’avouer totalement : un autre que lui, qu’il admirait, avait relevé sa beauté devant lui. Le jour du partiel de fin d’année, alors qu’il était assis au grand bureau qui dominait l’amphithéâtre si laid d

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