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Historique

Chapitre 4 No.4

Nombre de mots : 1291    |    Mis à jour : 15/12/2021

our décider de faire son droit. C’est sans exceller particulièrement mais avec un intérêt croissant pour la chose qu’il avait appris à maîtriser l’essentiel des notions juridiques, à faire sien le

nterre, celle-là même où il était finalement entré en thèse et avait commencé à enseigner ; celle qui devait rester « sa » fac. Les revenus générés par l’allocation de recherche lui avaient permis de quitter le cocon familial de la banlieue, désormais limité à son père depuis le divorce de ses parents, lui qui s’apprêtait à repartir vivre à Laon une fois en retraite. C’est à cette époque qu’il s’était installé rue de Verneuil, à deux pas de

travailler sur sa thèse, des revenus réguliers que jamais il n’avait eu l’ambition de voir croître. Bouvard détestait l’argent. Seules comptaient pour lui la liberté et la tranquillité, sans qu’il ait développé une claire appréhension des contingences réelles qu’imposait une vie dite « normale ». Quand la réalité de sa situation lui était apparue en fin de thèse, quand il avait compris que le seul doctorat qu’il pourrait se voir octroyer serait purement platonique, il avait commencé à déprimer et à s’enfoncer dans ses noires pensées. L’introspect

singulière atrophie intérieure, qui ne cesserait de le tourmenter et de brouiller ses relations aux autres, s’ajoutait désormais la perte de toute confiance en son destin, le seul moteur qui, jusque-là, n’avait jamais failli. Il avait tendance à ne plus distinguer d’autres rôles pour lui en société que celui d’un éternel raté, même s’il arrivait encore, subrepticement, que le regard des autres lui renvoie un mauvais brouillon de réussite au visage. Il s’imaginait rejeté, marginalisé, incapable de travailler – ah ce sentiment de lourdeur physique, de pesanteur infinie, cette raideur dans la nuque quand il s’agissait simplement de s’asseoir et de se concentrer pour écrire ce que, pourtant,

ues machines diaboliques ; ces autres qui grandissaient, construisaient, progressaient. Un jour qu’il surveillait un partiel à l’Université, en fin de thèse, coincé pour trois heures de temps dans un bâtiment d’une grande laideur, enfermé dans une grande salle où la lumière naturelle ne pénétrait jamais, si ce n’est, à l’occasion, lointainement lorsque s’ouvraient les entrées placées aux quatre extrémités, obligé de supporter ses pensées tout en feignant d’être attentif aux centaines d’étudiants présents qu’on le chargeait de surveiller, ce qu’il était bien incapable de faire, il avait ressenti amèrement cette réalité lorsque, promenant son regard sur tous ces visages, il en reconnut progressivement trois. Il

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