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L'Histoire d'une vie

L'Histoire d'une vie

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Résumé

Table des matières

Laya une jeune fille a connue des moments difficiles dans sa vie là où elle s’y attendait le moins mais grâce à son courage et à sa détermination elle reussi à s’en sortir , elle a reçu plusieurs coups violent de la vie mais aujourd’hui avec du recule elle croit fermement que c’était le destin , elle croit que si elle n’avait pas vécue toutes ces situations, elle n’en serait pas là aujourd’hui. Découvrez l’histoire de laya ….. ( amour , tristesse, coups bas ..)

Chapitre 1 Chapitre 1 : ma famille

En Afrique naître femme est une chance et une bénédiction pour la famille car la femme est source de bonheur et d’abondance. La femme dans ma tradition n’appartient pas à sa famille mais à celle de son mari lorsqu’elle atteint l’âge de se mettre en union de couple et qu’elle rencontre son prince bien aimé . La joie est d’autant plus grande pour la famille lorsque la jeune fille voit le jour un jeudi ou un dimanche ou lorsque cette famille accueille en son sein des jumelles, car cela indique une abondance financière certaine pour la famille.

Mon pays est situé en Afrique de l’ouest et fait partir des plus pauvres de la sous région . Mon pays compte plus de quatre-vingt ethnies , réparties sur l’ensemble du territoire national divisé en cinq régions qui sont la région du nord , la région du sud , la région de l’est , la région de l’ouest et enfin la région du centre . Pays laïque , on y trouve les musulmans , les chrétiens , les bouddhistes , les féticheurs ( pratique locale d’adoration et de cultes à des dieux ) , etc. …

Ma famille et moi venons du nord du pays , un grand groupe dont les pratiques religieuses sont partagées entre l’islam et le fétichisme. La famille de mon père et mon père y compris ont pour pratique le fétichisme qui ne croient qu’en l’adoration et aux cultes adressés aux eaux . Ma mère quant à elle , musulmane de par sa famille se convertit plus tard au christianisme qui devînt la religion de sa conviction . Moi , plus proche de ma mère que de mon père , j’adopte la religion de ma mère , le christianisme . Le christianisme quoique critiqué , j’y trouve satisfaction , soulagement et paix . Au plan éducatif , la scolarisation de la jeune fille reste à un très bas niveau comparé aux pays voisins qui encouragent de plus en plus la scolarisation de la jeune fille et l’insertion professionnelle de ces dernières . La scolarisation de la jeune fille ne dépasse guère les 5% . Cependant , mon pays reste l’un des plus beaux de la sous-région avec de nombreux cours d’eau dont un grand accès maritime et un relief plat qui fait de mon pays un pays aux énormes potentiels de croissance et un pays attractif à la fois pour du tourisme et pour l’investissement .

Vous l’avez certainement compris même si ce n’est qu’en partie.

Oui , je viens d’un pays qui bien qu’offrant d’énormes possibilités , ces possibilités sont toutes destinées aux hommes et pas aux femmes . L’émancipation demeure un sujet tabous dans mon pays et le travail de la femme n’est accepté qu’à la maison . Les hommes perçoivent l’émancipation comme une menace à leur notoriété et font tout pour que ce sujet ne soit jamais mentionné dans les instances supérieures de l’État. Certaines familles aimeraient bien que leurs filles deviennent de grandes cadres au sommet de l’État et voudraient bien que leurs filles ne dépendent point d’un homme . Cependant , le système dans mon pays est fait de sorte que cela soit rendu quasi impossible , assignant uniquement les tâches ménagères et l’éducation des enfants à la femme pendant que les hommes restent et demeurent les seuls décideurs de la nation . Les quelques femmes intellectuelles exerçant des emplois respectables de fonctionnaires sont celles issues de familles nobles ayant suffisamment de moyens pour offrir à leurs filles des scolarisations en dehors du pays . Les familles ayant beaucoup de filles en leur sein et ayant pas du tout ou peu de moyen ne reçoivent de leurs filles que grâce à leurs hommes , d’où l’importance pour toute jeune fille de se trouver un homme dès son jeune âge . En effet , dans mon pays lorsqu’un homme désire épouser une fille à l’obligation de s’adresser avant toutes choses à la famille de la fille qui lui donne en présence de la sienne , une liste de volonté à satisfaire avant l’obtention de leur accord pour le mariage de leur fille . C’est l’occasion pour beaucoup de famille de sortir de leur léthargie en adressant au prétendant de leur fille une liste importante de choses à leur offrir allant d’un simple produit symbolique à la demande de plusieurs objets matériels ou d’une somme importante d’argent ou d’or ou même à un ensemble de demande qui pourrait inclure maison , plusieurs pagnes , une voitures , le financement d’un projet , la scolarisation des frères de la fille etc . .... En plus , la présence dorénavant d’un beau fils , permet à la famille de recourir à ce dernier en cas de difficulté . C’est dire que honorer la demande de la belle famille lors de la demande en mariage n’exclut en rien une demande ultérieure même après l’union des deux . Tout un ensemble d’avantage pour les familles ayant plusieurs filles en leur sein . La mienne n’a que moi et jusque là je ne suis pas chanceuse en amour .

Je me rappelle qu’une fois mon père me parlait de ce sujet , il insistait sur le fait que je devais absolument me marier .

Papa : ma fille ?

Moi : oui papa

Papa : tu sais , tu te fais vielle .

Moi : papa j’ai quel âge ? c’est maintenant que je suis dans la vingtaine .

Papa : mais tu as l’âge de te marier ma fille et à cet âge tu n’as pas encore trouvé d’homme pour t’épouser ? tu sais que tu es la seule fille de cette famille . nous comptons sur toi pour nous honorer .

Moi : ok papa , tout se fera par la grâce de Dieu ….

Il ne dit rien de plus et s’en alla …

Pour commencer , Je suis Laya , pour les familiers c’est Li . Mon père et ma mère m’appelle Sabou , le prénom de ma grand-mère maternelle , une grand-mère reconnu pour son courage et son sens du partage . Je suis la fille unique d’une famille de cinq enfants et je suis la troisième, j’ai donc deux petits frères..

L’histoire de ma vie a commencé lorsque j’avais 21 ans , j’étais une fille complètement banale , je me sentais insignifiante et sans importance même si dehors certaines personnes me trouvaient belle . Je peux me décrire comme une fille au teint claire avec de long cheveux crépus , j’ai une taille normale , c’est-à-dire 1m65 . c’est vrai que j’étais insignifiante mais j’avais une petite particularité que j’aimais chez moi , j’ai des yeux de différentes couleurs : un œil bleu et l’autre vert comme les deux facettes de ma personnalité , l’une simple et sage et l’autre brillante et pleine de caractère . Je tenais cela de mon père qui lui-même a hérité de son père , qui vécu plus d’une centaine d’année car dans ma tradition cela traduit la longévité .

Selon la tradition, ma famille fait partir de celles ayant peu de chance de réussite parce que je suis la seule fille dans une famille nombreuse de six enfants , ce qui fait de moi , comme on le dit dans notre jargon , le café cacao de ma famille , ce qui signifie l’espoir de ma famille . Ma mère conformément aux pratiquent de la tradition me montrait les différentes techniques de séduction et de manipulation afin de me donner le maximum de chance de rencontrer à mon tour un prince charmant et sauveur de la famille .

Tout ceci ne m’intéressait guère car étant très petite , je me suis passionnée très rapidement pour l’entreprenariat et tout mon souhait était d’être une grande entrepreneuse .

Les filles de ma cités se faisaient très coquines et s’attachaient à l’entretien et à la valorisation de leur corps à la recherche d’un époux contrairement à moi qui était plutôt pragmatique , du genre à ne compter que sur moi . En ce moment mes idées n’étaient pas tournées vers des hommes , mes objectifs étaient plus fixés sur le travail et cela fait que je repoussais les hommes sans le faire sciemment . Mon rêve était d’entreprendre , créer mon entreprise un jour et peu importe le domaine dans lequel j’entreprendrai car je n’avais jamais vraiment pensé à un domaine en particulier , je voulais être une femme riche et accomplie et non pas devenir la femme d’un vieux type qui allait me dominer .

Les autres filles de ma cité me traitaient de fille stupide , je ne répondais jamais mais une fois j’en avais marre et j’ai craqué , je voulais absolument leur dire ma vérité .

Moi : c’est vous qui êtes stupides , vous êtes là a vous pavaner dans la cité à la recherche d’un homme . vous ne trouvez pas que vous êtes des prostituées ?

Une des filles du groupe qui s’appelait Grâce répondit :

Grâce : c’est avec tes grosses robes que tu comptes avoir un mari ? Pauvre fille . Nous , nous mettons notre corps en valeur afin que nos familles soient honorées par des hommes riches et influents . Si tu veux , penses que nous sommes des prostitués , c’est ton problème .

Moi : vous préférez être des objets pour ces hommes ? c’est vraiment bête . Une femme doit être indépendante avant de ce lancer dans un voyer . Si vous voulez vous comporter en prostitué alors faites le mais respectez mon choix de ne pas vous suivre . Je préfère être entrepreneuse avant de me lancer dans un quelconque mariage .

Grâce : tu mourras vieille sans t’en rendre compte … ( éclat de rire…) . Tu seras notre invité d’honneur à nos mariage .

Moi : j’ai ignoré ces propos et j’ai continué mon chemin . J’avais juste honte et pitié pour elles .

Ma famille a toujours été très soudée . Notre père nous a toujours enseigné l’entente et la solidarité . Il nous donnait à chaque fois l’exemple jusqu’à ce que , homme intègre et comptable de renom , travailleur et respecté dans sa profession devînt alcoolique puis mélancolique et très vite détesté par les gens de son entourage mis à part nous qui l’acceptions encore dans cet état . Cependant , fort de ce vice , il perdit son emploi un an plus tard . Je me souviens de cette année là parce qu’elle a été la plus difficile pour ma famille . Mon père avant de sombrer dans l’alcool était un bon père et un exemple pour moi . Il s’occupait de mes frères et de moi et jouait pleinement son rôle de père . Il projetait inscrire mes petits frères et moi dans une école française pour la prochaine rentrée scolaire quand est survenu son addiction à l’alcool . Je me souviens encore de cet échange , de ses mots lorsqu’il me parlait , ce jour , de ses ambitions pour mes petits frères.

Mon père : tu sais ma fille , je prévois inscrire tes frères dans une grande collège française afin qu’ils puissent avoir une bonne suivie .

Moi : c’est une bonne idée papa , les écoles françaises offrent une meilleure éducation par rapport à nos écoles . je crois que c’est une bonne initiative .

Papa : en effet , c’est pour cela que je veux les inscrire là bas , je veux qu’ils soient de grandes personnalités , qu’ils rapportent de l’argent à la famille .

Moi : oui pas du tout mal mais et moi dans tout ça papa ? je ne continue plus mes études ?

Papa : ah sabou je t’ai dis que tu te marieras à un homme riche , tu es ma fille chérie , mon diamant , c’est un patron qui te mariera , alors que feras – tu avec ces longues études ?

Moi : mais ….

Papa : pas de mais qui tienne , tout ce que je te demande c’est d’être respectueuse , brave et soumise . laisse cette histoire d’étude , tu as déjà le bac et c’est largement suffisant .tu as un avenir brillant devant toi : celui d’épouser un grand homme riche alors respecte cela .

Cette discussion m’avait vraiment fait mal au cœur mais que pourrais je faire ? c’est l’Afrique , pour eux la femme ne sert qu’au mariage c’est tout , elle n’a pas droit aux longues études . c’est vraiment triste . J’étais beaucoup proche de mon père et il ne manquait aucune occasion de me donner des conseils sur comment me tenir dans cette vie , c’est sa réflexion sur le mariage qui me dérange un peu mais Boff , je ne prends pas ce qu’il dit au sérieux car j’ai un autre plan pour ma vie .

Son addiction à l’alcool a mis fin à la bonne entente et à la stabilité d’une famille ainsi qu’à tous leurs projets . Cette année-là , commença l’enfer pour ma mère et mes cinq frères parce qu’une violence d’une certaine rareté naquit soudainement chez mon père qui commençait à battre ma mère , mes deux petits frères et moi , sans raison. Mes deux aînés à l’aventure à la recherche d’une meilleure situation pour eux et pour notre famille étaient dans l’incapacité de nous venir en aide parce que non seulement loin de nous mais aussi et surtout ils vivaient eux aussi dans des conditions difficiles . Mon père mélancolique ne s’occupait plus de mes frères et moi . Délaissé que nous étions , ma mère était obligée d’enchaîner les petits commerces afin de survenir à nos besoins.

Ma mère et moi eurent cette discussion un matin de bonne heure .

Maman : sabou , cette famille est entrain de sombrer de jour en jour , tes frères pensaient pouvoir nous venir en aide en allant à l’aventure mais c’est de plus en plus difficile pour eux , tu vois aussi l’état de ton père qui s’aggrave de mal en pire , tes frères et moi aviez que moi et tu vois mes efforts . je te prie de rester intègre ma fille .

Moi : je vois tes efforts maman et crois moi je ferais tout ce qu’il y a en mon pouvoir pour t’aider et ne t’inquiète pas je serais toujours intègre comme toi et papa me l’avait toujours enseigner . Ne t’inquiète pas , DIEU ne nous oubliera pas , j’ai foi en lui , papa aussi retrouvera ses esprits et la famille redeviendra comme elle était avant , je crois fermement en ce miracle .

Maman : amen ma fille , amen , nos regards sont désormais tournés vers le DIEU créateur , c’est lui qui aura le dernier mot et sa volonté se fera . mais je penses que nous ne pouvions plus rester en ville , les charges seront trop énormes pour nous .

Moi : ou veux-tu qu’on parte ?

Maman : au village chez grand-mère et grand père .

Moi : si cela est la bonne solution , je suis d’accord mais et papa ?

Maman : tu sais très bien que ton père nous bat à longueur de journée et j’aimerais vous éviter un drame .

Moi : je te comprends maman , je te suivrais dans toutes tes décisions si tu les trouves bien pour nous .

Maman : merci de me comprendre ma fille .

Je n’ai jamais eu aussi mal après cette discussion , voir ma mère se battre afin de s’occuper de nous .

Dans la nuit d’un dimanche dix août sous une pluie battante pendant que mon père était surement dans un bistro à se saouler comme à son habitude , ma mère , mes frères et moi , dans un souci de fuir les charges de la ville et l’agressivité ainsi que la violence de notre père , ramassâmes toutes nos affaires et partirent pour le village retrouver les parents de maman qui au moins nous étions sûre qu’ils s’occuperaient convenablement de nous . Maman commença un business dans la restauration là-bas au village et moi je l’aidais en faisant la vaisselle et les commissions à la boutique ou au marché . Nos seuls clients étaient des travailleurs venues de la ville dans le cadre d’un projet de construction d’une école dans le village , la seule d’ailleurs dans les environs. Ces travailleurs étaient essentiellement des maçons , des menuisiers , des ferrailleurs , des manœuvres , un entrepreneurs et deux chefs chantiers , une vingtaine de personnes qui étaient nos clients quotidiens. Ce revenu quoique insignifiant aidait ma mère à garder la tête haute . Après un mois d’économie , nous prîmes une petite maison non loin du marché dans le quartier le plus animé du village ou maman pouvait exercer son commerce jusqu’au couché du soleil et avoir relativement beaucoup de clients . Les habitants de ce quartier rentraient très tardivement les nuits et mangeaient à n’importe quelle heure , ce qui arrangeait parfaitement ma mère qui pouvait maintenant laisser son restaurant ouvert jusqu’à très tard la nuit afin de récupérer les derniers clients de la journée . Ma mère travaillait énormément dans la journée et ne se reposait presque pas . Son restaurant ouvrait à partir de quatre heure du matin et offrait à cette heure des beignets et de la bouillie de mil , de sorgho et de maïs aux voyageurs qui quittaient très tôt le village pour ne pas rater les camions qui passent pour la ville . Parmi ses clients du matin de bonne heure , il y’avait aussi ceux qui allaient très tôt pour le champ et certains voyageurs de passage dans le village .

Les matins , j’étais toujours heureuse d’aider maman et aussi d’écouter ses conversations drôles avec ses clients . les hommes l’appelaient notre femme parce qu’ils n’avaient pas de femmes pour leur faire à manger .

Un jour le meilleur client de ma maman est arrivé un peu en retard , c’est-à-dire au levée du soleil et la bouillie était finis , il était très en colère mais moi je trouvais ça drôle .

Le client : ma femme tu m’as fais ça aujourd’hui ? tu sais très bien que j’achète toujours ta bouillie et comme je ne suis pas vite sorti tu as tout vendu ?

Maman : pardon mon mari , je pensais que tu n’étais pas au village , j’ai même trouvé ça bizarre . ne te fâche pas , demain tu auras un cadeau et ta bouillie sera dorénavant réservée .

Le client : je sais que tu vas m’offrir un cadeau mais actuellement j’ai faim , je fais comment ma femme ? tu es la seule qui cuisine bien ici , comment je vais avoir la force d’aller au champ ? je suis fâché ma femme .

Je ne faisais que rire , ce monsieur était fâché parce qu’il ne s’était pas vite levé . sans vouloir nous jeter des fleurs il faut reconnaitre que ma mère fait une excellente bouillie et quand d’autres n’en gagnent pas , ils se mettent dans tout leurs états .

Ma mère ne savait pas comment gérer son meilleur client , j’ai alors décidé de lui donner la mienne afin qu’il se calme .

Le client : en tout cas merci ma fille , à cause de toi ma journée va bien démarrer . j’aurai la force de bien faire mes buttes d’ignames . Tu sais , la bouillie de ta mère est magique , c’est ma boisson énergétique , demain je serai là à 3 heures pour vous attendre , comptez sur moi . Ma femme si je n’arrive pas vite , garde ma bouillie hein sinon , on va faire palabre .

Maman : j’ai compris mon mari , je vais garder . ( éclat de rire )

Ces valeurs de femme battante et fière dont à toujours fait montre ma mère sont celles qui me définissaient . Mes deux petits frères quant à eux , allaient au champ avec mes oncles et mes cousins le jour et suivaient des cours chaque soir dispensés par un enseignant à la retraite installé au village . Mes frères et mes cousins quittaient très tôt le village emportant avec eux des beignets et de la bouillie de maman parce que le champ était à plusieurs kilomètre du village . Mes frères , eux qui n’étaient pas habitués à la vie de dur labeur , se trouvaient maintenant contraints à vivre cette expérience difficile . Nous avions , pour ne pas sombrer dans cette réalité démoralisante , l’habitude de nous raconter chaque nuit , avant de sombrer dans le repos du sommeil , nos rêves et nos objectifs qui nous tiennes à cœur et pour lesquelles nous étions prêt à ne rien lâcher .

Une nuit , avant de nous endormir , notre benjamin que nous appelons affectueusement grand père parce qu’il porte le nom de notre grand père paternel ( Rayelle ) , me fixa longuement et dit :

Rayelle : Li , est ce que je pourrai devenir médecin quand je serai grand ?

Moi : tu veux devenir médecin ?

Rayelle : Oui Li , c’est mon rêve . je n’en parle pas souvent parce que je veux juste me rendre à l’évidence depuis que papa n’est plus le même .

Moi : si c’est vraiment ce que tu veux pour ta vie , rien ni personne ne doit t’empêcher de l’atteindre

S’essouffla avec un air désespéré puis ajouta ensuite :

Rayelle : c’est moi-même le problème à présent .

Moi : comment ça toi le problème ?

Rayelle : je ne crois plus en moi-même , je suis désespéré .

Moi : ne dit pas ça Rayelle , si tu tombes dans le désespoir tout sera terminé pour toi dans cette vie . Fais moi donc une promesse .

Rayelle : promets - moi de rester concentré sur cet objectif et de ne jamais sombrer ni dans le désespoir , ni dans l’alcoolisme , et moi je te ferai la promesse d’être toujours là pour toi et tout faire pour te soutenir jusqu’à la réalisation de ton rêve .

Cette habitude nous fortifiait de jour en jour de sorte à nous permettre de supporter la journée du lendemain et surtout à ne guère perdre de vue nos objectifs . Je veillais moi-même personnellement à ce que mes frères n’abandonnent pas leurs cours et qu’ils continuent de croire en eux . Le village bien que petit était électrifié et bénéficiait d’eau potable , ce qui permettait à ma mère de commercialiser des jus naturelles qu’achetaient ses clients pour accompagner la nourriture .

Mon père nous retrouva des mois après au village mais n’arrêta guère ses habitudes de violences et d’agressivité en vers nous . Ma mère parcourut tout le village et même les villages alentour à la recherche de guérisseur pour sortir mon père de cette addiction mais en vain , les canaris et les sacrifices se succédèrent sans résultat , jusqu’à ce qu’un vieillard , guérisseur très éloquent et très respecté d’un village alentour , fût la révélation de ce que l’addiction de mon père à l’alcool était le résultat d’un sortilège qui lui a été lancé par l’un de ses collègues jaloux de son succès professionnel et qu’il n’y’avait aucune solution mis à part la mort . Il continua de nous pourrir la vie et nous fûmes finalement obligés de l’accepter avec ce vice comme un châtiment du Tout Puissant .

Mes deux aînés quant à eux , sombrèrent l’un après l’autre dans l’alcoolisme et firent ainsi le choix de l’échec pour leur vie. Ma mère fût dévastée lorsqu’elle apprit leur addiction à l’alcool et pour la toute première fois , elle se résigna face aux coups que lui portait la vie. Je me souviens encore de son regard , les yeux pleins de larmes , le jour elle me disait :

Maman : Li , tes petits frères n’ont plus que toi dans cette vie . Moi je fais mon effort mais je ne sais plus si je serai là pour longtemps .

Moi : pourquoi dis-tu cela maman ? tu me fais peur .

Maman : je ne veux pas te faire peur ma fille mais souvent je sens que je perds mes forces .

Moi : maman , tu es ma force et lorsque je pense à ton courage , j’ai le courage de poursuivre mes rêves mais si toi tu venais à abandonner que deviendrais je ?

Maman : Li , tu es aussi ma force , tu es ma seule fille et tu comptes beaucoup pour moi . Sache que mon cœur sera toujours dans la joie tant que tu avanceras dans la vie . N’abandonne jamais mon bébé .

Mes larmes coulaient lorsque j’ai répondu :

Moi : je te le promets maman .

Cette discussion me travailla l’esprit jusqu’au plus profond de mon être . Quatre jours durant , je n’ai pu trouver le sommeil , de jour comme de nuit je pensais à cette phrase que m’a dite ma mère et à comment sortir ma famille d’une telle misère . Je n’ai jamais eu de chance en amour c’est vrai , mais j’ai toujours été déterminée et intelligente . Qu’est-ce qui est plus important pour ma vie ? Est-ce épouser un homme riche ? Ou être une femme accomplie , fière et indépendante ? Madame Safiatou a , dans tous les cas , réussi ce parie . Issue d’une famille pauvre comme la mienne elle fît face à l’adversité avec d’énorme succès et devînt l’un des plus grands importateurs du pays . Sa vie m’inspira énormément et c’est ainsi que naquit en moi le désir d’aller à la capitale . Avec pas de moyen comment ferais-je pour y vivre ? Qui pourrais-je m’y accueillir ? Audile , mon amie d’enfance , la seule d’ailleurs que j’ai toujours eu serait toujours là pour moi et je sais que je pourrais toujours compter sur elle mais ma mère ne l’apprécie pas ; en fait , elle n’apprécie pas la vie que mène maintenant Audile et à peur que je devienne comme elle . Audile est ma meilleure amie , elle a connu une vie tout aussi difficile que la mienne car elle a perdu très tôt ses parents dans un accident de circulation alors même qu’elle n’avait que cinq ans . Elle a été adopté par sa tante qui ne s’occupait pas vraiment d’elle , l’obligeant à devenir prématurément indépendante . Audile et moi avons beaucoup de point en commun , je crois que c’est d’ailleurs cela qui nous vaut une amitié de plus de dix-huit ans . Elle est très ambitieuse avec beaucoup de rêves comme moi , très courageuse , déterminée , très intelligente , belle et séduisante . Quoiqu’on dise , Audile gagne bien sa vie aujourd’hui , elle vit dans un appartement spacieux , dans un quartier huppé de la capitale , au troisième étage d’un immeuble de luxe avec ascenseur et de grands jardins à chaque niveau . Les habitants de cet immeuble sont majoritairement des blancs m’a-t-elle dit un jour .

Humm !!! Cette fille qui trouvait à peine de quoi manger, circule maintenant dans une très belle voiture et voyage partout dans le monde . À part Audile , je ne connais personne d’autre capable de me prendre chez elle dans une ville où tout est cher . Après tout , il y’a de nombreuses filles dans la capitale qui exercent des emplois respectables et qui vivent à la sueur de leur front . En plus , Audile a toujours voulu que je reste avec elle . Dans le secret , sans rien dire à ma mère quant à l’endroit où je vivrais , je décidai d’aller à la capitale avec pour intention me trouver un travail noble et mieux rémunéré que tout ce que je pourrais obtenir au village . C’est ainsi que je mûris l’idée de poser ma valise ou plutôt mon sachet dans la capitale et poursuivre mes rêves et mes objectifs . je l’ai dit , j’ai toujours voulu entreprendre , avoir ma propre marque de vêtement par exemple ou devenir une grande commerçante comme Safiatou . Je trouvai ainsi le moyen de rentrer en contact avec Audile en lui adressant une lettre qui disait :

<< chère Audile , comment tu vas ? j’espère que tu te portes très bien . Chez moi ça va par la grâce de Dieu . Je t’écris cette lettre pour juste t’informer de mon envie de te rejoindre en ville afin de me trouver un emploi bien rémunéré et subvenir aux besoins de ma famille ainsi que de moi et surtout réaliser mes rêves . Tu sais combien de fois le village est difficile , je n’ai pas besoin de te l’expliquer ……… >>

Audile très heureuse réponda favorablement à ma lettre en m’envoyant le transport par l’intermédiaire d’une de ses connaissances transporteurs qui passe chaque semaine par mon village pour aller à la frontière livrer des vivres dans une minerais exploitée par l’État . C’est d’ailleurs ce même transporteur qui m’apportait les cadeaux que m’envoyait quelques fois mon amie depuis la capitale . Il allait également et revenait avec les lettres que nous nous échangions quelques fois . Ce transporteur du nom de monsieur Coulibaly était finalement une connaissance pour toutes les deux .

Ce monsieur très courtois accepterait sans argent de m’amener en ville je le sais , mais je n’aime pas me rendre redevable comme me l’a appris ma mère . Après avoir informé ma mère et mes frères de mon projet d’aller à la capitale , ma mère bien que réticente me fît des prières et des bénédictions , elle me conseilla toute la nuit sur la conduite à tenir une fois en ville et dans cette vie . Mes frères quant à eux , furent tristes à la nouvelle mais conscient de la situation n’avaient pas d’autre choix que de me soutenir et me donner aussi leur bénédiction . Mon arrivée dans la capitale fût ainsi motivée puis programmé .

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