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La chenille qui se transforma en papillon alors que sa vie battait de l'aile

La chenille qui se transforma en papillon alors que sa vie battait de l'aile

5.0
60 Chapitres
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Résumé

Table des matières

Alors qu'il a passé depuis peu le cap de la trentaine, JP n'arrête pas de se faire des films pourtant celui de sa vie est bien décevant. Ce film ne correspond pas du tout à la bande-annonce qu’il avait en tête quand il était âgé de vingt ans. Ce n’est pas un film d’action trépidant dont il serait le superhéros. C’est encore moins une belle comédie romantique dans laquelle il filerait le parfait amour avec Mandy. Non, le film de sa vie ressemble plus à un film de série Z. Avec zéro événement marquant. Zéro évolution notable. Zéro perspective alléchante. Et puis, un jour, JP va tomber sur un mystérieux carnet. Il ne le sait pas encore, mais cette découverte fortuite pourrait ouvrir un nouveau chapitre de sa vie. La chenille qui se traînait assez lamentablement va-t-elle se transformer en papillon ? Et celui-ci va-t-il enfin pouvoir prendre son envol alors que sa vie battait de l’aile jusqu’à présent ? À PROPOS DE L'AUTEUR Dans le but de lutter contre la morosité ambiante causée par la Covid-19, Eddy Fougier écrit cet ouvrage pour, à l’image de Charlie Chaplin, user de l’humour pour renforcer notre instinct de survie et sauvegarder notre santé spirituelle.

Chapitre 1 No.1

L’humour renforce notre instinct de survie et sauvegarde notre santé d’esprit

Charlie Chaplin

L’humour c’est une des choses que je préfère avec l’infanterie et les pieds paquets

Jacques Villeret dans Papy fait de la résistance

Chapitre 1La tragédie de Séville

L’homme se tient accroupi, le regard vide. Il se retourne vers ses coéquipiers. Il paraît abasourdi par ce qui lui arrive. Comme si le monde venait brusquement de s’écrouler sur ses frêles épaules. Il ne comprend pas. Il n’a pas même la force de se lamenter, de pleurer, de crier sa détresse. Il ne s’est peut-être jamais senti aussi seul de toute son existence. Et pourtant, il est entouré de milliers de personnes. Des millions d’autres devant leur écran de télévision sont les témoins muets et impuissants de son désarroi en direct.

Cet homme s’appelle Maxime Bossis. Il est l’arrière gauche de l’équipe de France de football. Nous sommes le 8 juillet 1982 par une chaude nuit d’été. La scène se déroule en Espagne dans le stade Ramon Sanchez Pizjuan de Séville. Ce soir-là, tout le pays soutient l’équipe de France opposée à l’Allemagne en demi-finale de la coupe du monde. Elle a enfin la possibilité d’accéder pour la première fois de son histoire à la finale de cette compétition. Et, au terme d’un match extraordinaire en rebondissements, soudain, ce fut le drame.

Maxime Bossis est surnommé affectueusement « le grand Max ». C’est le meilleur joueur du monde à son poste et l’un des plus respectés et des plus exemplaires par sonFair play. Il ne fait pas partie des cinq joueurs qui doivent départager les deux équipes lors de la séance des tirs aux buts. Il ne s’attend pas vraiment à y participer. Mais la France et l’Allemagne sont toujours à égalité, chacune des équipes ayant marqué quatre tirs aux buts. Maxime Bossis est désigné pour être le sixième tireur français.

Il part du rond central. Ses chaussettes rabaissées laissent apparaître ses protège-tibias. Il réajuste son short. Ce moment paraît durer une éternité. Il hésite jusqu’au bout pour savoir quel côté il va choisir. Va-t-il tirer en force ou pas ? À droite ou à gauche ? À ras de terre ou en lucarne ? Il arrive enfin dans la surface de réparation. Il pose le ballon au point de penalty. Il recule, s’élance et tire du plat du pied sur la gauche d’Harald Schumacher, qui plonge et arrête le ballon. Son tir n’est pas assez puissant. Le gardien allemand a le poing levé. Cela paraît être très mal engagé pour l’équipe de France. Il suffit désormais que le tireur allemand marque pour que la Mannschaftse qualifie pour la finale. L’attaquant Horst Hrubesch ne rate pas cette occasion. La France est éliminée. Michel Platini, le capitaine des bleus, est inconsolable. Il pleure comme un bébé.

Et pourtant, cette équipe avait tout pour réussir. Elle était même très bien partie en dominant son adversaire pour mener trois buts à un à 20 minutes du coup de sifflet final. Il y avait pourtant eu un incident qui avait alors beaucoup marqué les esprits. L’arrière français Patrick Battiston est violemment agressé par Schumacher, le gardien allemand. Il sort sur une civière. Michel Platini l’accompagne en lui tenant la main. On craint même qu’il ne soit mort. Or, Schumacher n’est même pas sanctionné par l’arbitre. Et puis à un moment donné, tout s’est progressivement déréglé. Malgré sa blessure, le grand attaquant allemand Karl-Heinz Rummenigge entre sur le terrain durant la prolongation. Il ne lui faut que cinq minutes pour marquer. Puis, six minutes plus tard, Klaus Fischer égalise. Il reste un peu plus de dix minutes à jouer dans les prolongations. Plus rien ne sera marqué par les deux équipes. Le score en reste à trois buts partout. On arrive à la fin du temps réglementaire. C’est alors, comme le disent les journalistes sportifs, la « terrible séance des tirs aux buts ». Lorsque Maxime Bossis s’avance vers le point de penalty, il sait très bien que s’il ne marque pas, la France risque d’être éliminée. Il s’est avancé, a posé son ballon, a pris son élan. Et on connaît la suite… Il est encore accroupi dans la surface de réparation. Il ne comprend toujours pas ce qui a bien pu se passer durant ces quelques secondes où tout s’est brusquement effondré.

Je ne sais pas pourquoi cette image de Bossis qui vient de rater le tir au but décisif m’obsède autant. Moi aussi, j’ai l’impression d’être accroupi au milieu de cette surface de réparation et d’avoir raté le but qui m’aurait qualifié pour la finale.

J’avais vingt ans. J’étais au début de la compétition. Pas parmi les favoris pour prétendre à la victoire finale, mais au moins parmi les outsiders. J’avais toute la vie devant moi. J’avais tout à vivre, tout à expérimenter, tout à connaître. J’étais plein de fougue. Prêt à conquérir le monde et à bouffer la vie à pleines dents. L’avenir pour moi était rose. Il était même de toutes les couleurs. Le regard fier, le torse bombé, les chaussettes descendues sur les protège-tibias, moi aussi, je me suis avancé avec assurance et enthousiasme vers le point de penalty où j’ai déposé le ballon en me disant : plus tard, vers mes trente ans, je ne sais pas ce que je deviendrai. Mais, ce qui est certain, c’est que j’aurais déjà vécu moult expériences toutes plus enivrantes les unes que les autres. J’aurais sucé la moelle de l’existence jusqu’à satiété. J’aurais rencontré des gens extraordinaires. Visité des lieux fantastiques. Expérimenté tout ce qu’il y a de plus beau et de plus excitant dans la vie. Et puis… Et puis… Je dois avouer que la suite a été un peu plus floue. Ce que je sais, c’est que ces beaux rêves ne se sont jamais réalisés.

Et pourtant, moi aussi, j’avais réussi à passer la phase qualificative et le premier tour de la compétition sans trop de difficultés et sans puiser outre mesure dans mes réserves. Mes adversaires avaient été plutôt à ma portée. Et même si je n’ai pas fini premier de mon groupe, j’étais tout de même parvenu à me qualifier pour la phase finale. Moi aussi, je suis arrivé en demi-finale. J’étais plein d’espoir. La finale était à portée de main. Et la victoire était même envisageable. Je jouais assez bien et puis, soudain, tout s’est détraqué. La finale m’a échappé et je ne m’en suis jamais vraiment remis.

Aujourd’hui, j’ai passé le cap de la trentaine et j’ai l’impression d’être toujours au milieu du terrain encore sous le choc de ce tir raté. Depuis combien de temps suis-je accroupi dans cette surface de réparation ? Je ne sais plus trop. Cela doit faire tout de même un petit moment si j’en juge le très mauvais état de la pelouse et la vétusté du stade. Je me trouve toujours sur cette ligne alors que le coup de revolver signalant le départ de ma vie a été tiré il y a un petit moment déjà. Tous ceux que je connais sont loin maintenant. Je les vois à peine à l’horizon. Certains courent en costume cravate après leur emploi du temps, entre deux rendez-vous. D’autres courent après une poussette. Ou bien après un caddie plein dans le Carrefour du coin le samedi après-midi. Moi, je suis hors course ou bien je cours après le temps perdu. Ce n’est pas une blessure qui m’empêche d’avancer. Peut-être que je n’ai pas bien entendu le signal du départ de la course. Ou bien je ne sais pas après quoi courir. Je me demande même si je peux encore courir. Je ne comprends pas.

Depuis ce moment-là, j’ai perdu ma place de titulaire dans ma propre existence. Je reste sur le banc des remplaçants à voir jouer tous ceux qui sont plus en forme que moi, soit quasiment tout le monde. Je suis remplaçant. J’attends que l’on me fasse signe pour entrer à nouveau sur le terrain et pour pouvoir enfin jouer le match de ma vie. Mais l’entraîneur ne me demande jamais de m’échauffer. Même pas pour un match des « coiffeurs ». Peut-être qu’un jour, par dépit, je vais me décider à raccrocher les crampons !

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