machinalement, alors que j’ai le sentiment d’avoir été comme absent de ma vie durant toutes ces années. J’ai l’impression de souffrir d’une
nthousiasme dont chacun semble être doté dans sa prime jeunesse. De tous mes rêves d’adolescent. Le fruit paraît être maintenant asséché, sans pulpe et sans goût. Mon capital semble avoir été largement rogné, sans pour autant avoir été
ntiment d’être passé à côté d’elle sans jamais être vraiment entré en contact avec elle. À l’instar d’une belle femme que je n’aurais jamais osé aborder. Et pourtant, à vingt ans, je la croisais tous les jours. Je la trouvais magnifique. Mais je me disais que j’avais tout mon temps et que je l’aborderais un peu plus tard. Lorsque je me sentirai fin prêt. Lorsque les conditions idéales seraient réunies. Lorsque, lorsque… Je trouvais toujours un prétexte pour repousser ce moment, par crainte qu’elle ne me rejette, mais aussi peut-être par souci de faire durer le plaisir. Il paraît que l’on appelle ça de la procrastination. Mot un peu scientifique et barbare qui masque mal notre lâcheté à repousser sans cesse les choses au lendemain. E
e n’ai pas d’album de photos jaunies que je peux consulter de temps à autre pour faire revenir à ma mémoire les souvenirs heureux et émus du bon vieux temps à la manière de la bonne vieille Madeleine de Proust. Non, je n’ai pas suffisamment de souvenirs pour envisager même d’être nostalgique. Je suis à un âge où l’espoir n’est plus vraiment autorisé et où la nostalgie du buveur de thé du côté de chez Swann n’est pas encore possible. Je