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L'odeur âcre de fumée m'a brusquement tirée de mon sommeil. La douleur fulgurante dans ma jambe plâtrée m'a ramenée à ma nouvelle réalité, celle d'être piégée. Puis, le souvenir est revenu, implacable : cet accident de vélo, il y a une semaine à peine, et Marc pleurant des larmes de crocodile à mon chevet. Quelques jours plus tard, il m'annonçait, d'un air détaché tout en pliant ses chemises de luxe : « Léa, je pars. Je pars avec Chloé. Nous faisons le tour du monde. C'est... nécessaire pour mon inspiration. » Chloé, sa « muse », l'influenceuse dépensière. L'argent, c'était le mien. Mes algorithmes. « Dix ans d'ennui, Léa. Tu es brillante, oui, mais tu es... prévisible. Tu ne me fais plus rêver. J'ai besoin de passion, de beauté. Chloé me l'apporte. » Il est parti. Me laissant seule, brisée, dans cet immense appartement. La fumée devenait épaisse, les flammes léchaient déjà la porte de ma chambre. J'ai compris. L'accident n'en était pas un. L'incendie non plus. Marc n'était pas parti en tour du monde. Il était en train d'effacer les traces, de simuler sa propre mort et la mienne. Un plan parfait pour ce génie autoproclamé, qui volerait mon travail pour sa muse. La fumée a rempli mes poumons. Ma vision s'est brouillée. J'ai prié, avec rage, non pas Dieu, mais l'univers : Si seulement je pouvais recommencer. Si seulement je pouvais revenir en arrière, avant de le rencontrer. Je ne referais pas la même erreur. Je ne le laisserais pas me détruire. Je le détruirais avant. Je le regarderais s'effondrer. Le crépitement du feu fut le dernier son. Puis le silence. Le néant. Et soudain, une lumière vive. Je me suis réveillée en sursaut dans un lit inconfortable. Ma jambe ? Aucune douleur. Le plâtre avait disparu. Un calendrier au mur. La date était claire. 15 juin 2005. 2005. L'année de mes vingt ans. L'année précédant ma rencontre avec Marc Dubois. Un rire hystérique m'a secouée. J'étais revenue. J'avais une seconde chance. Cette fois, Marc Dubois, tu vas voir de quel bois je me chauffe.