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Je m'appelle Manon, une artiste peintre passionnée. Lorsque l'atelier s'est effondré, j'ai aveuglément protégé Louis, mon fiancé, basculant dans l'obscurité pour lui. Il a juré d'être mes yeux, ma seule lumière dans ce monde silencieux. Mais les miracles sont parfois des miroirs brisés. Lorsque ma vue m'a été rendue, j'ai voulu lui faire la surprise, savourant l'idée de retrouver mon foyer et son amour inconditionnel. Mon cœur explosait de joie en tournant la clé. Puis j'ai poussé la porte, et ce n'est pas le silence que j'ai trouvé. Des murmures, des gémissements venaient du salon. Louis était là, nu, sur notre canapé. Et sous lui, se tordant de plaisir, Chloé, ma galeriste, celle qui devait promouvoir mon art. Leurs voix haletantes ont déchiré mon âme, ma confiance, mon monde. « Ne t'inquiète pas. Elle est aveugle. Complètement aveugle. » Ces mots, prononcés avec tant de mépris, ont transformé mon sacrifice en une farce obscène. Mon handicap, ma cécité post-traumatique, était devenu sa couverture, sa permission de me trahir dans notre foyer. La nausée m'a prise aux tripes. La douleur était physique, la trahison, une profanation de mon sacrifice. Je me suis retirée sans un bruit, refermant la porte sur leur obscénité, sur mon cœur brisé. Devant l'immeuble, la neige immaculée contrastait violemment avec la saleté que je portais en moi. Assise dans le froid, je me suis sentie vide, mais une décision glaciale a germé : je ne pleurerais pas. Je ne lui donnerais pas cette satisfaction. Je m'étais vue mourir, piégée par un mensonge. Mais cette fois, je me battrais. J'allais récupérer mon dû et le faire payer.