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L'odeur des lys et du désinfectant m'a soulevé le cœur ce matin-là. Allongée dans le lit de Marc, le frère de mon défunt mari Paul, je ne pouvais m' empêcher de penser à ma fille Léa, rongée par une leucémie agressive. Six mois auparavant, Paul avait « disparu », laissant derrière lui des dettes colossales et un diagnostic de suicide. Marc, l'homme d'affaires brillant, était apparu tel un sauveur, réglant tout, même les frais d'hôpital de Léa. Puis, alors que ma fille s' apprêtait à recevoir une greffe de moelle osseuse, je l'ai entendu. Marc. Au téléphone. « Ne t' inquiète pas, Paul. Elle ne se doute de rien. » Paul ? Mon mari ? Il était vivant ? Le rire de Marc, froid, glaçant, a résonné dans le couloir. « Le donneur pour Léa ? C' est toi, imbécile. C' était la condition. Tu donnes ta moelle, tu sauves ta précieuse fille, et en échange, tu disparais pour de bon et tu me laisses ta femme. » Le monde s'est écroulé. La mort de Paul, un mensonge. Mon chagrin, une farce. Les larmes, la gratitude, la soumission... tout était une blague cruelle. Il m' avait vendue. Mon mari m' avait vendue à son propre frère pour échapper à ses dettes. Marc, ce manipulateur, avait tout orchestré, nourri par une jalousie dévorante. Et moi ? Je n'étais qu'un trophée, une monnaie d'échange. Un vase s' est brisé. Marc est apparu, le masque tombé. La violence de sa trahison a surpassé toute douleur que j'avais pu ressentir. Ils m'avaient sous-estimée. Allongée dans cette cage dorée, j'ai séché mes larmes. La faiblesse a laissé place à une détermination glaciale. La vengeance. Une petite, dure, et résistante graine venait de germer en moi.