Il tenta de se redresser, une douleur vive irradiant depuis son poignet attaché. La panique monta en lui, une terreur sourde qu'il n'avait jamais connue. Mais alors qu'il se débattait, une porte en bois massif s'ouvrit lentement devant lui, laissant entrer une silhouette féminine qui se découpait dans la lumière tamisée du couloir. Elle avançait avec une assurance calme, presque féline, un sourire intriguant au coin des lèvres. Sa beauté sombre et magnétique lui donnait des airs de reine, avec ses longs cheveux noirs tombant sur ses épaules, et ses yeux perçants qui semblaient sonder jusqu'au fond de son âme.
- Tu es réveillé, murmura-t-elle d'une voix douce mais ferme. Comment te sens-tu, Alex ?
Il resta silencieux, éberlué, fixant cette inconnue avec méfiance. Comment connaissait-elle son nom ? Et pourquoi diable se trouvait-il ici, ligoté comme un animal captif ? Son regard glacial et impénétrable lui donnait un frisson, comme s'il était face à un prédateur.
- Qui êtes-vous ? balbutia-t-il, sa voix tremblante de colère et d'incompréhension. Où suis-je ?
La jeune femme inclina légèrement la tête, l'observant comme on regarderait un animal farouche. Elle approcha, et malgré lui, il sentit sa gorge se nouer. Elle ne semblait ni pressée ni agacée par ses questions.
- Je m'appelle Lyra, répondit-elle calmement. Tu es ici, dans mon domaine, parce que je t'ai choisi. Et je sais que cela peut te paraître... confus. Mais tout te sera expliqué.
- Me choisir ? répéta-t-il en fronçant les sourcils. Je ne comprends pas. Et de quel droit vous permettez-vous de me... de me kidnapper ?
Un sourire en coin apparut sur les lèvres de Lyra, qui semblait presque amusée par son indignation. Elle tira une chaise et s'assit en face de lui, ses yeux sombres ancrés dans les siens. Alex sentit un frisson le parcourir, incapable de détourner le regard, comme si elle possédait une force invisible qui le maintenait sous son emprise.
- Écoute-moi bien, Alex, dit-elle d'un ton plus sérieux. Ce n'est pas un hasard si tu es ici. Je sais que ça te semble fou, mais il existe des forces, des liens qui dépassent la simple compréhension humaine. Toi et moi... nous sommes liés.
Il la dévisagea, partagé entre l'incrédulité et la fureur. Ce discours mystérieux, ces allusions au destin... cela ressemblait davantage à une histoire qu'on racontait dans des légendes anciennes qu'à la réalité.
- Liés ? répéta-t-il d'une voix froide. Je ne vous connais même pas. Comment pouvez-vous parler de destin alors que vous m'avez littéralement enlevé ?
Lyra le fixa, impassible, comme si elle s'attendait à cette réaction. Elle leva une main, et avant qu'il n'ait le temps de protester, posa ses doigts glacés contre sa joue, le forçant presque à rester immobile sous son regard intense.
- Depuis des années, murmura-t-elle, j'ai ressenti ta présence. Tu as été une ombre, un pressentiment, une image fugace dans mon esprit. Je ne pouvais ignorer cet appel, Alex. Et toi non plus, tu ne pourras pas échapper à ce que nous sommes destinés à devenir.
Sa voix vibrait d'une émotion étrange, presque mélancolique. Alex sentit un frisson parcourir son échine. Quelque chose, dans son regard, lui disait qu'elle croyait réellement à ce qu'elle disait. Mais cela ne changeait rien à la colère qui grondait en lui.
- Alors parce que vous avez eu... un pressentiment, vous vous permettez de ruiner ma vie ? demanda-t-il, les dents serrées. Vous ne me connaissez même pas.
- Pas encore, non, répondit-elle avec un sourire mystérieux. Mais ça viendra. Et j'ai tout le temps pour cela. Tu es ici, Alex, parce que je t'ai choisi pour être mon compagnon. Mon égal. Le père de mes enfants.
Il écarquilla les yeux, abasourdi. Elle parlait comme si c'était déjà décidé, comme si sa vie ne lui appartenait plus, comme s'il était devenu un simple pion dans un jeu qu'elle seule comprenait.
- Vous êtes folle, murmura-t-il, la voix tremblante. Si vous pensez que je vais accepter une telle absurdité, vous vous trompez lourdement.
Lyra laissa échapper un léger rire, secouant la tête avec une expression de douceur presque troublante. Elle se leva, s'approchant de lui encore plus près, son parfum envoûtant l'encerclant comme un filet invisible.
- Tu n'as pas le choix, Alex. Et plus tu résisteras, plus ce sera difficile pour toi. Mais sache que je ne te veux aucun mal. Je te protégerai, et je te donnerai tout ce dont tu auras besoin.
Il serra les poings, tentant de contenir sa colère. Il la détestait pour sa suffisance, pour cette manière qu'elle avait de parler de lui comme s'il était déjà à elle. Mais au fond de lui, il sentait une étrange fascination, une part de lui qu'il ne reconnaissait pas.
- Et si je refuse ? demanda-t-il, défiant, même si une part de lui redoutait la réponse.
- Alors je te retiendrai ici jusqu'à ce que tu comprennes, dit-elle sans une once d'hésitation. Je suis patiente, Alex. Une année, c'est tout ce que je te demande. Une année pour tomber amoureux de moi. Si, au terme de cette année, tu ne ressens toujours rien... je te laisserai partir. Mais crois-moi, tu ne résisteras pas aussi longtemps.
Il frissonna, partagé entre l'envie de fuir et une étrange curiosité pour cette femme qui se tenait devant lui, avec toute la puissance d'une déesse antique. Elle était à la fois terrifiante et fascinante, un paradoxe vivant. Il la haïssait pour ce qu'elle lui faisait subir, mais au fond de lui, quelque chose s'agitait, une étincelle de défi, une volonté de résister... ou peut-être, d'en savoir plus.
- Vous pensez vraiment que je vais céder ? cracha-t-il, tentant de reprendre contenance. Vous pensez que je vais me laisser séduire par quelqu'un qui m'a kidnappé, qui a... brisé ma vie ?
Elle s'approcha encore plus, son souffle caressant sa joue tandis qu'elle murmurait doucement :
- Oh, tu vas céder, Alex. Parce que tu es à moi, que tu le veuilles ou non.
Un frisson glacé le traversa, et cette fois, il ne pouvait plus l'ignorer. Lyra se redressa, comme si elle lui avait accordé tout le temps nécessaire pour assimiler ses paroles. Elle sourit une dernière fois, un sourire qui promettait mille tourments et mille plaisirs.
- Repose-toi, ordonna-t-elle en se dirigeant vers la porte. Demain, tu commenceras à apprendre qui je suis. Et surtout, qui tu es... vraiment.
La porte se referma dans un claquement sourd, et Alex se retrouva seul, ses pensées en proie à la confusion. L'idée de cette « année » qu'elle lui imposait semblait irréaliste, mais une part de lui redoutait déjà ce qu'elle pourrait lui révéler.
Alex se réveilla dans cette chambre silencieuse et impeccablement aménagée, où chaque détail semblait calculé pour évoquer à la fois le luxe et l'oppression. L'odeur persistante de bois poli, mélangée à celle des draps en soie, le replongea immédiatement dans la réalité brutale de son emprisonnement. Il n'était pas chez lui. Pas libre. Toujours captif de cette femme mystérieuse, Lyra, dont la présence planait même en son absence. Malgré lui, il sentit une colère sourde monter en lui, une révolte instinctive, viscérale.
Alors qu'il se levait avec difficulté, une petite table en bois près du lit attira son regard. Un plateau y avait été déposé : des fruits frais, des viennoiseries, du café fumant... La scène aurait pu être apaisante, presque tendre, si elle n'était pas teintée de cette aura oppressante qu'elle avait imposée en lui dictant leur « destin commun ». Il serra les dents, refusant de goûter à cette nourriture, la percevant comme un symbole de sa captivité.