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Ce monstre d'homme qui me sert de beau pĂšre

Ce monstre d'homme qui me sert de beau pĂšre

4.6
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Résumé

Table des matiĂšres

PROLOGUE J'suis une jeune sĂ©nĂ©galaise du nom de KinĂ©. J'suis actuellement dans la trentaine. J'ai connu ma mĂšre tardivement dans une situation incroyable. J'ai vĂ©cu toute mon adolescence au bled. J'ai connu ma mĂšre Ă  l'Ăąge de 17ans. Ma vie Ă©tait rebondissement sur rebondissement, joie, peines, douleurs etc. MalgrĂ© ce luxe que j'ai connu tardivement, j'donnerai tout pour revenir Ă  mon ancienne vie. J'suis venue partager mon histoire avec vous. Avant de commencer, j'vais remercier nanditĂ© qui m'a tendu une oreille attentive. Le fait de me confier Ă  toi m'a permis de me soulager et m'ĂŽter ce poids de l'esprit. Merci de m'avoir convaincu Ă  partager cette histoire avec tes lecteurs et lectrices. Comme tu me l'as dit certainement, y'a des personnes qui ont vĂ©cu pire et pourtant, elles continuent Ă  vivre leur vie normalement. J'suis contente de t'avoir rencontrĂ© et je t'en serai Ă©ternellement reconnaissante de m'avoir redonnĂ© confiance et espoir. Vous aurez de plus amples dĂ©tails dans les parties. NanditĂ© : C'est Ă  moi de te remercier pour cette confiance. Tu as Ă©tĂ© forte sur tous les plans, expliquez un souvenir douloureux n'est pas donnĂ© Ă  tout le monde. Tu es forte, je n'ai fait que rĂ©veiller ce talent qui dormait en toi. Beaucoup d'entre vous pense qu'ils sont faibles alors que la faiblesse pour moi n'existe pas. On ne peut passer dans certaines situations pour devenir faibles. Certain passage nous forge. La vie est et restera toujours un combat indĂ©cis. Une vie tranquille est une mer morte. Chaque jour de ta vie est une feuille de ton histoire que tu Ă©cris, une ivresse continuelle, le plaisir passe et le mal de tĂȘte reste. Comme on le dit, n'ayez jamais honte de vos cicatrices ou de vos blessures. Cela signifie juste que vous avez Ă©tĂ© plus fort que "ce" ou "ceux" qui ont voulu vous faire du mal. Dans cette chronique, y'aura des larmes c'est sur vous ĂȘtes avertis. On se lance.

Chapitre 1 01

1Úre Partie : Une perte et une découverte

J'ai vĂ©cu une enfance paisible avec ma grand-mĂšre. Ma mĂšre Ă©tait toujours en voyage (d'aprĂšs les explications reçues). Je n'ai pas eu Ă  vivre des moments entre mĂšre et fille. Je n'ai connu que ma grand-mĂšre. Cette derniĂšre se dĂ©brouillait seule pour me mettre Ă  l'aise et cĂ©dait Ă  toutes mes caprices. J'aurai aimĂ© voir ma mĂšre ou mon pĂšre venir me prendre Ă  l'Ă©cole comme certaines de mes amies. J'irai mĂȘme jusqu'Ă  dire que je n'ai pas connu l'amour parental comme la plupart des jeunes. Parfois j'discutais avec ma mamie pour en savoir plus sur mes origines. Et pourquoi mes parents ne sont jamais prĂ©sents.

Kiné : Mame, pourquoi maman et papa ne sont jamais là ???

Grand-mÚre : C'est parce qu'ils sont en voyage. Ils se débrouillent pour te mettre à l'aise à l'avenir. Ils reviendront bientÎt et tu seras trÚs contente.

A chaque fois, c'est la mĂȘme rĂ©ponse mais je ne pouvais que croire en ses dires. J'Ă©tais vraiment joyeuse avec mamie. L'absence de mes parents me revenait Ă  l'esprit que lorsqu'il y'avait une manifestation Ă  l'Ă©cole ou des rĂ©unions parentales. HonnĂȘtement, je ne manquais de rien. Je ne marchais pas sur l'or mais je n'ai jamais mangĂ© du sable. Grand-mĂšre avec ses maigres moyens et ses revenus minimes m'a donnĂ© une vie de princesse. Nous vivions avec le frĂšre et 2 petites sƓurs de ma mĂšre. J'Ă©tais sa prĂ©fĂ©rĂ©e, j'ai pris la place de la cadette qui Ă©tait jalouse des privilĂšges de mamie envers moi. Elle vendait des beignets, de l'acara, fataya bref, tout dans la farine. Elle m'achetait toutes sortes d'habits. Mes amies ne s'habillaient pas mieux que moi. Je n'enviais aucune copine. Il m'arrivait Ă  poser des questions Ă  mamie.

Kine : Mame pourquoi tout ton argent tu le dépenses pour moi. Je ne sais pas comment faire pour te le rendre au centuple.

Et à chaque fois sa seule réponse, c'était :

Grand-mÚre : Kiné tout ce que je te demande, c'est de me présenter de bons résultats. Que tu te concentres sur tes études. Une chose est sure, tu ne manqueras de rien tant que j'serai en vie.

J'essayais toujours de ne pas la dĂ©cevoir, j'me concentrais sur mes Ă©tudes. N'empĂȘche aprĂšs chaque descente, j'aidais grand-mĂšre pour son commerce. Je ne sortais jamais dans les 5 premiers. Le soir j'Ă©tais avec mamie pour le commerce et la nuit j'Ă©tais dans mes cahiers. Dieu merci, j'avais toujours de bonnes notes. Au fur et Ă  mesure que les annĂ©es passĂšrent, grand-mĂšre est rattrapĂ©e par l'Ăąge, elle n'avait plus de force pour faire le travail. Elle a diminuĂ© ses marchandises, elle se contentait que sur les beignets et pas plus. En 2002, j'ai rĂ©ussi mon BFEM au 1er tour, Mamie Ă©tait fiĂšre de moi. Elle Ă©tait trop contente mĂȘme si elle n'a pas fait des Ă©tudes, elle sait ce que signifie BFEM. Cette annĂ©e a Ă©tĂ© un tournant de ma vie. Mamie Ă©tait gravement malade, elle avait un AVC. Elle Ă©tait fatiguĂ©e, la force de la maladie est passĂ©e par lĂ . Mais Brave qu'elle est, elle continuait Ă  se battre, jusqu'Ă  tomber avec les armes en main. La faucheuse est venue frapper fort et elle a Ă©tĂ© sans pitiĂ©. Elle a remportĂ© ma grand-mĂšre un soir sans prĂ©venir. Le rideau est tombĂ© pour elle, sa reprĂ©sentation est terminĂ©e. Je suis assis dans mon fauteuil d'orchestre et aimerais te faire une ovation, me lever pour rendre hommage Ă  la femme que tu as Ă©tĂ© et surtout Ă  la grand-mĂšre que tu resteras toujours. Ma mamie a rendu l'Ăąme aprĂšs avoir formulĂ© des priĂšres en mon encontre. Ses paroles sont restĂ©es graver en moi, jusque-lĂ . Les derniers mots de mamie :

« KinĂ© mon heure est proche, je me suis battue corps et Ăąme pour continuer Ă  t'accompagner mais ce n'est plus possible. La faucheuse est plus forte que moi. Mais Dieu est bon et juste. Il n'agit jamais sans raison, peut-ĂȘtre, c'est le prix Ă  payer pour ta rĂ©ussite. Je ne te demande qu'une seule chose, reste comme je t'ai Ă©duquĂ©e. J'serai loin de tes yeux mais j'resterai toujours prĂšs de toi. J'suis dĂ©jĂ  fiĂšre de toi mais j'veux que tu sois fiĂšre en ta propre personne. N'envie personne dans ta vie, n'oublie jamais tes priĂšres, ne te dispute jamais avec des personnes qui sont plus ĂągĂ©es que toi, ne prend jamais quelque chose qui n'est pas pour toi, ne sois pas rancuniĂšre, pardonne aux personnes qui te feront du mal, aies toujours un esprit de dĂ©passement, aides les personnes que tu pourras aider, ne sois jamais rancuniĂšre. La vie sera toujours un combat. Elle ne sera pas toujours rose mais Ă  chaque fois que tu veux abandonner, repense Ă  ton passĂ©, les pires choses que nous avons vĂ©cues ensembles. Tu rencontreras diffĂ©rentes personnes qui n'auront pas les mĂȘmes objectifs envers toi. Le chemin sera long, sombre, Ă©pineux mais n'abandonne jamais. Je t'avertis que tu traverseras des mauvais moments mais tu ne tomberas jamais Ă  terre. Tu perdras des batailles mais tu remporteras toutes les guerres. Reçois toutes mes priĂšres et je t'assurer qu'aucune de tes amies et ennemies n'aura plus de valeurs que toi. Tu seras une grande personne. Il y'aura des Ă©vĂšnements qui passeront surement aprĂšs ma mort mais pardonne et donne une chance Ă  cette personne.

Kiné : Non Mamie ne dit pas ça. Il te reste des années à vivre. Il faut que je t'amÚne à la Mecque. Tu ne peux pas et tu n'as pas le droit de m'abandonner.

Grand-mĂšre : Va Ă  la boutique et tu m'achĂštes une bouteille de VIMTO.

C'était sa boisson préférée. Je me suis précipitée pour aller à la boutique. A mon retour, j'ai croisé l'ainé de la famille, le grand frÚre de ma mÚre devant la porte, il me tient la main avant de me serrer dans ses bras.

Tonton : Tu es devenue une grande fille, tu as 17ans et tu es intelligente. Ta mamie vient de rendre l'Ăąme. Elle n'est plus de ce monde. C'est difficile mais soit forte.

Le monde s'Ă©croule. C'est comme si, on n'avait mis le monde sur ma tĂȘte. Je m'Ă©tais Ă©vanouie. Je ne savais plus ce qui se passait. A mon rĂ©veil, j'ai essayĂ© de demander ce qui se passe. La maison Ă©tait dĂ©jĂ  remplie de proches malgrĂ© la nuit. Mamie Ă©tait une gentille personne, elle rassemblait tout le monde, elle n'aimait pas voir des personnes se disputaient. Elle Ă©tait un exemple dans le quartier. Les pleurs raisonnaient dans la maison. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai Ă©tĂ© forte, je n'avais pas sorti une seule larme. Au contraire, j'calmais les autres et ça Ă©tonnait tout le monde. Ce qui m'a fait le plus mal, c'est que je ne l'ai pas vu avant qu'elle ne soit transfĂ©rĂ©e Ă  la morgue du quartier.

Le lendemain Ă  10h avant son enterrement, nous sommes allĂ©s Ă  la morgue pour les derniers adieux. J'Ă©tais accompagnĂ©e de mes tantes et oncles. J'ai vu de mes propres yeux ma mamie Ă©talĂ©e au sol. Les souvenirs reviennent en moi, j'la rendais hommage intĂ©rieurement. Mamie, Je n'oublierai jamais les moments d'aventures, les contes d'Amadou Coumba que tu maitrisais tant. Je n'oublierai pas ta force de vivre, ton sens de la dignitĂ© et de l'honneur. Tu m'as inculquĂ© le respect que l'on doit aux autres afin d'ĂȘtre respectĂ©. Enfant, j'admirais ta dĂ©termination, ton courage. Ta force de travail aussi. Tu semblais ne jamais t'arrĂȘter. Mais je serais ingrate si je ne mentionnais que tes qualitĂ©s morales, car s'il est une chose Ă  laquelle tu m'as initiĂ©, et qui m'a marquĂ© pour le restant de mes jours, c'est bien le plaisir de travailler.

AprÚs les derniers moments dans la morgue de la mosquée, on nous fait sortir avant de déplacer mamie pour la priÚre mortuaire. Nous femmes, sommes restées devant la porte de la mosquée, attendant patiemment la fin de la priÚre mortuaire qui a duré moins de 5mn, mamie est transportée par un pick up direction les cimetiÚres. C'était les derniÚres images qui me restent.

Au fond de moi, je me demandais que vais-je devenir ? Quelle sera ma vie future ? Est-ce que j'aurai tout ce que j'veux ? Une chose est sure personne ne pourra prendre sa place en moi. Hommage à toutes les personnes qui ont été éduquées par leur mamie.

NanditĂ© : Une pensĂ©e spĂ©ciale Ă  toutes les personnes qui ont perdu un ou des ĂȘtres chers qui ont eu in impact dans leur vie. Respect...

Les jours passĂšrent et au 40Ăšme jour, une sĂ©ance de priĂšre est organisĂ©e. Pendants la cĂ©rĂ©monie religieuse, j'ai vu une dame qui ne cessait de me regarder mais Ă  chaque fois, elle fuyait mon regard. On s'est saluĂ©e respectueusement et elle Ă©tait assise prĂšs d'une de mes tantes. Elle a mĂȘme passĂ© la nuit avec nous dans notre chambre. La dame Ă©tait tout le temps Ă  la maison. Elle Ă©tait vraiment sympathique. On me l'avait prĂ©sentĂ© comme une cousine de la famille. Je l'appelais tante comme les autres.

Les jours passĂšrent et chaque jour, la dame passait pour s'enquĂ©rir des nouvelles de la famille. Elle me couvrait de cadeaux, des habits, des chaussures, de l'argent, bref, elle se comportait comme mamie mĂȘme si elle ne l'arrive pas Ă  la cheville, elle faisait tout son possible. J'Ă©tais Ă©tonnĂ©e et surprises de ses gestes sympathiques. De temps en temps, elle m'invitait Ă  sortir pour aller manger ou boire quelque chose. Depuis la disparition de mamie, la situation avait un peu changĂ©, nous avions une ration complĂšte. Franchement, elle Ă©tait trop gentille envers moi. Elle me disait de ne pas avoir honte de demander quoi que ce soit, et qu'elle Ă©tait lĂ  pour moi. PrĂ©textant que nous avons eu la mĂȘme vĂ©cue, qu'elle Ă©tait Ă©levĂ©e par sa mamie et que cette derniĂšre est partie dans l'autre monde. J'Ă©tais vraiment touchĂ©e par son geste. A l'approche des ouvertures, elle m'a inscrit dans un Ă©tablissement privĂ© beaucoup plus cher. J'voulais vraiment savoir pourquoi cette gentillesse en mon encontre et quel sera le prix Ă  payer. AprĂšs beaucoup de question sans rĂ©ponse, j'suis tombĂ©e sur une conversation entre cette dame et mon tonton.

Tonton : Maman n'avait jamais l'intention de te priver de ton enfant mais ton comportement l'avait poussĂ© Ă  te jeter dehors. Je ne te tiens pas responsable de ce qui lui est arrivĂ© mais tu en fais parti. AprĂšs votre conversation, elle a eu cette attaque qui l'est fatale. Nous n'avons pas les moyens de l'Ă©duquer et la donner la vie qu'elle mĂ©rite. Il est temps que tu l'expliques toute la vĂ©ritĂ©. Elle est assez mature et c'est une brave fille. Elle va comprendre, il faudra juste lui donner le temps de tout digĂ©rer. Elle a vĂ©cu rĂ©cemment une chose difficile et mĂȘme si elle a Ă©tĂ© forte, on peut sentir qu'elle est malheureuse.

La dame : Je me sens responsable de la disparition de votre mĂšre, j'dirai mĂȘme notre mĂšre. Elle a Ă©tĂ© vraiment sympathique envers moi. Je ne suis pas revenue pour prendre ma fille de grĂ© ou de force. J'Ă©tais venue juste demander si j'peux rĂ©cupĂ©rer ma fille et elle l'a mal pris. Je ne me pardonnerai jamais ce geste de ma part. Je n'ai pas le courage d'expliquer quoi que ce soit Ă  KinĂ© que j'suis sa mĂšre. Stp, j'ai besoin de ton coup de main. J'veux que tu m'aides Ă  rĂ©cupĂ©rer ma fille.

Kiné : Ma mÚ...mÚ...mÚÚÚÚÚrrrrreeee ? C'est une blague ??? Non dites-moi que tu blagues madame. Tu es la cause de la mort de ma mamie, la personne qui m'a donnée tout ce que j'voulais. Ce brave a eu une attaque à cause de toi.

Tonton : Kiné écoute, ce n'est pas ce que tu crois. J'vais t'expliquer et tu vas comprendre. Calmes-toi d'abord et tu sauras toute la vérité. Viens t'assoir. Elle n'est pas la cause de la mort de mamie. Viens au salon avec moi.

Je les suis au salon. Les autres tantes ont suivi nos pas. Nous étions au complet, l'ambiance était silencieuse et triste. La dame avait commencé à pleurer, j'étais dans un état étrange.

Tonton : Comme tu l'as entendu accidentellement, elle est ta mĂšre. Que tu la veuilles ou non, c'est elle qui t'a mis au monde. Y'a des choses qui se sont passĂ©es et il vaut mieux que tu l'ignores. Ça ne sert Ă  rien de retracer le passĂ©. Nul n'est parfait, elle est revenue pour rĂ©parer son erreur et si j'Ă©tais toi, je la donnerai une chance pour qu'elle s'explique. Tu ne peux pas avoir une autre maman, c'est impossible, nous n'avons qu'une seule mĂšre. Quelle soit gentille, mĂ©chante, mauvaise, pure ou quoi que ce soit, elle est ta mĂšre. Je n'ai plus rien Ă  rajouter. La vĂ©ritĂ©, c'est Ă  elle de l'expliquer. Si tu veux tu peux te lever et quitter le salon, au cas Ă©chĂ©ant, tu peux discuter avec elle. Nous allons sortir et vous laisser parler. J'pense que vous avez des choses Ă  vous dire.

Ils se lÚvent et quittent le salon. J'étais bouleversée par cette nouvelle inattendue. J'étais perdue dans mes pensées. La dame continuait toujours à pleurer comme une madeleine. Nous sommes restées presque 30mn sans piper un mot. Elle a fini par briser le silence.

Mariama : J'sais et j'comprends que j'puisse ĂȘtre la derniĂšre que tu souhaites voir dans cette vie mais j'suis ta mĂšre. Comme l'a dit ton tonton, que j'sois bonne ou mauvaise, j'suis ta mĂšre. Y'a eu des problĂšmes dans le passĂ© qui m'ont poussĂ© Ă  te renier comme ma fille. J'prĂ©fĂšre que tu ne saches pas ses problĂšmes. Tout ce que j'veux est que tu pardonnes mon absence. J'accepterai toutes tes conditions mais au finish, j'veux ta clĂ©mence et ton pardon.

Kiné : Tu veux que je te pardonne, il faudra m'expliquer tout ce qui s'est passé sans oublier les moindres détails.

Mariama : J'Ă©tais jeune et innocente lorsque j'ai rencontrĂ© ton pĂšre. A force de s'aimer, nous avons fini par se marier. Nous avons quittĂ© le village pour s'installer en ville. A l'Ă©poque, j'avais perdu mes deux parents dans un accident et il ne me restait que ton pĂšre. Notre famille s'est dispersĂ©e, chacun est parti vivre sa vie sans se soucier de l'autre. Ce fut un long chemin de croix, la vie ne nous avait pas rĂ©ussis et j'ai fini par tomber enceinte. Nous habitions dans le mĂȘme quartier que la dame qui t'a Ă©duquĂ©. Au temps, elle vendait au marchĂ©. Elle nous venait en aide tout le temps. Avant ta naissance, ton pĂšre avait fait un prĂȘt Ă  la banque et il n'avait pas de quoi payer. Il Ă©tait en faillite dans son projet et il a pris la fuite. Depuis lors, il n'a pas donnĂ© signe de vie. Ta naissance Ă©tait un moment difficile. C'est cette dame qui avait pris en charge tous les frais de l'accouchement. A ma sortie, j'ai logĂ© chez la dame qui avait louĂ© 2 chambres pour elle et ses enfants. Le logement Ă©tait trop petit pour nous contenir tous. J'ai pris une chambre mais je n'avais pas de quoi payer, ni subvenir Ă  tes besoins. Les propositions indĂ©centes se multipliaient, le propriĂ©taire de la maison voulait que j'paie d'une autre maniĂšre ce que j'refusais. FatiguĂ©e de vivre avec toutes ses menaces, une nuit, je t'ai dĂ©posĂ© dans le couloir de la maison de cette dame avant de prendre la fuite.

Kiné : Donc mamie n'était pas un membre proche ainsi que mes tantes et tonton ??? Si j'ai bien compris, tu m'as jeté et elle m'a ramassé ???

Mariama : Non je ne t'ai jamais jeté. J'savais qu'elle pourrait bien s'occuper de toi. Elle t'a toujours aimé.

KinĂ© : Tu penses que c'est facile. Je n'arrive pas Ă  croire ce que j'entends. OĂč Ă©tais-tu madame pendant ses 17 longues annĂ©es ??? Est-ce que tu sais ce que j'ai endurĂ© avec ce vide qui Ă©tait en moi ? Tu penses que c'est facile pour moi de pardonner et de faire comme si de rien Ă©tait. Tu pensais Ă  quoi, que j'allais me jeter dans tes bras heureuse et oubliĂ©e tout ce que qui s'Ă©tait passĂ©. Je n'avais jamais cru que j'croiserai ma mĂšre dans ses circonstances. MĂȘme si ton histoire est triste et frappante, je ne vois aucune explication qui pourra justifier cette absence. Un enfant est un don de Dieu. Avant de m'abandonner est-ce que tu as pensĂ© Ă  ses nombreux couples qui ne rĂȘvent que de voir ne serait-ce qu'un petit enfant jouait dans la cour de leur maison. J'suis dĂ©solĂ©e mais j'prĂ©fĂšre cette famille que j'ai toujours connue. Tu as pris la fuite pour aller oĂč exactement ???

Mariama : J'suis partie vivre chez une amie en Gambie. Le dĂ©but Ă©tait difficile pour moi. J'suis restĂ©e plus de 5ans sans travailler mais j'ai fini par trouver un boulot. J'travaillais pour un riche couple gambien avant qu'il ne choisisse de vivre en Angleterre. Il ne voulait pas me laisser ici, parce que leurs enfants ne savaient que moi. Ils me considĂ©raient comme leur maman. Ils ne voulaient pas partir sans moi. J'ai vĂ©cu 10ans lĂ -bas et j'ai rĂ©ussi Ă  crĂ©er mon propre business. Je te jure que j'suis revenue au SĂ©nĂ©gal plusieurs fois pour te rechercher mais malheureusement, vous aviez dĂ©mĂ©nagĂ©. Je te jure sur ma vie que j'ai remuĂ© ciel et terre pour te revoir. J'ai mĂȘme pris un dĂ©tective privĂ© pour accĂ©lĂ©rer la recherche. C'est ce dernier qui m'a vraiment aidĂ© Ă  te retrouver. Mais je ne pouvais pas venir m'afficher comme ça et me prĂ©sentait comme ta mĂšre. J'suis venue parler Ă  ta mamie de mes intentions de te rĂ©vĂ©ler toute la vĂ©ritĂ© mais cette derniĂšre ne voulait pas l'entendre. Elle Ă©tait trop Ă©nervĂ©e et elle a fini par avoir cette attaque. J'ai fait tout mon possible pour que tu ne me voies pas tant qu'elle ne l'aura pas voulu. Malheureusement, Dieu en a dĂ©cidĂ© autrement. J'vis maintenant au SĂ©nĂ©gal depuis presque 1an, j'venais tout le temps aux nouvelles. J'ai prĂ©fĂ©rĂ© rester dans l'ombre pour ne pas perturber tes Ă©tudes. J'avais promis Ă  ta mamie de ne jamais faire quelque chose sans son accord. J'devais respecter ma promesse. Elle n'a jamais acceptĂ© mon argent pour ton Ă©ducation. Elle t'aimait d'un amour pur et propre. Je l'en serai Ă©ternellement reconnaissante. Elle a fait de toi une fille Ă©duquĂ©e, mure et respectable. Mashallah.

J'Ă©tais tellement perturbĂ©e par toutes ses rĂ©vĂ©lations. J'Ă©tais Ă©duquĂ©e par une famille adoptive et pourtant, personne ne m'a regardĂ© comme un adoptĂ©. Ils Ă©taient vraiment gentils avec moi. Ils cĂ©daient Ă  toutes mes caprices. Je leur en serai reconnaissante toute ma vie. J'avais pris une place qui n'Ă©tait pas la sienne et pourtant, ils ont acceptĂ© sans rancune. Je me rappelle de leur cadeau Ă  chaque mois de dĂ©cembre. Dans ma tĂȘte, je ne pouvais que rendre grĂące au Bon Dieu pour cette famille d'accueil. Je les considĂ©rerai toujours comme ma vraie famille. Mamie s'est sacrifiĂ©e toute sa vie pour me mettre dans d'excellentes conditions. Je ne pouvais pas rĂ©pondre Ă  cette dame qui n'est autre que ma mĂšre. J'ai prĂ©fĂ©rĂ© me taire un long moment, elle est sortie du salon en larmes. Tonton est revenu avec les tantes pour me parler. On se reparle trĂšs prochainement.

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Mis à jour : Chapitre 18 18   06-12 20:17
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