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Quand Le Passé Vous Rattrape

Quand Le Passé Vous Rattrape

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Résumé

Table des matières

[Tome 2] Suite d’«INCANDESCENT» Deux ans se sont écoulés. Deux longues années depuis le départ précipité de sa belle. Colère et amertume ont désormais pris place dans le cœur d’Isaac. Jusqu’au jour où le destin va de nouveau la remettre sur son chemin. [Cette histoire contient des scènes qui peuvent choquer. Pour public averti.]

Chapitre 1 Le Doc

[PDV Isaac]

Avachi dans un fauteuil, mon regard était porté sur le whisky que je faisais tournoyer dans mon verre. Les glaçons tintilliaient contre la paroi en cristal, se mêlant peu à peu à l'alcool dans des vagues aux reflets irisés.

Dix heures du matin et j'en étais déjà à mon sixième.

À fond dans mes pensées, je me fis la réflexion qu'il était peut-être temps de lever le pied là-dessus.

Les affaires allaient au plus mal. Les franchises avec certains territoires se raréfiaient, les échanges étaient au point mort et les négociations difficiles. Notre léger débordement avec Martinez, deux ans auparavant, avait laissé des séquelles. Les conséquences avaient été désastreuses pour le business. Ma crédibilité en avait pris un sacré coup. Néanmoins, j'avais limité les dégâts grâce à plusieurs actions ciblées avec stratégie.

Et quelques têtes coupées aussi.

De quoi calmer les esprits.

Pour le moment.

—N'est pas encore né celui qui me mettra à terre, cabróns, murmurai-je pour moi-même.

Je soupirai puis portai le verre à mes lèvres afin d'en prendre une gorgée. La sensation fut brève, mon palais était anesthésié par la quantité déjà ingurgitée aujourd'hui.

Pas grave.

Ça avait au moins le mérite de réfréner mes ardeurs, mes envies de meurtre. Je devais être plus malin et surtout, plus patient.

Toutes ces conneries avaient allégé les comptes de la Santa Muerte de près d'un million de dollars. Ça, et les bains de sang à répétition au cœur de la ville et de ses frontières, j'avais perdu pas loin d'un quart de mes hommes.

Une nouvelle fois je soupirai, basculant ma tête contre le dossier. Mes yeux se rivèrent alors sur la silhouette longiligne de la russe, Irina, qui arpentait mon bureau perchée sur ses hauts talons attendant avec impatience que je lui accorde un peu d'attention. Agacée, elle passait de manière répétée les doigts dans sa longue chevelure blonde, entortillant ses mèches dans un geste relativement sensuel.

Elle allait me filer mal au crâne à déambuler de la sorte.

Pourquoi je l'avais appelée déjà ?

Ah oui, ses talents en matière d'infiltration n'étaient plus à prouver. Là-dessus, elle était compétente. On pouvait même dire qu'elle avait dépassé mes attentes.

Et puis elle suçait bien.

—Arrête un peu de réfléchir, patron, finit-elle par lâcher après s'être enfin stoppée.

Son accent m'arracha un sourire. Sa façon de rouler les «r» avait un pouvoir narcotique sur mon humeur. Pour autant, la parenthèse fut de courte durée. Mes pensées s'étiolèrent et je me rembrunit aussitôt. Je n'avais pas la tête à ça aujourd'hui.

Loin d'être demeurée, elle s'en aperçut et amorça un pas dans ma direction.

Cette nana était une hyène. Une fois qu'elle avait décidé quelque chose, elle ne démordait pas. Jamais. Elle faisait tout pour parvenir à ses fins. Une qualité non négligeable dans notre milieu.

Curieux, je l'observai dans sa robe moulante qui ne laissait pas vraiment place à l'imagination concernant ses formes. Ses pas, eux, résonnèrent sur le parquet en chêne à mesure qu'elle se rapprochait.

—Que tu le veuilles ou non, dit-elle en s'agenouillant entre mes jambes, tu as besoin de moi, Barrosa.

Garce.

J'arquai un sourcil face à son culot. Face à cette audace que j'appréciais tout particulièrement chez elle.

Déterminée à obtenir ce qu'elle voulait, ses ongles rouges manucurés griffèrent mes cuisses, glissant sur mon jean pour finir leur course sur les boutons de mon fute.

—Tu sais que je pourrais te buter rien que pour ça, querida ? ricanai-je

—Admets tout de même que le destin a une fâcheuse tendance à nous réunir.

—Ne confonds pas le destin avec la poisse, chérie.

Joueur, je ponctuai ma phrase en empoignant ses cheveux d'une main pour les tirer en arrière d'un geste sec. Un hoquet de surprise s'échappa de sa bouche entrouverte. Sa seule réponse fut sa langue qui passa sur ses lèvres carminées, gonflées et affriolantes.

Oh querida...

Mais mon expectative charnelle fondit comme neige au soleil dès l'instant où deux bruits sourds résonnèrent contre ma porte. Sans attendre de réponse de ma part, celle-ci s'ouvrit sur Jacobs qui grimaça d'emblée face à la scène qui était en train de se dérouler sous ses yeux.

—Ragh putain Barrosa, merde ! grogna-t-il en balayant sa vision d'un geste de la main.

Déçue, Irina se releva en le fusillant du regard. Tout en réajustant les pans de sa robe à une longueur plus conventionnelle, elle sortit de la pièce dans un charabia russe incompréhensible.

—Qu'est-ce que tu veux ? crachai-je après avoir vidé mon verre d'une traite. J'avais ordonné de n'être dérangé sous aucun prétexte, ce matin. Sauf cas extrême.

—Wilson est à l'entrée. Il demande à te voir.

Une ride creusa mon front et mes sens se mirent en alerte.

Tiens donc... le Doc.

—Fais-le entrer, je dis d'une voix sèche en me levant afin de m'installer derrière mon bureau. Et veille à ce que personne ne vienne nous emmerder, cette fois-ci.

Mon homme de main acquiesça du menton puis disparut dans le couloir en pestant. L'instant d'après, le toubib sexagénaire fit son apparition. Mallette en main et air renfrogné, il s'installa sur un siège que je lui avais désigné, face à moi.

Une cheville posée sur un de mes genoux et les bras sur les accoudoirs, je m'adossai pour le considérer, en silence.

Depuis que je l'avais embauché, le peu d'échanges que nous avions eus pendant ces deux ans s'étaient limités à trois textos sur portables à usage unique. Sa présence ici n'était pas anodine, j'en étais conscient. Je savais que s'il avait fait le déplacement jusque-là, les informations qui allaient sortir de sa bouche d'un moment à l'autre allaient bousculer mes perspectives.

Ma revanche ou ma rédemption.

Un mélange de réjouissances et d'appréhension tournoya dans mon esprit.

—Alors, Doc, l'interrogeai-je en croisant les bras. Qu'avez-vous de si urgent à m'annoncer pour être venu jusqu'à chez moi ?

Mon attitude décontractée et détachée n'était qu'une façade. Intérieurement, mon état était proche de l'ébullition.

Wilson se gratta l'arcade du pouce avant de jeter un regard furtif sur l'ensemble de la pièce. Toutes ces mimiques, toutes ces gestuelles, me mirent la puce à l'oreille quant au débouché de cette entrevue. Elles étaient à elles seules des présages flagrants sur sa nervosité. Cette conduite éveilla davantage mes doutes et confirma mes soupçons.

Merde...

La colère prit l'ascendant sur toutes les émotions. Mauvais, le plat de mes mains s'abattit sur la tranche de mon bureau.

—Déballez c'que vous à dire, docteur Wilson, m'emportai-je en le défiant du regard. Je ne vous paie pas pour vous faire perdre mon temps.

—Vous ne vous rendez pas compte de ce que je risque en faisant tout ça, monsieur Barrosa. Ma carrière est en jeu et...

Ses mots restèrent en suspens et il se mit à fixer le sol. Comme s'il cherchait une parade, un échappatoire. Sûr, cet abruti cherchait à me la faire à l'envers.

—Ma patience à des limites que je vous conseille de ne pas franchir, sifflai-je entre les dents, menaçant.

—J'ai besoin de garanties, se reprit-il avec un aplomb falsifié. Cinquante mille supplémentaires et je vous promets toute transparence. Je... j'ai des valeurs, vous savez.

Un rire gras inonda ma gorge.

L'alcool et l'amertume ne faisaient pas bon ménage.

Agressif et hostile, en appui sur les coudes, j'avançai mon buste dans sa direction. Nos visages respectifs n'étaient plus qu'à quelques centimètres. La crainte se refléta dans yeux étroits. Sa bouche, elle, fut parcourue par de minces soubresauts qu'il avait semble-t-il du mal à maîtriser. Sa renommée allait s'effondrer s'il insistait dans cette voie. C'était moi, qui tirait les ficelles ici. Personne d'autre.

Et il le savait pertinemment.

—Hors de question, un marché est un marché. Et épargnez-moi votre baratin à deux balles, docteur. La seule raison pour laquelle vous êtes là, c'est le fric. Vous êtes corrompu jusqu'à la moelle.

Son regard oscilla à plusieurs reprises entre sa mallette et moi, il paraissait peser le sens de mes propos.

—Soit, rétorqua-t-il après plusieurs secondes de silence tout en ouvrant sa sacoche. Mais je veux que vous m'assuriez tout dédouanement dans cette affaire si jamais ça venait à fuiter.

Je balayai sa phrase d'un revers de la main avant de me saisir du document qu'il me tendait.

—Promettez-le, insista-t-il sans lâcher la feuille.

Mon con, si tu savais...

J'allais serrer.

Toujours sur les nerfs, ma mâchoire se crispa à outrance et il me fallut un contrôle monstre afin de ne pas le descendre, là, maintenant, pour avoir osé me défier chez moi.

Toi, tu perds rien pour attendre.

La vengeance était un plat qui se mangeait froid.

Enfile ton bonnet, pendejo. Tu vas bouffer surgelé.

Je pris donc sur moi.

—Ça sera fait, me contentai-je de répondre sans lui adresser le moindre regard.

Ce dernier sembla soulagé et libéra enfin le précieux papier, le visage grave. Ce qui m'intrigua. Sourcil arqué, je l'incitai à développer d'un mouvement du menton.

—Elle est sortie du coma, monsieur Barrosa.

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