INCANDESCENT

𝑁𝑜𝑠𝑡𝑎𝑙𝑔𝑖𝑒, 𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒́ℎ𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛, 𝑒𝑥𝑐𝑖𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛, 𝑎𝑚𝑒𝑟𝑡𝑢𝑚𝑒, 𝑐𝑟𝑎𝑖𝑛𝑡𝑒𝑠.

Un cocktail d’émotions tout aussi éreintant que grisant martelait chacun de mes sens. Du plus infime au plus vil. Voilà où j’en étais tandis que je bouclai ma dernière valise dans la chambre de ce modeste appartement parisien.

Dans moins de quatre heures maintenant, j’allais être dans l’avion avec pour destination : Sin City.

𝐿𝑎 𝑣𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑑𝑢 𝑝𝑒́𝑐ℎ𝑒́.

Plus communément appelée : Las Vegas.

Fuite ? Ras-le-bol ? Renouveau ?

Peut-être un mélange des trois.

Toujours est-il que je ne pouvais plus continuer de vivre comme ça. Avec cette douleur qui me tordait les tripes et me soulevait le bide, avec ce fantôme tapi dans l’ombre à me suivre en permanence. Cette voix familière qui résonnait sans relâche dans mon esprit dès que j’avais le malheur de baisser ma garde.

𝑃𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑢𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠, 𝑆𝑎𝑟𝑎. 𝑇𝑜𝑢𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠...

—Ragh mais ferme-la, maugréai-je dans un murmure en prenant ma tête entre les mains.

Les yeux clos, nerveuse, je soupirai.

Inspirai.

Expirai.

Le tout de manière lente et progressive afin de réfréner les palpitations qui prenaient un malin plaisir à fracasser mon cœur.

Une fois.

Deux fois.

Trois fois.

Mes muscles se détendirent. Ma respiration, elle, devint plus stable au fur et à mesure que je reprenais le contrôle.

Mes paupières se rouvrirent et mon regard balaya une dernière fois cette pièce aux tons chaleureux. Cette même pièce qui m’avait vue grandir, rire mais aussi, pleurer trop souvent. Elle fut à maintes reprises mon exutoire, ma sécurité. 𝑀𝑜𝑛 𝑟𝑒𝑝𝑒̀𝑟𝑒.

Aujourd’hui, j’allais la quitter. Pour de bon.

—Oh tu m’écoutes ?

La voix de mon ami Peter résonna depuis le haut-parleur de mon portable. Posé sur la table de nuit, près du lit, je me mis à le fixer sans vraiment le voir. Il me fallut plusieurs secondes pour reprendre contact avec la réalité.

—Putain, Sara ! Tu me réponds oui ou merde ?!

Mes yeux clignèrent. Je sortis de ma torpeur.

—Euh… oui… oui, balbutiai-je. Je t’écoute.

—J’te disais que j’allais avoir un petit peu de retard pour de te récupérer à l’aéroport. Une demi-heure, grand max.

—T’inquiète, je dis en prenant mon téléphone en main, je trouverai bien de quoi m’occuper. J’irai faire connaissance avec la population locale, comme ça.

—Les pauvres, railla-t-il.

—Je t’emmerde.

—Je t’aime aussi.

En train d’arpenter la chambre de droite à gauche, je levai les yeux au ciel.

Il m’agaçait.

Néanmoins, je savais que Peter était une épaule solide sur laquelle je pouvais m’appuyer. Il était mon roc, mon pilier, ma bouée de sauvetage. Même si la distance nous avait séparés, il avait toujours répondu présent lors de mes crises.

Et maintenant plus que jamais.

—Bon je vais te laisser, soufflai-je tandis que je venais de m’accroupir le long du mur. Mon taxi ne va pas tarder.

—Ça marche. À dans quelques heures !

—C’est ça. Allez, ciao.

—Ciao. Et bon vol.

Le moment tant attendu mais aussi tant redouté était là, devant moi. Je m’apprêtai à tourner pour de bon cette foutue page. Je ne voulais plus faire machine arrière.

𝑃𝑎𝑠 𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑓𝑜𝑖𝑠-𝑐𝑖.

Et même si la question de savoir si ce choix était le bon fustigeait dans ma tête, je me donnais du courage en me répétant que tout ce qui m’attendait désormais, n’allait jamais pouvoir être pire que l’enfer insidieux que j’avais vécu ces dernières années.

𝑃𝑜𝑢𝑟 𝑡𝑜𝑢𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠, 𝑆𝑎𝑟𝑎. 𝑇𝑜𝑢𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠…