Tout le reste va se passer

Partie 1

(Anna)

Je me suis encore disputée avec ma soeur et j’ai fini par m’endormir de chagrin. J’ouvre les yeux, il est 18H30. J’ai rendez-vous avec Ethan, mon chéri. Je dois lui faire le compte rendu de mon entrevu avec ma sœur. Je suis déçue mais c’est la vie. Elle me fait payer un lourd tribu pour avoir fait des choix différents d’elle.

Je fonce à la douche. Pendant que je m’habille, j’entends la sonnerie du portail ça doit être « le fiancé » Peter. Heureusement que je sors, je n’ai pas envie de passer ma soirée avec eux ! J’enfile mon jean et un chemisier dame, une petite ballerine. Je me maquille légèrement et je mets mon parfum, « Very Irresistible » de Gyvenchy. J’attrape mon sac et je sors.

Dès que j’arrive au salon. Je tombe sur maman, Annie et Peter. Ils en sont à l’apéritif. Je viens saluer. Il se lève, je n’aime pas la manière dont il me toise, comme si j’étais une pute, pourtant je suis décente. Il me fait la bise en me taquinant :

- Ah, ma femme est maintenant complète donc je suis complet. Tu te joins à nous ?

- Malheureusement non, j’ai un engagement ce soir…

- Ah ma femme… la bible nous dire de fuir loin du péché, mais toi tu poursuis le péché ma parole ?

Je lui jette un regard noir, ainsi qu’à ma sœur. C’est elle qui permet tout cela je m’adresse à maman :

- Maman je serai de retour à 22H30. Je vois Ethan ce soir. A propos de ce que tu sais.

- Ok, ma fille, le Seigneur t’accompagne !

- Amen maman.

Je n’ai même pas un regard pour Annie en sortant de la pièce. J’entends maman lui demander si on s’est disputée… Je n’entends pas sa réponse j’ai déjà ouvert le portail. Je hèle un taxi, riviera 2, je négocie mon tarif et je monte.

J’envoie un sms à Ethan « Tithan, je suis chez toi dans 15 minutes… luv ».

Ethan et moi nous nous sommes rencontrés la première fois pendant les vacances qui ont précédé mon départ aux USA. Il avait 18 ans, il était élève à l’Ecole Nationale de Musique à l’INSSAC en classe de terminal. Il venait de se convertir bien qu’il fusse né dans une famille chrétienne et mettait désormais son talent de bassiste au service du Seigneur à l’Eglise. Nous sommes restés en contact et j’avoue que pendant les hivers froids ou la solitude me gagnait, il était ma seule source de joie. Il me racontait ses histoires de cœur, et j’ai été témoin de sa rupture avec sa petite amie depuis 4 ans puis de ses moments de planages ou il couchait à gauche à droite…

Quand papa est décédé, j’étais ébranlée, il m’a soutenu. Ma famille paternelle nous en a fait voir des vertes et des pas mures. Heureusement qu’Annie et moi avions déjà 18 ans et étions capable de défendre notre mère sinon le pire serait arrivé…

Une intimité grandissante s’est installé entre nous jusqu’à ce que je m’offre à lui. Cela s’est fait sans remord ni regret. Il a été mon premier et mon vœux le plus cher est qu’il soit le dernier. Après cette première fois-là, nous avons parlé. Je connaissais tout de lui, et lui aussi de moi. Il était conscient de la valeur de cet acte et m’avoua qu’il avait des sentiments pour moi et qu’il ferait tout pour se montrer à la hauteur de cet acte…

J’en ai parlé avec ma sœur, cela par contre je le regrette, car depuis lors, elle me regarde de haut. Comme une fille sans vertu incapable de se préserver pour rentrer vierge dans le mariage… C’est devenu pire quand elle a rencontré son Peter là…

Bref on est arrivé. Je fouille dans mon sac pour régler ma course mais Ethan est là, il glisse un billet au chauffeur de taxi et m’ouvre la portière…Je descends et Il me serre fort contre lui… nous entrons dans son immeuble. Il habite un petits deux pièces. Je rentre je m’installe dans son unique canapé et je sers contre moi le gros nounours blanc qui trône en maitre des lieux. Ethan me regarde, il comprend, il va à la cuisine et revient avec une bouteille de Youki Pomme et un verre. Il s’assoit à mes côtés, me sert, m’arrache le nounours des bras et me tend mon verre… Je suis comme une petite fille. Je bois quelques gorgées et je dépose le verre. Il me demande :

- Ça c’est si mal passé ?

- Tu n’imagines même pas…

- Avec qui ta mère ?

- Non pire, avec l’autre moi…

Il me caresse le joue… je continue de parler

- Elle pense qu’on ne s’aime pas, que c’est une parodie d’histoire d’amour et qu’on veut se marier pour de mauvaise raison, et donc cet été c’est elle la star avec son mariage, et elle ne veut aucune ombre au tableau…

Je vois sa mâchoire se raidir… Je n’ose même pas lui dire qu’elle m’appelle Marie-couche-toi-là ! il me serre fort contre lui et me dis

- OK on va mettre ça de côté pour ce soir d’accord. ça ne change rien, tu es l’amour de ma vie et ta sœur et son riche Igbo n’y changeront rien d’accord ? Tu vas te détendre, enlève tes chaussures et mets-toi à l’aise d’accord… Je suis passé au poulet show en rentrant ! je t’ai pris du schoukouya de mouton et de poulet (viande cuite au feu de bois)…

Je souri

- C’est mieux comme ça.

Il se lève pour aller à la cuisine. Je vais dans chambre je me déchausse, j’enlève mon chemisier et j’enfile un de ses débardeurs. J’attrape une natte et je le rejoins au salon. Je dresse la natte et il apporte le dîner. A même le sol, nous dégustons notre plat. Dans la joie la bonne humeur. Il me raconte ses derniers « gombos » (petits contrats que font les musiciens professionnels pour arrondir leur fin de moi). Un dîner à l’ambassade des USA il avait du mal à se concentrer sur son jeu tellement les gars dansait mal. Il se met à m’imiter la danse de l’ambassadeur des usa sur un morceau de meiway, je rigole à m’étouffer…

Nous avons fini de manger j’ai débarrassé et lavé les quelques assiettes sales pendant qu’il balayait le salon. Et nous avons fini la soirée par une discussion assez sérieuse dans sa chambre :

- Nana, si ta sœur veut être la star de cet été, on peut lui laisser ce privilège tu sais ? Apparemment il y a quelque chose qu’elle ne te pardonne pas. Si tu la contraries, vos relations en prendront vraiment un coup…

- Tu as raison, mais ça me gêne vraiment… je ne comprends pas qu’elle soit si égoïste…

- Nana, dis-toi que c’est un cri de douleur qu’elle exprime… tu m’as dit que tu ne la sens plus n’est-ce-pas ? Que tu as perdu ta connexion avec elle depuis quelques temps…

- Oui, je sens que tout ça c’est lié à ce Peter-là. Quand je lui en ai parlé, elle m’a ris au nez, en disant qu’elle s’était fait délivré des liens ancestraux…

- Ma puce, l’histoire de ta sœur là n’est pas simple. Il faut que tu sois très proche d’elle et que tu pries… Je sais que tu aimes l’évangile des Blancs très froid très carré, mais ici c’est l’Afrique…

Je regarde mon chéri. Je trouve qu’il a muri, on est couché sur son lit. Il ne fait rien pour provoquer de l’électricité entre nous. Il est juste tendre. Nous continuions à parler de la vie de famille que nous voulons avoir, de la place de chacun et de nos rêves. Il prend sa guitare pour me faire écouter sa dernière composition. C’est une chanson qui parle de changer de cœur et de se laisser transformer par le cœur du Christ…

Il est déjà 22H, je me change, nous descendons. Il me raccompagne chez moi à Angré en taxi. Nous arrivons, je sonne. Bernard le gardien nous ouvre. Je demande si maman dors, apparemment non. Ethan m’accompagne au salon, il salue maman, discute cinq minutes avec elle puis je le raccompagne. Nous échangeons un smack au portail et je rentre. Ma mère m’accueille :

- Alors et vos projets ?

- Tu sais maman, Annie et Peter avait déjà retenu cette période-là, je crois qu’il serait égoïste de vouloir venir nous immiscer dans leur programme…

- Mais j’ai toujours pensé que vous rêviez de vous marier toutes les deux le même jour…

Je lui fais un sourire triste…

- Maman, c’était des histoires de petites filles…

- Anna, tout va bien ?

- Oui maman, ne t’inquiète pas. Je suis un peu fatiguée, demain je verrais avec Annie pour les préparatifs de son mariage...

- D’accord ma fille, Dieu te garde !

- Amen maman !

Je rejoins ma chambre, je remarque de la lumière sous la porte d’Annie, je toque… J’ouvre la porte je dis doucement :

- Je viens en paix…

- Entre

Je trouve qu’elle a quelque chose de triste dans le regard.

- Je suis désolée pour toute à l’heure Annie, tu as raison. C’est pas comme si on avait choisi cette date ensemble. C’est ta date et je n’ai pas m’imposé… Ethan et moi on attendra… Je serai là pour toi et pour faire de ton mariage la plus belle des réussite…

Je vois une larme coulée sur son visage, elle me serre contre elle… Très fort, j’aime vraiment ma sœur, et j’aime Ethan qui fait tout pour préserver notre lien…

- J’étais tellement triste quand tu es partie. Je pensais que tu m’en voulais Anna…

- Non, je ne peux pas rester fâchée contre toi… tu le sais très bien

J’ai envie de lui parler de ma conversation avec Ethan, mais je me retiens… Je l’embrasse et je vais dans ma chambre. Je me change, je me couche j’appelle Ethan, et nous prions ensemble quelques minutes avant que je ne m’endorme…