Ma mère était un serpent

- Personne ne m'aide à éduquer ma fille, personne ne m'aide à l'envoyer à l'école alors personne ne doit aussi m'aider à taper sur elle... je ne veux plus que mon enfant revienne à la maison en pleurant et que ce soit la toute et dernière fois.

J'avais quatre ans, mais ce jour, je n'oublierai jamais ces paroles qui étaient sorties de la bouche de maman à l'encontre d'une voisine qui avait osé porter main sur moi en l'absence de ma maman qui était au marché afin de chercher ce que nous devions manger le soir avant le coucher

- Laisse ça , la mauvaise éducation que tu donnes à ta fille , j'espère aussi que tu ne vas pas lui donner le serpent que tu caches dans ta maison là ! Tu penses qu'on ignore que c'est pourquoi ton mari t'avait abandonnée

- C'est ce que vous dites dans vos chambres ici, que j'ai le serpent mais personne n'a jamais réussi à prouver , mon mari comme tu dis, vous avez tout fait pour qu'il m'abandonne, qui ignore que vous étiez ici entrain de courir derrière lui ?

- Anaba , va à l'église et remets le serpent !! cette vie ne te sied pas! Voilà déjà l'enfant que tu formes dans ça ! Elle commence déjà à avoir tes mauvaises habitudes là !

- Fichez moi la paix! C'est mon enfant ! Comme vous me détestez , c'est aussi cette haine que vous voulez déjà mettre sur mon enfant! Bande de méchants, c'est même vous les véritables sorciers ici!

Des chamailles de chaque jour, j'étais déjà habituée à ce que l'on dise tout de ma maman mais si il ya quelque chose que j'aurai aimé vous dire c'est que maman était la meilleure au monde , la plus adorable et la plus protectrice Avec le temps, lorsque je grandissais , j'avais fini par comprendre que je devenais une jeune dame grâce à ses efforts et grâce à ses sacrifices.

Un soir, je l'ai trouvée en pleures dans sa chambre, je lui ai demandé pourquoi elle pleurait .

Avant de me répondre , maman m'a serrée dans ses bras et m'a dit

- Ma fille, joyeux anniversaire !

Oui , moi même je ne savais pas quel jour j'étais née, ou alors je savais mais je n'y prêtais pas attention L'année pouvait finir sans que maman ne mentionne mon anniversaire mais ce jour elle l'avait fait

- Tu as dix ans aujourd'hui ! Je me rappelle encore le jour où je t'avais accouchée ! A la dernière minute , ton père m'avait abandonné me laissant sans rien, sans argent ni même une simple serviette, j'ai dû me battre pour arriver en rampant au petit centre de santé pour que tu puisses venir au monde...

Elle dégageait une émotion particulière en me racontant cette histoire qui était tellement triste.

- Lorsque je t'ai accouchée, le docteur m'a demandée de payer mais je n'avais même pas un seul radis, Dieu merci , il m'a encore demandée de payer quand j'en aurai , et c'est comme cela que j'ai réussi à régler cette dette durant deux ans grâce au petit commerce que je faisais , sans compter que toi aussi tu devais te nourrir. Moi, je pouvais rester comme ça, j'étais déjà habituée Tiphaine !

TIPHAINE: Mais pourquoi tu pleures maman ? C'est un jour heureux, tu dois être heureuse d'avoir réussi !

- Ma fille, ce sont des larmes de joie, ce sont des larmes de bonheur, ne t'inquiète pas!

Elle me serra encore plus fort...

- je n'ai rien à t'offrir mais je te promets que dès que je fais mes prochaines ventes je t'achèterai un gros cadeau

TIPHAINE: Tu n'en as pas besoin Maman, le plus gros cadeau que tu ais pu me faire est celui de la vie et je t'en serai reconnaissante jusqu'à la fin de ma vie! Pour toi maman je serai une grande dame afin de te rendre très heureuse

- Merci ma fille, je t'aime ! Quand les gens me traitent de sorcière... Une sorcière saurait tarder sa fille pendant de nombreuses années ? Des jaloux qui ont été surpris que je m'en sorte

TIPHAINE: Et ils le seront encore plus lorsque tu seras heureuse!

- Merci ma fille !

Au fait, moi c'est Tiphaine... j'écoutais maman parler non seulement avec de l'attention mais j'étais très admirative.

Maman était ma motivation et je l'aimais plus que tout dans le monde, rien ne pouvait me séparer d'elle, même la mort, je ne sais pas si elle aurait réussi à m'arracher maman En fait je ne parvenais pas à concevoir le fait que maman pouvait mourir tant que je suis encore enfant ou alors tant que je ne puisse déjà lui offrir un petit confort.

J'étais très petite lorsque j'avais compris que ma mère m'avait éduquée toute seule, sans l'aide de personne, elle était entrain de faire de moi une grande femme. Elle n'avait personne, tout le monde l'avait abandonné, elle m'avait même parlé de sa famille qui l'avait chassé, ses parents qui l'avaient renié et que moi, Tiphaine , j'étais toute sa famille désormais et je lui avais dit

TIPHAINE: Toi aussi maman, tu restes et demeures ma seule famille !

Nous avions continué de nous battre comme d'habitude, les années passaient tellement vite. Lorsque j'ai eu douze ans et que j'allais en quatrième, je décidai de parfois aider maman qui se fatiguait déjà sous le poids des travaux ménagers et ceux de la ville.

Alors avant d'aller en classe le matin, je faisais d'abord tous les travaux de la maison ensuite je l'aidais à aller déposer la marchandise au marché.

Un matin alors que je suis allée déposer ses sacs pendant qu'elle était encore derrière, une femme avec qui elle avait pour habitude de vendre me dit

- Tu vas où avec les sacs là ?

J'avais trouvé sa question très bizarre car, ce n'était pas la première fois qu'elle me voyait arriver avec les effets de maman Du coup, je n'avais même pas répondu... J'ai juste déposé quand elle l'a balancé d'une main et toute la marchandise s'est renversée au sol

- Ne dépose pas ça là ! Ta mère est où ? Elle ne t'a pas dit qu'on ne veut plus d'elle ici? On lui a dit depuis deux jours de ne plus venir vendre ici, qu'elle cherche un autre endroit ?

-TIPHAINE: Mais pourquoi ? Elle ne m'a rien dit

- Alors, tu vas lui demander ! Ne dépose plus les choses là ici!

Je me suis assise pour attendre maman , mais elle n'était pas arrivée...

L'heure de l'école était même passée, sans que je ne m'en rende compte Je suis rentrée à la maison quelques heures après avec les sacs quand je trouve maman placée dans la cour Je suis d'abord surprise...

TIPHAINE: Maman mais tu ne m'as pas suivie ce matin pourquoi ? La tantine qui vend souvent à côté de toi là a dit que tu ne dois plus vendre là-bas

- Hum ma fille, laisse ! C'est juste que je n'ai pas vu lorsque tu étais entrain de sortir, sinon je devais te demander de laisser ! J'ai décidé de ne plus vendre à côté de ces sorciers, c'est pourquoi elles te disent ce qu'elles te disent là ! Sinon hein ! Laisse ! Ce n'est pas grave ! Je vais chercher un autre endroit très bientôt ! Viens!