À cet instant, l'amour que je lui portais est mort. Il venait de renier son propre sang pour une femme et un domaine.
Mon cœur s'est glacé. J'ai regardé Liam droit dans les yeux et, d'une voix forte, j'ai lancé devant toute l'assemblée :
« Cet enfant n'est pas ton fils. »
Puis, j'ai pris la main de mon fils, prête à redevenir Éléna Claude, l'héritière qu'ils n'auraient jamais dû sous-estimer.
Chapitre 1
Éléna Claude POV:
J'ai tout donné, tout abandonné pour lui. Mon nom, ma fortune, mon avenir. Cinq ans de ma vie, passés à vivre dans l'ombre, à prétendre être quelqu'un que je n'étais pas, tout ça pour un amour qui, aujourd'hui, sent la rose et le mensonge.
Il est rentré, tard, comme d'habitude. L'odeur de Prunelle Lafont flottait autour de lui, âcre, entêtante. Ce parfum de rose, doux-amer, m'agrippait la gorge, m'empêchant de respirer. C'était devenu le symbole de sa trahison, une seconde peau qu'il ramenait à la maison.
Je me suis reculée. Mon corps tout entier hurlait de dégoût. Chaque muscle se raidissait.
"Éléna, qu'est-ce que tu as ?" a-t-il murmuré, sa voix trop douce, pleine d'une fausse tendresse.
Il a tendu la main vers moi. J'ai esquivé son toucher, comme si sa peau était brûlante.
"Ne t'approche pas," j'ai dit, ma voix étranglée, à peine un murmure.
L'explication est venue, clichée, usée. "C'est juste du travail, ma chérie. Tu sais, les Lafont... Il faut bien s'entendre pour les affaires, non ?"
Il promettait que ça ne se reproduirait plus. Toujours les mêmes mots, creux, sans substance.
Mon cœur s'était transformé en pierre. Chaque "je t'aime" qu'il prononçait sonnait faux, comme une blague amère. Je ne pouvais plus le croire. Les mensonges avaient tissé une toile épaisse entre nous.
Il a insisté, s'approchant de nouveau. Sa main a effleuré ma joue. C'était une caresse mécanique, sans âme. Une tentative désespérée de racheter ce qui était déjà perdu.
Je me suis souvenue de la première fois que nos regards se sont croisés. Un gala de charité à Paris, loin de tout ça. J'étais la fille de Adalbert Claude, l'héritière du Groupe Claude. Il était un vigneron ambitieux. Ses yeux, d'un bleu profond, m'avaient capturée.
Je m'étais sentie tomber, irrémédiablement, quand il m'avait rattrapée ce soir-là. Un verre de champagne brisé, ma robe de créateur tachée. Il s'était agenouillé, ses mains fortes tenant les miennes, un sourire désarmant. "Permettez-moi de vous aider, mademoiselle." Mon sauveur.
Il avait déclaré son amour avec une telle ferveur, une telle passion. "Tu es à moi, Éléna. À moi, et à personne d'autre." Ses mots avaient résonné en moi comme une promesse sacrée. J'avais cru que son amour était une forteresse, inébranlable.
Il a essayé de m'embrasser. Sa bouche, qui avait autrefois été mon refuge, était maintenant une source de révulsion.
Je l'ai repoussé avec toute la force que je pouvais rassembler. Il a chancelé, surpris par ma réaction.
"Qu'est-ce qui ne va pas ?" a-t-il demandé, son visage marqué d'une fausse incompréhension.
Ce n'était plus l'homme que j'avais aimé. L'image de mon sauveur s'était brisée, révélant un étranger, faible et manipulateur.
L'odeur de Prunelle. Elle imprégnait tout. Ses vêtements, sa peau, ses cheveux. C'était comme si elle était là, entre nous, une présence invisible et toxique.
J'ai essayé de me dégager, de fuir cette étreinte qui me suffocait.
J'ai senti son cœur battre contre le mien. Son cœur, qui battait pour une autre. La pensée m'a déchirée.
Ses mots, autrefois des mélodies, étaient devenus des bruits parasites. Des excuses. Des platitudes.
Ses promesses. Elles s'envolaient, légères et futiles, comme des feuilles mortes emportées par le vent.
Il était perdu dans son monde, aveuglé par son ambition. Il ne voyait pas la destruction qu'il laissait derrière lui. Il ne me voyait plus. Il ne nous voyait plus.
Je l'ai regardé, fixement. Mon regard s'est empli de déception, de rage. Une rage froide, implacable.
« Laisse-moi. »