Cette même nuit, sa mère est morte. J'ai essayé de l'appeler, mais c'est son ex-fiancé - l'homme qui l'avait abandonnée dans les flammes - qui a répondu au téléphone.
Elle était avec lui, enceinte de son enfant, pendant que sa mère mourait seule dans un hôpital.
À l'enterrement, elle s'est effondrée et a perdu le bébé. Son amant a hurlé que c'était de ma faute, et elle est restée à ses côtés, le laissant m'accuser.
J'ai divorcé. Je pensais que c'était fini.
Mais en sortant du cabinet de l'avocat, son amant a essayé de m'écraser avec sa voiture. Isabelle m'a poussé, encaissant le choc elle-même. Dans son dernier souffle, elle a avoué la vérité.
« Le bébé... c'était le tien, Adam. Ça a toujours été le tien. »
Chapitre 1
Le titre brillait sur l'écran du téléphone d'Adam Fournier. « La Titan de la Tech et le Secret de Six Ans : Le Retour au Sommet d'Isabelle Mercier. »
Il regarda la vidéo, son pouce planant au-dessus de l'écran. Isabelle, sa femme, paraissait sûre d'elle et posée dans un tailleur strict, à des années-lumière de la femme brisée qu'il avait épousée.
Une journaliste souriait. « Isabelle, votre succès est une source d'inspiration. Mais nos lecteurs sont curieux au sujet de votre mari, Adam Fournier. Il vous a sauvée de ce terrible incendie du centre de données il y a six ans. Est-ce une grande histoire d'amour ? »
Le rire d'Isabelle était léger, mais ses yeux étaient froids. « Adam est un homme bon. J'étais reconnaissante, et il a été là pour moi quand j'étais au plus bas. Je lui devais beaucoup. »
Elle marqua une pause, laissant ses mots flotter dans l'air. « Mais la gratitude, ce n'est pas de l'amour. Je pense que nous l'avions tous les deux compris. »
Les mots ont frappé Adam avec la violence d'un coup de poing. Six ans. Six ans de dévotion, à prendre soin non seulement d'elle, mais aussi de sa mère dans le coma, Henriette. Tout ça, réduit à une dette payée.
Il sentit un rire amer et creux monter dans sa poitrine. Un idiot. Il n'était qu'un idiot.
La section des commentaires sous la vidéo a explosé.
« Wow, elle vient de traiter son mari d'œuvre de charité en direct à la télé. »
« Six ans de gratitude ? Ça fait une longue carte de remerciement. »
« Le pauvre, il doit encore croire qu'elle l'aime. »
La main d'Adam se crispa sur le téléphone jusqu'à ce que ses jointures blanchissent. Il n'avait pas besoin d'en lire plus. L'humiliation publique n'était que du sel sur une plaie qui suppurait depuis des années.
Il se leva, ses mouvements raides. L'illusion était brisée. Il n'y avait plus rien à faire semblant. Il se dirigea vers la fenêtre, les lumières de la ville se brouillant à travers l'humidité soudaine dans ses yeux.
C'était fini.
Il sortit à nouveau son téléphone, ses doigts bougeant avec une nouvelle et froide détermination. Il ne l'appela pas. Il appela son avocat.
« David, c'est Adam. »
« Adam, quoi de neuf ? T'as vu l'interview d'Isabelle ? Elle cartonne. »
« Ouais, j'ai vu », dit Adam, la voix plate. « J'ai besoin que tu prépares les papiers du divorce. »
Il y eut un silence stupéfait à l'autre bout du fil. « Whoa, attends. Qu'est-ce qui s'est passé ? »
« Fais-le, David. Je veux que ce soit fait pour demain matin. »
« Adam, tu es sûr ? C'est une grosse étape. »
« Je n'ai jamais été aussi sûr de toute ma vie », dit-il, et il raccrocha.
Il ferma les yeux, prenant une profonde inspiration avant de se retourner et de marcher dans le couloir. Il poussa la porte de la chambre principale, qui avait longtemps été transformée en chambre médicalisée.
Henriette Mercier gisait immobile dans le lit d'hôpital, les seuls sons dans la pièce étant les bips silencieux et rythmés de ses appareils de survie. Pendant six ans, cette pièce avait été le centre du monde d'Adam. Il avait appris à changer les poches de perfusion, à surveiller ses constantes, à la retourner toutes les deux heures pour éviter les escarres.
Il approcha une chaise de son chevet, ses mouvements doux et habitués. Il prit sa main frêle et immobile dans la sienne.
« Salut, Henriette », murmura-t-il, la voix épaisse. « J'imagine que tu as entendu. Ou peut-être pas. Ta fille... c'est une grande star maintenant. »
Il fixa l'expression paisible et vide sur le visage de sa belle-mère. Elle était la seule à qui il pouvait parler, la seule qui avait été le témoin silencieux de son mariage à sens unique.
« Elle l'a dit au monde entier aujourd'hui, Henriette. Elle a dit à tout le monde qu'elle ne m'avait jamais aimé. C'était juste... de la gratitude. »
Il laissa échapper un souffle tremblant. « Et le plus stupide, c'est que je crois que je l'ai toujours su. Je ne voulais juste pas y croire. Je pensais que si je l'aimais assez pour nous deux, peut-être qu'un jour... »
Il s'interrompit, secouant la tête. Quelle pensée pathétique.
« Je m'en vais, Henriette. Je le dois. Je ne peux plus faire ça. »
Il serra doucement sa main. « Je m'assurerai qu'on s'occupe de toi. Je te le promets. Mais je ne peux plus être son mari. Ça me tue. »
La seule réponse fut le bourdonnement régulier du ventilateur. Un instant, le silence lui parut un jugement. Il avait construit toute sa vie autour de ces deux femmes, et maintenant, il partait. Mais il ne s'éloignait pas vraiment d'elles. Il s'éloignait du mensonge dans lequel il avait vécu.
La vérité, c'est qu'il était seul dans ce mariage depuis longtemps. La seule différence, c'est que maintenant, le monde entier le savait aussi.
Il regarda de nouveau Henriette, un éclair de mémoire traversant son esprit. Un souvenir d'un autre temps, avant l'incendie, avant la gratitude. Un temps où il avait vu Isabelle Mercier pour la première fois et avait pensé qu'elle était la plus belle fille du monde.
Il y a une éternité.