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L'odeur âpre de l'hôpital me poignardait, tout comme la vue de mon frère, Pierre, brisé, son corps martyrisé sur ce lit, victime de ceux qui nous avaient déjà volé notre père. Mon père, Jacques Dubois, détective acharné, mort pour avoir touché de trop près la corruption qui rongeait cette ville, laissant derrière lui des dossiers oubliés et des ennemis puissants. Quand j'ai tenté la voie légale, la police m'a repoussée, mon indignation traitée avec un mélange de pitié et d'agacement, mon dépôt de plainte classé sans suite comme une vulgaire feuille morte. L'humiliation cuisante et l'impuissance des forces de l'ordre m'ont battue, me laissant à terre, le genou ensanglanté, mais l'âme bien plus meurtrie encore. De retour au cabinet paternel, l'odeur de papier vieilli et de tabac froid m'a guidée vers cette boîte scellée, son dernier héritage : « Les Impossibles » – des affaires non résolues, une toile de corruption que lui seul avait commencé à démêler. Ce soir-là, devant la Tour Moreau, ce gratte-ciel de verre et d'acier, symbole de l'empire corrompu d'Auguste Moreau, je me suis posée une question. Comment combattre un monstre qui avait déjà terrassé mon père et mon frère, laissant ce dernier à peine vivant, un simple souffle ? La justice légale s'était avouée vaincue, mais je n'abandonnerais pas ; je me suis avancée, non pas pour l'accuser, mais pour lui offrir mes services, la plus audacieuse et terrifiante des trahisons. Face à Auguste Moreau, l'homme qui avait orchestré notre malheur, j'ai présenté l'impensable : devenir son alliée, manipuler son monde de l'intérieur, armée du savoir de mon père sur ses faiblesses. Mon plan était d'orchestrer sa chute ; non pas une vengeance rapide, mais une dissolution lente et méthodique, pour lui ôter tout ce qu'il possédait, jusqu'à ce qu'il soit aussi brisé et seul que mon frère. Moreau pensait avoir engagé une conseillère, mais il avait en réalité invité une empoisonneuse dans son antre.