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Cinq ans. Cinq ans que le parfum des fleurs coupées masquait l' odeur âpre du chagrin. Cinq ans que ma boutique parisienne était le seul refuge d' une pianiste prodige déchue, ma fille Clara mon unique raison de vivre. Un tintement familier. Louis Dubois. Mon bourreau, l' homme qui, par cynisme et vengeance, avait diffusé nos moments intimes pour briser ma carrière, causant la mort de mes parents. Il était là, devant moi, souriant. Avec sa fiancée, Chloé Martin, celle-là même dont mon père avait dénoncé la tricherie au concours de piano, déclenchant cette spirale infernale. Il venait me jeter un ultime "déchéance", m' humiliant une fois de plus. Puis, mon cœur s' arrêta. Son regard tomba sur le dossier médical : Clara, ma petite Clara, atteinte de leucémie. Il savait. « Chloé a besoin d' une gouvernante. Le salaire couvrira n' importe quel traitement, » dit-il, transformant ma douleur en monnaie d' échange. Mon monde s' écroula. Il me proposait un pacte avec le diable. Ma dignité contre la vie de ma fille. Les jours qui suivirent furent un enfer d' humiliation et de torture, orchestrés par Chloé et tolérés par Louis. Jusqu' à cette nuit où, ivre, il me jeta dehors. Mais d' une bribe de conversation entendue, et d' une marque de naissance sur l' épaule de Clara, une vérité indicible frappa Louis : Clara était sa fille. La culpabilité le déchira. Il m' expulsa, puis s' effondra, anéanti. J' étais à jamais brisée, humiliée, sans espoir. La vie de Clara dépendait d' un traitement coûteux. Je le savais, je n' avais plus le choix : je devais le supplier, me vendre corps et âme pour ma fille. À genoux. Mais alors que Chloé riait de ma détresse, menaçant de « débrancher les machines » de ma fille... Quelque chose en moi se brisa différemment. Le non prononcé dans mon cœur résonna comme la fin du calvaire. Je m' enfuis, n' ayant plus rien à perdre, mais laissant une lettre cruciale. Je fis le sacrifice ultime, me jetant à corps perdu dans la seule chose qui pouvait encore la sauver, seule. Je me réveillai. Pas en enfer, mais dans mon lit, cinq ans en arrière. Une deuxième chance. Et cette fois, je protégerais ma fille. À tout prix.