Liaison Périlleuse

Logan Carter se tenait devant l'immense baie vitrée de

l'appartement où il venait de finir sa séance d'entraînement avec l'un de ses

clients réguliers. Le soleil de l'après-midi baignait la pièce de lumière, et

ses pensées vagabondaient alors qu'il observait la ville s'étendre devant lui.

Il avait toujours trouvé fascinant de contempler cette jungle d'acier, de béton

et de verre. Elle lui rappelait à quel point la vie pouvait être chaotique,

imprévisible, un peu comme la sienne.

Logan n'était pas seulement un simple entraîneur personnel.

Certes, c'était la partie de son travail que tout le monde connaissait, celle

qu'il montrait fièrement, celle qui faisait de lui un homme respecté dans

certains cercles. Mais il avait une autre vie, une vie bien différente, qui se

déroulait une fois la nuit tombée.

Il attrapa son sac de sport et jeta un dernier coup d'œil à

son client, qui s'efforçait de retrouver son souffle après une séance intense.

- Bon

travail aujourd'hui, Mark, dit-il en s'approchant de la porte. On se voit

jeudi ?

- Ouais,

ouais, répondit Mark entre deux respirations haletantes, tu m'as tué, mais

c'était nécessaire. Merci, Logan.

Un sourire apparut brièvement sur le visage de Logan, mais

son esprit était déjà ailleurs. Il savait que d'ici quelques heures, il ne

serait plus cet entraîneur personnel, dévoué à transformer des corps et à

motiver ses clients à donner le meilleur d'eux-mêmes. Non, une fois la nuit

venue, il devenait quelqu'un d'autre.

Il rentra chez lui, un appartement moderne et épuré, où tout

semblait être à sa place. Rien n'y indiquait le type de vie qu'il menait une

fois que le soleil disparaissait. Logan savait garder les apparences. Son

téléphone vibra sur la table basse, le rappelant à l'ordre. Il le saisit et lut

rapidement le message qui s'affichait à l'écran. C'était son agent.

« Ce soir, même endroit. 21 h. Cliente régulière. Camilla.

»

Un soupir s'échappa de ses lèvres. Camilla Donovan. Il la

connaissait bien. Trop bien, peut-être. Elle était l'une de ses clientes les

plus exigeantes, une femme qui savait ce qu'elle voulait et ne tolérait aucune

demi-mesure. Chaque rencontre avec elle était un jeu de pouvoir, une danse

dangereuse entre domination et soumission, entre désir et contrôle.

Logan savait à quoi s'attendre, mais cela ne l'empêchait pas

de ressentir une certaine appréhension chaque fois qu'il devait la rencontrer.

Elle avait ce don de le déstabiliser, de faire tomber les barrières qu'il

s'efforçait de maintenir. Mais ce n'était pas de l'attirance. Non, c'était

autre chose, quelque chose de plus sombre, de plus profond.

Il jeta un coup d'œil à l'horloge. Il avait quelques heures

avant de devoir se préparer pour la soirée. Il profita de ce répit pour prendre

une douche, laissant l'eau chaude couler sur son corps musclé, effaçant la

fatigue accumulée de la journée. Ses muscles étaient tendus, son esprit déjà

tourné vers la nuit à venir.

Il enfila un costume sur mesure, un de ceux qui mettaient en

valeur chaque courbe de son corps. Camilla appréciait le raffinement, le luxe,

et Logan s'assurait toujours de répondre à ses attentes. Il savait que dans ce

monde-là, tout était une question d'apparence, de contrôle.

Il quitta son appartement un peu avant 21 h, laissant

derrière lui l'image de l'entraîneur personnel professionnel. Il n'était plus

Logan Carter, l'homme à l'emploi respectable et aux horaires de jour. Il

devenait Logan, l'escort de luxe, celui que les femmes puissantes et influentes

convoitaient.

Arrivé à l'hôtel, un établissement cinq étoiles où chaque

rencontre avait lieu, il traversa le hall sans prêter attention aux regards

curieux des autres clients. Il connaissait les règles. Il n'était pas là pour

attirer l'attention. Juste pour faire son travail.

Camilla l'attendait déjà dans la suite privée qu'elle

réservait systématiquement. La porte s'ouvrit doucement sur une vision

familière. Elle était là, assise dans un fauteuil en cuir, une coupe de

champagne à la main, les jambes croisées avec élégance. Ses yeux verts perçants

se posèrent immédiatement sur lui, un sourire satisfait se dessinant sur ses

lèvres rouges impeccablement peintes.

- Logan,

murmura-t-elle en se levant doucement, comme si chaque mouvement était calculé,

orchestré. Toujours à l'heure.

Il hocha la tête sans dire un mot, habitué à son petit jeu

de séduction. Camilla était belle, incroyablement belle, mais elle dégageait

surtout une puissance brute, une assurance écrasante qui en aurait intimidé

plus d'un. Mais pas Logan. Pas ce soir.

Elle s'approcha lentement, ses talons claquant doucement sur

le sol. Elle lui tendit la coupe de champagne qu'elle avait en main, et il

l'accepta, bien qu'il savait pertinemment qu'il n'en boirait qu'une gorgée par

politesse.

- Tu

as eu une longue journée, je présume ? demanda-t-elle, bien que la

question semblait plus rhétorique qu'autre chose.

- Une

journée comme une autre, répondit Logan en la regardant droit dans les yeux.

Camilla aimait tester les limites. Elle aimait savoir

jusqu'où elle pouvait pousser les hommes autour d'elle. Logan avait appris à

jouer ce jeu, à entrer dans son monde sans jamais vraiment s'y perdre. Du

moins, c'est ce qu'il essayait de se dire.

- Ce

soir, j'ai envie que tu restes un peu plus longtemps, murmura-t-elle, son doigt

effleurant doucement la manche de son costume. J'ai eu une semaine difficile,

et j'ai besoin de me détendre. Je veux... plus de toi.

Il sentit une légère tension monter en lui. Il savait

qu'elle ne parlait pas seulement de temps. Camilla ne faisait jamais rien à

moitié. Elle voulait toujours plus. Plus d'attention, plus de contrôle, plus de

pouvoir.

- Tu

sais que je ne mélange pas les affaires et les sentiments, répondit-il

calmement, un rappel subtil des limites qu'il s'était fixées.

Elle haussa un sourcil, un mélange de surprise et

d'amusement dans ses yeux.

- Sentiments ?

Logan, voyons. Ce n'est qu'une question de plaisir. Rien de plus, rien de

moins.

Il serra légèrement la coupe de champagne dans sa main,

conscient que ce moment pouvait devenir bien plus compliqué s'il ne jouait pas

correctement ses cartes. Camilla était puissante, et une erreur avec elle

pouvait avoir des répercussions.

- Très

bien, dit-il finalement, se pliant aux règles du jeu. Qu'est-ce que tu veux,

Camilla ?

Elle sourit, satisfaite. Elle s'approcha encore plus près,

jusqu'à sentir son souffle sur sa peau.

- Ce

soir, Logan, tu es à moi.

C'était toujours ainsi avec elle. Un jeu de contrôle, de

domination. Un jeu dans lequel Logan savait qu'il devait rester prudent, sous

peine de se perdre dans les filets de cette femme redoutable.

Il prit une autre gorgée de champagne, sachant pertinemment

que la nuit ne faisait que commencer, et que les véritables enjeux, ceux qui

allaient définir le reste de sa vie, étaient peut-être déjà en train de se

jouer.

Logan savait que Camilla ne se contenterait jamais d'un

simple arrangement, d'un rendez-vous comme les autres. Lorsqu'elle l'avait

contacté pour ce qu'elle appelait un « contrat exclusif », il s'était attendu à

quelque chose de plus que les habituels échanges polis et les jeux de

séduction. Camilla ne demandait jamais sans avoir déjà en tête un plan bien

ficelé, et il en avait conscience. Cette exclusivité serait différente.

La proposition arriva le lendemain de leur dernière

rencontre. À peine réveillé, Logan aperçut un message de son agent, lui

demandant de rappeler Camilla au plus vite. Un frisson de contrariété parcourut

son dos. La veille, elle lui avait parlé d'un éventuel contrat plus régulier,

mais il ne s'était pas attendu à ce qu'elle passe à l'action aussi rapidement.

Il se souvenait encore de ses mots, de la manière dont elle l'avait regardé,

avec cette intensité troublante.

« Logan, tu es différent, » avait-elle murmuré, ses doigts

effleurant la ligne de sa mâchoire, « je veux que tu sois à moi. »

À l'époque, il avait simplement esquissé un sourire, croyant

à une autre de ses tentatives de le mettre mal à l'aise. Mais visiblement, elle

ne plaisantait pas. En consultant le message, il constata qu'elle avait déjà

mis en place les premières démarches pour que l'accord soit officiel.

Logan appela son agent, James, qui confirma la

nouvelle.

- Camilla

veut te voir exclusivement pendant les six prochains mois. Elle est prête à

payer un montant faramineux. Tu ne devras plus accepter d'autres clients

pendant cette période, bien sûr.

Logan hésita. C'était une proposition tentante, il ne

pouvait pas nier l'attrait financier. Mais l'idée de se retrouver lié

uniquement à Camilla durant six mois lui pesait déjà. Elle était intense,

exigeante, et il avait l'impression que plus il entrait dans son orbite, plus

il risquait d'y perdre une partie de lui-même.

- Je

vais y réfléchir, répondit-il prudemment.

James haussa un sourcil, bien que Logan ne puisse que

l'imaginer de l'autre côté de la ligne.

- Franchement,

Logan, qu'est-ce qu'il y a à réfléchir ? Cette femme te propose plus que

ce que tu pourrais gagner en deux ans. Ça te laisse du temps pour souffler, te

concentrer uniquement sur elle et tes entraînements en journée. Ça semble être

le rêve, non ?

- Peut-être,

mais... cette femme, elle est différente. Elle ne se contente pas de l'accord

basique. Elle a une sorte de... besoin de contrôle qui dépasse l'entendement.

James rit doucement.

- C'est

exactement pour ça qu'elle te paie. C'est un jeu pour elle, un jeu de pouvoir.

Et elle a trouvé en toi le parfait adversaire. Ne le prends pas

personnellement.

Logan acquiesça sans grande conviction. Ne pas prendre

Camilla personnellement ? C'était bien plus facile à dire qu'à faire. Elle

avait cette manière de pénétrer dans ses pensées, de le pousser à repousser ses

limites, toujours un peu plus loin. Mais il ne pouvait pas se mentir. L'offre

était trop bonne pour la refuser.

Il accepta finalement.

**Plus tard dans la semaine**, ils avaient leur premier

rendez-vous sous les termes du nouveau contrat. Camilla avait insisté pour

qu'ils se rencontrent dans un cadre différent, plus intime. Elle avait réservé

une suite dans un hôtel encore plus luxueux que d'habitude, un lieu où

l'opulence semblait être l'unique critère. Les murs étaient tapissés de soie,

les lustres scintillaient comme des étoiles capturées, et l'odeur du bois

précieux emplissait l'air.

Logan arriva dans la suite vers 20 heures, habillé en

conséquence, son costume noir parfaitement ajusté, sa chemise blanche

contrastant avec son teint légèrement bronzé. La tension dans son corps était

palpable. Il savait que Camilla avait soigneusement orchestré chaque détail de

la soirée.

Elle l'attendait, comme à son habitude, un verre à la main.

Ce soir, elle portait une robe d'un bleu profond, presque noir, qui épousait

ses formes avec une précision exaspérante. Ses cheveux blonds tombaient en

cascades sur ses épaules, et son regard brillait d'une lueur que Logan

connaissait trop bien : celle de la possession.

- Logan,

dit-elle doucement en se levant pour le rejoindre. Toujours aussi élégant.

- Camilla,

répondit-il avec un léger sourire, tout en observant ses gestes. J'imagine que

tu as organisé cette soirée avec beaucoup de soin.

Elle sourit, une étincelle dans les yeux, et hocha

légèrement la tête.

- Chaque

détail a son importance, murmura-t-elle, laissant son doigt glisser le long de

la boutonnière de son costume. Je te voulais ici, ce soir, pour te rappeler ce

que signifie un contrat exclusif avec moi.

Il fronça les sourcils, légèrement amusé mais aussi

intrigué.

- Rappelle-moi

donc, qu'est-ce que cela signifie ?

Camilla sourit à nouveau, mais cette fois, son regard était

plus profond, plus intense.

- Cela

signifie que tu es à moi, Logan. Pendant ces six mois, tu ne regardes personne

d'autre. Tu ne t'occupes que de moi. Je ne partage pas, je ne tolère aucune

distraction.

Logan sentit un frisson parcourir son échine. Il n'était pas

seulement question de rencontres ou de rendez-vous ici. Camilla voyait bien

au-delà de cela. Elle voulait le contrôler, non seulement son temps, mais

peut-être même ses pensées, ses désirs. Elle cherchait à le posséder, dans un

sens bien plus large que celui auquel il était habitué.

- Et

qu'est-ce que j'y gagne, moi, dans cet arrangement ? demanda-t-il,

cherchant à reprendre le contrôle de la situation.