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Yuri

Yuri

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Résumé

Table des matières

Il y a 250 ans, j'ai perdu tout ce qui était pour moi. Le seul amour qui me permettait d'accepter ma condition et qui ne me jugeait à aucun moment. Les morts que je laissais sur mon passage ne lui faisait pas peur, car elle savait à quel point j'avais besoin de cela pour me maintenir en vie. Mais voilà, la vie des humains n'est qu'éphémères, et je l'ai perdue sans que je ne puisse la rendre vraiment mienne. Aujourd'hui, alors que la vie moderne est tout autour de moi, je me maintiens à ses poches de sang que mon meilleur ami m'amène. Mais ma vie devient de plus en plus morose. Je suis devenu directeur dans une université, où coule pourtant du sang plus que frais. Mais un des leurs m'attire encore plus et je ne peux contenir mon état à son parfum. Un de ceux qui vous rendrait fou et ferait de vous, le plus junkie de la terre. J'ai l'impression que cette drogue s'intensifie de plus en plus, alors que cette jeune femme aux cheveux blancs me tient de plus en plus tête. Qui est-elle pour me rendre à ce point fou ? Elle ressemble à mon amour perdu... mais son sang est d'un fruité qui me fera devenir le monstre que je me retiens de faire revenir. Cette jeune femme aura-t-elle raison de mon abstinence ? Une seule chose est certaine, je ne peux me tenir loin d'elle et je ferai tout pour qu'elle soit mienne.

Chapitre 1 Ma douce Olga

KOKROV-RUSSIE Année 1775

Le mépris, la bassesse, l'arrogance, la famine et toujours autant de gens de ce peuple meurtri de cette guerre qui n'en fini pas... Je regarde ces gens de ma fenêtre, les voyant telles des fourmis impures, venant mettre le feu au-devant de ma demeure sur le haut de la colline. Si elle n'était pas là... si je n'avais pas décidé de leur laisser un soupçon de chance... je les tuerais tous sans aucune pitié. Ils semblent tous avoir oublié qu'il y a trente ans, j'ai offert ma vie pour notre patrie... j'ai donné mon âme à ce diable de Vlad pour sauver un peuple à l'agonie... et aujourd'hui, qui se retourne contre moi. Les années avancent, mais les gens ne changent jamais. Comme le dirait ma douce Olga, il y aura toujours des guerres et des tueries dans le monde... mais c'est à nous de savoir où nous nous situons. Moi, je me situe au-dessus de toute cette civilisation mais elle...

Me détournant de la fenêtre, je regarde les murs de ma chambre où se trouve les peintures que j'ai faites d'elle. Sa peau si blanche, limite pâle et ses cheveux de même ton qui lui descendent le long de ses reins, alors qu'elle tient son buste fièrement, offrant ses seins à mes yeux de monstre. Je soupire, regardant toutes ces peintures qui me rappellent à quel point le temps avance... et le fait que ces jours ne seront bientôt plus... Ma douce et tendre Olga n'est plus à la fleur de l'âge aujourd'hui, et je peux entendre son souffle s'effriter de plus en plus. Je déglutis nerveusement, alors que je l'entends tousser grassement une fois de plus, et je sors de ma chambre pour rejoindre ma chère Olga.

- Yuri, j'aimerais aller dans le jardin.

- Tu n'y penses pas, maugréé-je, ils sont toujours aux portes de la demeure. Et de plus, tu sembles être plus mal qu'hier.

Je m'assois sur le lit où je prends ses doigts déjà plus que crépis par le temps, et pourtant si beaux à mon regard.

- Yuri, tu sais que mon temps est v-

- Pourquoi ne m'as-tu pas laissé te mordre ? râlé-je en regardant cette main tremblante, pourquoi as-tu accepté cette vie ? Si tu ne comptais pas rester avec moi...

- Yuri, je suis restée à tes côtés parce que je t'aimais toi.

- Alors, tu ne peux pas me laisser ?! m'emporté-je en me retrouvant en un instant auprès de la fenêtre où je regarde les bois et le lac qu'elle voit de sa chambre.

Je suis surtout en train de contenir le monstre en moi...

- Tu devrais penser à tous ces gens que je détruirai après ta mort, grogné-je en les entendant jurer ma mort.

- Alors, je ferais mieux de mourir à cet instant.

Je me retourne vers ma douce Olga dont le regard, même avec le voile de la vieillesse flamboie toujours quand elle le porte sur moi. Je reviens à elle, me baissant et embrassant sa main, l'implorant de ne plus parler ainsi. Elle qui n'a plus que quelques instants à vivre, ne devrait pas supporter ma colère de la perdre maintenant. Je vais avoir le reste de mon éternité pour assouvir ma colère et mon chagrin. Sans un mot, je lui enfile sa longue robe noire avec la dentelle qu'elle aime porter par-dessus tout, et son magnifique collier serti d'une pierre rouge au milieu qui représente pour elle, la couleur de mes yeux. Une de celles que je ne veux pourtant pas lui montrer... mais ma condition est que celle-ci ressort plus souvent que la pureté de mes yeux bleu comme les siens. Avec un poids énorme sur la poitrine, je la prends dans mes bras pour sortir de sa chambre et descendre les escaliers en colimaçon de notre énorme demeure. Celle-ci est de style baroque et entièrement décoré à sa façon. Bien que le tableau qui orne la grande salle ne sera bientôt plus là, car je n'ai jamais aimé l'idée de me retrouver sur un tableau... et me souvenir que je serai éternellement le même. Les bras d'Olga autour de mon cou me semblent sans une once de vie, et j'avance dans le sentier qui nous amène au centre du parc, où elle aime se poser et regarder les oiseaux voler autour d'elle. Un endroit où elle sent si libre... comme elle ne l'a jamais été.

- Yuri, tu te souviens de notre rencontre ? demande-t-elle alors que je coupe de mon ongle une rose rouge pour lui apporter.

- Comment pourrais-je oublier la vue d'une sirène, affirmé-je en souriant tout en m'asseyant à ses côtés, tu étais aussi magnifique qu'aujourd'hui. Les goutes d'eau sur ta peau te faisait briller telle une déesse venue rien que pour moi.

- Mon cher, dis plutôt que dans ton regard du haut de tes dix ans, la vue de n'importe quelle femme nue t'aurait fait une telle sensation.

J'esquisse un sourire tout en attirant ma chère Olga contre moi, et je caresse sa main en regrettant de ne pas avoir pu en découvrir davantage. Car bien que nous vivions ensemble depuis ce jour, et qu'elle soit mon unique amour, ma condition quelques années plus tard ne m'a pas permis de la conquérir entièrement. Nous n'avons eu qu'une nuit d'amour... une de celles où deux corps et cœurs amoureux se sont donnés autant de plaisir, que de larmes. Cette nuit était ma dernière nuit d'hommes... la dernière nuit avant que je ne devienne un monstre.

- Ma chère Olga, je regrette que nous n'ayons pas eu la vie que tu méritais.

- Tu m'as offert une merveilleuse vie, souffle-t-elle.

- Mais tu as tant souffert par ma faute, rétorqué-je peiné, avant et après...

- Je n'étais qu'une femme bafouée par le peuple à cause de la couleur de mes cheveux et de ma peau. Et même si j'ai dû souffrir de la froideur de ton père, tu m'as libérée de tout cela dès que tu es devenu adulte.

- Mais tu as continué à souffrir à mes côtés. Je-

- Yuri, nous ne pouvions pas faire autrement, me coupe-t-elle, et te voir te délecter de cela était aussi aphrodisiaque que si c'était-

Olga attrape une affreuse quinte de toux et la panique m'engloutit en entendant que son cœur bat de moins en moins vite.

- Olga, paniqué-je en la serrant contre moi et portant mes lèvres à son front.

- Le temps est venu pour moi de te laisser. Mais n'oublie jamais que tu n'es pas le monstre que ce monde prétend. Un jour... peut-être dans un avenir proche, tu seras celui que je vois dans ce regard. Un homme qui a échangé sa vie pour un peuple à l'agonie... un homme qui, malgré tout, n'a pas laissé noircir son coeur. Tu dois vivre Yuri... Tu dois apprendre à aimer ce monde sans moi à tes côtés.

- Je ne le peux pas...

Mais je n'ai jamais eu une remontrance à mon entêtement. Car dans mes bras, ma douce Olga venait de s'éteindre et de me laisser seul avec la folie de ma détresse et de ma colère. Les villageois au bord de la demeure furent les premiers à subir ma souffrance, je n'ai pas fait de distinctions... hommes, femmes, enfants... C'était pour eux que j'étais devenu un monstre trente ans plus tôt ! Et c'est ma douce Olga qui en a supporté le poids durant toutes ces années, et cela sans jamais se plaindre. La colère m'embrouillait totalement l'esprit de savoir que nous avions donnés notre amour à ce peuple, ce pays, ces gens qui nous jugeaient et souhaitaient notre mort chaque jour. Mais maintenant, elle n'est plus là... Olga ne peut plus m'empêcher de devenir un monstre sanguinaire et de venger toute ses années...

Je suis un des fils du démon Vladislav de Transylvanie et je n'ai pas subi cette transformation pour devenir le jouet de ce peuple qui me méprise.

Les mois ont passés sans que je ne le réalise, me délectant du sang de ces humains insignifiants qu'elle aimait tant. Les désirs charnels que nous n'assouvions pas à cause de ma condition, sont devenus mon quotidien, et cela se termine bien entendu, toujours dans l'agonie et le sang. Mais je commence à me lasser au bout d'une cinquantaine d'années et je n'ai plus vraiment le gout de ce sang frais qui jonchent les plaines.

- « Tu ne penses pas qu'il est temps de te calmer. »

Je me relève de mon siège au milieu de ma chambre, la cherchant du regard dans la pièce. Elle se tient là devant moi, dans son éternelle longue robe noire de dentelle, sa longue chevelure blanche vole faiblement autour d'elle me prouvant que cela est bien un rêve. Mais mon cœur de pierre ne peut qu'être totalement à ses pieds, implorant ses grands yeux bleus de ne pas me blâmer. J'ai toujours été ce monstre qu'elle voit depuis sa mort...

- « Mon cher Yuri, il est temps que tu penses à vivre et non à enlever la vie des gens qui ne demandent qu'à te connaitre. »

- Sans toi, la vie n'a pas d'intérêt !

- « Si tu ne le fais pas, cela voudra dire que j'ai engendré un monstre. Je suis tout autant responsable des cadavres que tu accumules. »

Une torpeur s'impose à moi en me rendant compte qu'elle se flagelle de toutes les horreurs que je commets. Jamais, non jamais je ne l'aurais laissé penser une telle chose d'elle. Nous avons tué ensemble... mais seulement des salopards qui le méritaient...

- « Yuri, tu dois me laisser reposer en paix. Tout comme tu dois trouver la paix intérieure. Le monde est vaste, les gens changent et tu peux y trouver ta place. Je serai toujours à tes côtés... »

- Olga...

Mais le mirage s'en est allé en un instant, me laissant à nouveau seul avec ma souffrance. Un hurlement de douleur sort de ma gorge et je m'effondre sur le sol de notre demeure, priant que la raison me revienne.

Les guerres ont repris quelques années plus tard et j'ai dû faire un choix comme cette nuit en 1745 ; et en souvenir de ma douce Olga, j'ai choisi d'aider le peuple et non plus de le punir pour les erreurs du passé.

Je me suis consacré à chaque citoyen de Kovrov et à son avenir. J'ai aidé à la création de la ligne ferroviaire, et suis devenu un nom dans tout le pays. Mais plus un de ceux qu'on craint, mais plutôt comme un sauveur. Tout ce qu'elle voulait de moi. Mais je ne pouvais pas cacher le fait que je ne vieillissais pas, donc j'ai dû quitter la Russie un long moment pour un humain... mais des plus courts pour moi. J'ai voyagé, appris des langages inconnus et aujourd'hui en l'an 2025 ; je suis devenu le plus jeune directeur de l'université de Kovrov. Une nouvelle vie s'offre à moi alors que le pays semble à nouveau se préparer à une guerre... mais en ce qui me concerne, je me prépare à rencontrer ma perte...

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