Mon libre arbitre

- Qui-suis-je ? Je n’ai aucuns éléments pour connaître mon passé, j’ignore d’où je viens, qui j’ai pu être et ce qui m’a animé durant ses longues années qui ne sont que le vide intersidéral de mon présent. Aujourd’hui, j'erre de villes en villes cherchant les réponses à mes questions les plus sombres. Je me considère comme l’orpheline de ma propre existence, courant après des brèches de souvenirs qui n’ont aucun sens, j’ignore comment analyser les morceaux brisés de ma mémoire pour construire un plan logique.

Dans le malheur de ma petite personne, j’ai rencontré cette femme merveilleuse de vingt-ans mon ainée. Je m’accroche à elle comme la boussole de ma vie depuis qu’elle m’a trouvée il y cinq ans, je n’étais que l’ombre de moi-même, une enfant dans un corps de femme… Vingt-cinq ans d’une vie effondrée dans le néant de mon subconscient, seul ce souvenir reste. Mais à chacune de mes nuits, les fantômes de mes songes cauchemardesques reviennent. Je me rappelle seulement d’une douleur indescriptible compressant ma cage crânienne avant de sombrée dans le noir complet, jusqu’au jour où Patricia m’a trouvé dans un carton, vêtue d’un vulgaire sac poubelle de 100L au coin d’une rue. Son cri de stupeur réveilla mon cerveau anesthésié par le froid glacial, désorientée et frigorifiée je hurlais à mon tour… La seule chose qui me vint à l’esprit : Où suis-je ? En voulant m’assoir pour échapper au regard terrifié de cette femme, je glissais en arrière prisonnière de ce fichu sac. La panique me gagnant, je m’agitais comme un poisson dans un filet de pêche en m’embourbant dans le plastique grisâtre adhérant un peu plus à mon corps dénudé. – Mademoiselle ? le son de sa voix sembla doux et assuré, l’opposé des traits affichés sur son visage l’instant précédent. Je l’observais tel un chat errant cherchant du regard la moindre issue de secours pour m’enfuir. Avant même de pouvoir mettre en action mon évasion, elle posait déjà sa main sur mon épaule nue. – Que vous est-il arrivé ? Mon dieu vous devez avoir l’âge de ma fille murmurait-elle… Cherchant une réponse à lui transmettre, je restais figée, l’observant silencieusement. Je la laissais enlever mes bras endoloris puis libérer mes pieds ensanglantés en déchirant le sac poubelle. Toujours immobile, je l’entendis émettre un soupir de tristesse en m’offrant son manteau doux et chaud. – Merci répondis-je d’une voix tremblante, par le froid ou l’incertitude je l’ignorais encore... Elle posa ses prunelles bleutées sur moi, affichant un léger sourire. – Venez… Je vis à deux pas d’ici… Je pris sa main qu’elle m’offrait gentiment. – J’ignore pourquoi je suis ici Madame… M’aidant à me lever de sa poignée protectrice, elle m'observait de la tête aux pieds. – Appelez-moi Patty. Percevant de l’inquiétude en me dévisageant, je réalisais à cet instant que j’ignorais à quoi je ressemblais et dans quel état je me présentais à Patty… Je sue simplement qu’elle était contre son gré la nourrice de ma renaissance…