img Le tomber de la pantoufle  /  Chapitre 2 No.2 | 2.90%
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Historique

Chapitre 2 No.2

Nombre de mots : 1664    |    Mis à jour : 09/10/2021

n

e marché, les jours de pluie, les jours de poisson, les jours des lasagnes au bœuf de chez le charcutier Maurice, les jours des soldes. La mort de belle-maman, l’enterrement de maman, le suicide de Léonard, sa journée de noces, sa journée au cabinet d’esthétique Plus belle que toi, soins haut de gamme pour femmes h

s concentrer son poids sur les mollets et les chevilles pour ne pas faire craquer les planches déloyales des marches, amortir par les genoux puis le dos. Tenter de flotter. Monter la colonne vertébrale vers le haut, la délier, haut très haut comme un serpent qui s’étire, les épaules en équerre, dures mais souples à la fois. Et puis, et puis, le souvenir de la professeure d

ttées, quelle horrrrreuRheu ! Aucune grâce, aucune grâce. » Maugréait-elle. « Je vous le répète, je dois juste entendre le frottement de la soie des chaussons

oui, on sait ! »

s cris hargneux, stridents et humiliants, il y aurait eu de quoi faire fuir depuis Buenos Aires, les vaches des gauchos de la pampa patagonienne sur des hectares, au moins jusqu’à Punta Cana. Le bruit de vos vociférations pleines de méchanceté aurait certainement réussi à attirer le regard de l’Europe sur toute la communauté des nazis allemands en villégiature tranquille et patagonne ! Pointée, jetée, coulée, vieille salope castratrice ! » Tout le monde était en suspens, ébahis, les arguments avaient étonné. Anna en tremblait, surprise de sa sortie verbale peu coutumière. Madame Ehrlich n’avait pas envisagé que la rébellion puisse venir de cette jeune femme solitaire, jolie mais godiche et surtout, sous cette forme-là. Ce fut dramatique. Elle enchaîna absence sur absence en raison de parodontites aiguës. Elle avait perdu une partie de sa famille dans les camps de la mort, et cette comparaison la mettant dans la peau du bourreau l’avait choquée. Était-elle si cruelle au

on pas de place dans cette entrée si surchargée des bibelots de belle-maman achetés en Tunisie, au Maroc, en Grèce, à Nice, Biarritz, Le Caire quand elle partait enfin, en voyage organisé payé par la commune et l’association des Anciens « Trésor de seniors ». Belle-maman avait les moyens de ses voyages, mais d’elle-même, elle n’aurait jamais voyagé. Anna considérait que c’était à elle que l’association des Anciens faisait un cadeau, quinze jours de tranquillité. Belle-maman ramenait comme tous les autres des objets en bois d’olivier poli, des cuivres rutilants, des chameaux en terre et en tissus brodés, un buste de Napoléon posé au milieu des pyramides, du Sphinx et du buste de Néfertiti, des vases qu’elle entreposait dans l’entrée… Ah oui des vases, partout, des dizaines de vases, jamais une fleur pourtant. Vides, les vases. C’est curieux ça, des vases sans fleurs, sans rien. Ce vide à peine contenu et pourtant pas libre. Au début, Anna se disait qu’un vase était une vraie énigme. Du vide contenu dans un espace semi-ouvert ? Ou semi-fermé ? Elle ne savait pas dire. Mais c’était étrange. « L’eau prend toujours la forme du vase. » Mais s’il n’est pas clos, quelle forme a donc l’eau ? Ce n’est pas celle du vase, ou alors une forme incomplète. C’était le problème de la généralisation, l’incomplétude. L’eau était-elle pour autant libre. Mais non, elle ne pouvait ni décider de se vider seule, de s’épancher là où bon lui semblait, ni de rester de son p

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