« Sors de là, putain de bâtard ! » La voix stridente de ma belle-fille Manon résonna dans le jardin luxueux. Elle donna un coup de pied violent dans la cage en fer, me faisant trembler à l' intérieur, pressé contre les barreaux froids. Mes vêtements étaient déchirés, mon visage portait les marques rouges des griffures de la veille. « Je n\'ai rien fait, Manon, » murmurai-je. « Je n\'ai pas cassé ta poupée. » « Tu mens ! » hurla-t-elle, son visage d' adolescente déformé par la rage. « Tu es un moins que rien, un intrus ! » Un autre coup de pied, plus fort cette fois, fit vibrer la cage si fort que ma tête heurta les barreaux. L' humiliation était totale, insupportable. « Il n\'y a que toi qui oses toucher à mes affaires dans cette maison ! » cria-t-elle. Soudain, la voix glaciale de ma femme, Sophie Moreau, résonna : « Que se passe-t-il ici ? » Elle me regarda avec un dégoût à peine voilé. « Tu as l\'air pitoyable, » dit-elle d\'un ton neutre. Elle sortit une liasse de billets de son sac et la jeta à mon visage. Les billets flottèrent jusqu\'au sol, se posant dans la boue. « Tiens. Va t\'acheter des vêtements neufs et ne te montre plus devant moi aujourd\'hui. Considérez cela comme une compensation. » Ce n\'était pas la douleur physique, ni même l\'humiliation publique. C\'était ce geste, cette façon de me réduire à un objet, une nuisance que l\'on pouvait calmer avec de l\'argent. Six ans. Six ans de mépris, de coups, d\'insultes. Six ans à espérer un regard, un mot gentil, une reconnaissance qui n\'était jamais venue. Mon cœur, mon esprit, tout s' est brisé. Pour la première fois, le désespoir dans mes yeux fut remplacé par une lueur froide et déterminée. C\'en était assez. J\'allais partir. J\'allais divorcer.
