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Mon PACS avec Camille devait être signé demain. Sept ans d'amour, de projets. Elle souffrait d' un burnout, ou du moins, c'est ce que je croyais, moi, le dévoué pâtissier. Je lui apportais une tisane coûteuse, un remède pour l'esprit. La porte de son appartement, étrangement entrouverte, m'a mené à l'inimaginable. Des rires éclatèrent depuis le salon privé. Sa voix, claire et joyeuse, résonnait, celle d'une femme jamais dépressive. « Mon burnout ? C' est une mise en scène, évidemment. » Le monde s'effondra, ma poitrine se glaça. Elle avait besoin d'explorer, de s'amuser, "sept ans, c'était long". « Léo est à moi, il m'attendra, il m'appartient. Après mon mois de folie, il me pardonnera. » Je n' étais qu' un objet, un jouet méprisable. Puis vint l'accident, de ma voiture de sport, orchestré par elle et son amant, Enzo. J'ai dû aller les secourir, elle simulait une jambe blessée. À la clinique, je l'ai entendue, ses mots coupants comme des lames. « Ma jambe ? C' est juste pour le spectacle. Il faut bien que Léo se sente utile. » « Il est tellement prévisible. » Cette humiliation totale m'a vidé, anéanti. Comment l'amour pouvait-il mourir et se transformer en ce jeu pervers et cruel ? M'avait-elle seulement aimé, ou n'était-ce qu'une farce depuis le début ? Quel secret, quelle folie l'animait pour me réduire à un pion ? Je me sentais horriblement trahi, bafoué. Ce soir-là, sous la pluie parisienne, j'ai pris une décision radicale. Léo Martin n'existerait plus. J'ai jeté tous nos souvenirs, son journal intime, notre passé. Je serais Léo Fournier, un citoyen suisse. Direction Montréal, un nouveau départ, une nouvelle vie. Ma carte SIM française s'est brisée en deux dans ma main. Adieu, Paris. Adieu, Camille.