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Hippocampes: De Fuseta à Valparaiso

Hippocampes: De Fuseta à Valparaiso

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Résumé

Table des matières

Alors que Philippe Monnier, l'agent spécial de la Force d'Intervention Maritime (FIMA), profite de ses vacances en Guadeloupe, un cadavre est découvert à Pointe-à-Pitre dans un voilier chilien. Monnier apprend que le bateau est mêlé à un trafic de cocaïne et d'hippocampes de très grande ampleur. Compte tenu de la complexité de l'affaire, il engage la totalité de ses hommes qui se rendent à Fuseta, en Algarve, au coeur du parc national de la Ria Formosa, où sont capturés les hippocampes. Avec le concours de la DGSE et de l'OCRTIS, ils vont accumuler les preuves afin de faire tomber le milliardaire chilien Bastian Varela qui serait le commanditaire de ce trafic. Ce dernier aurait mis au point un stratagème lui permettant de blanchir l'argent de la drogue en Espagne et fait des hippocampes un usage terrifiant. Dans le cadre de son enquête, Philippe Monnier fait la connaissance de la délicieuse Vanessa, officier du service enquête-action de l'OCRTIS. Une course contre la montre s'engage afin de mettre un terme aux livraisons de cocaïne et au braconnage des hippocampes, mais la corruption à grande échelle va compliquer les enquêtes. Biographie de l'auteur Né au début des années soixante à Compiègne, Renaud Hadef grandit au Haras du Pin, en Normandie. Artiste peintre apprécié pour ses portraits de chevaux, il travaille quotidiennement à son atelier, proche de la plage. Il navigue et monte à cheval régulièrement.

Chapitre 1 No.1

Du même auteur

Cap sur une mort programmée ;

L’or des Vikings ;

Les navires meurent aussi ;

L’œil du cyclone ;

Sauvez la Bloody Mary 2 ;

Titanic, lame de fond ;

Supertanker ;

Opération Aurore Boréale ;

De l’or, des pleurs et de la gloire ;

Congo (Dans les brumes du Nyiragongo).

Note de l’auteur

Située en Algarve, au sud du Portugal, la Ria Formosa est un ensemble de lagunes côtières captives d’un cordon de dunes qui s’étend depuis l’île de Faro, jusqu’à la plage de Manta Rota, près de Cacela Velha. Ce parc naturel de presque 60 kilomètres de long couvre une superficie de 14 800 hectares. Zone protégée en tant que réserve naturelle depuis 1978, devenue parc naturel le 9 décembre 1987, cet écrin magnifique est une étape privilégiée par de nombreuses espèces d’oiseaux pour leur nidification et leur hivernage ainsi que pour leur migration. Elle est aussi une zone de reproduction importante pour certaines espèces de poissons. De nombreuses variétés de plantes endémiques y croissent en toute quiétude. Cette escale d’importance vitale pour les oiseaux qui migrent vers l’Afrique est fréquentée chaque année par environ trente mille oiseaux, dont vingt mille pendant la période d’hivernage.

La Ria Formosa abrite les plus importantes populations d’hippocampes du monde mais ce classement exceptionnel est mis à mal par un trafic intense qui profite à certains pays peu scrupuleux. À l’instar des ailerons de requins, des cornes de rhinocéros et autres trophées sanguinaires d’une population criminelle et totalement irrespectueuse de la nature, le trafic des hippocampes décime une population de plus en plus rare. Les deux variétés d’hippocampes répertoriées dans la Ria Formosa sont l’hippocampus hippocampus etl’hippocampus guttulatus. Heureusement, des mesures sont prises afin de tenter de sauver ces animaux inoffensifs. Deux zones sanctuarisées devraient voir le jour en 2020, au cœur de la ria Formosa. Ces « no mans lands » seront équipés d’un système de vidéosurveillance qui devrait permettre d’empêcher le braconnage tel qu’il existe à l’heure actuelle.

Cette aventure, que j’ai voulue réaliste, n’en reste pas moins un roman. Bien que décrivant des lieux existants, tous les protagonistes sont purement fictifs.

Je tiens à remercier les habitants de Fuseta pour leur aide précieuse, notamment ceux qui ont patiemment répondu à mes questions et en particulier les « anciens », les vieux marins qui m’ont fait l’immense plaisir de partager leurs souvenirs.

Mais les héros de ce roman sont les hippocampes, petits animaux inoffensifs victimes de la stupidité humaine.

Je me suis littéralement laissé absorber par ces gens de mer que je connais bien, et cette immersion a conduit à l’écriture de ce roman qui, je l’espère, saura vous ravir autant que ce passage à Fuseta m’aura séduit.

Chapitre un

Guadeloupe, Plage de l’îlet Gosier

Embarqué dans cette sordide histoire par le plus grand des hasards, l’agent spécial Philippe Monnier s’était engouffré dans la brèche dès que le destin avait mis en travers de sa route un cadavre.

En plein relâchement psychologique sur une plage de l’îlet Gosier en Guadeloupe, il se refaisait une santé aux frais du contribuable en étalant de l’huile solaire sur une peau au grain doucereux, avec une méticulosité frôlant la maniaquerie, lorsque les vibrations de son téléphone le détournèrent à regret de son ouvrage. Après un très bref échange et avant de prendre la décision de se lever, il se laissa un peu de temps pour que son anatomie retrouvât une apparence plus « convenable. » Il n’était pas question qu’il montrât à toute la plage à quel point ce passe-temps l’avait stimulé.

Après avoir renouvelé des promesses qu’il comptait bien honorer au plus vite, il se sépara à regret de la jolie jeune femme étendue à ses côtés.

Il rejoignit le parking, pestant contre ce devoir professionnel qui ne le lâchait jamais, même pendant ses rares moments de détente.

Monnier avait l’allure féline, celle d’un type sûr de lui et que la mort, entrevue plus d’une fois, avait affranchi de bien des principes inutiles. Fréquemment sollicité, il vivait plus souvent à l’hôtel que dans sa petite maison de Bretagne : ses missions le menaient dans les lieux les plus reculés de la planète, les plus glauques aussi. Agent attaché à la Présidence de la République, il affectionnait le travail en solo, spécificité qui avait fait son image de marque. Sa personnalité taciturne et ses théories cartésiennes étaient légendaires dans les services dédiés à la lutte contre le crime organisé.

Il grogna en posant ses cuisses sur le siège chauffé à blanc et démarra la petite voiture de location qu’il engagea en direction de Pointe-à-Pitre. Monnier jeta un œil dans son rétroviseur et y vit son visage buriné et malmené par le soleil des Caraïbes : il était écarlate. Cela le fit sourire. Il ne se souvenait plus à quand remontait la dernière fois qu’il s’était vu blanc comme les fesses de sa sœur.

La Polo grise filait sur la nationale bordée de cocotiers. L’air du large s’engouffrait par sa vitre grande ouverte et il en appréciait l’effet apaisant sur ses coups de soleil. Il traversa la Place de la Victoire en longeant le quai où venaient chaque matin s’amarrer les bateaux des pêcheurs de la Dominique. Monnier franchit le portail du bâtiment des Affaires Maritimes, à deux pas du cinéma Le Rex

En sortant de son véhicule, il entendit le frémissement des palmes des cocotiers que l’alizé agitait. Le bâtiment de style créole, en bois, ne payait pas de mine mais il avait conservé ce charme suranné qui sied tant à ces points de repère historiques rescapés du temps qui passe et des cyclones. Son collègue Lartigues l’attendait, assis nonchalamment sur le patio, une cigarette à la main.

— La prochaine fois que tu me déranges quand j’ai le nez dans un bonnet E, je m’arrange pour te faire muter en Terre Adélie !

— Désolé Monnier, mais tu me remercieras.

Philippe serra la main du fonctionnaire de manière virile, masquant difficilement son désappointement…

— Que se passe-t-il Lartigues ? Tu es chargé de me suivre à la trace ? Tu es bien loin de ton bureau.

L’agent de la DGSE jeta négligemment son mégot dans la cour et sortit un papier de la poche de sa chemisette marquée par de grandes auréoles de transpiration sous les bras…

— On m’a fait passer ça tout à l’heure…

— Un mail…

— Du commandement territorial de la gendarmerie locale.

Monnier prit connaissance du contenu et marqua une pause, Perplexe. Après une réflexion qui dura quelques secondes, il enjoignit Lartigues de lui emboîter le pas.

Sans un mot, les deux hommes prirent place dans la Polo et s’engagèrent sur le boulevard Chanzy. Ils passèrent devant l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, puis Monnier s’extirpa de la cohue de fin d’après-midi en bifurquant vers la rue du Chemin Neuf. Il continua jusqu’au carénage, un quartier glauque livré aux mains des trafiquants de drogue et fief de la prostitution. La zone du carénage, ainsi nommée parce qu’elle englobait un certain nombre de chantiers navals, avait colonisé petit à petit une colline à la végétation luxuriante et difficile d’accès, ce qui arrangeait bien les affaires des trafiquants en tous genres.

Sur les terre-pleins, des bateaux de toutes sortes, beaucoup hors d’état de naviguer, se tenaient debout sur leurs quilles, soutenus par des béquilles ou de simples poutres de bois. Des voiliers, essentiellement, qui en avaient vu de toutes les couleurs. Beaucoup d’entre eux finissaient dans ce cul-de-sac, à bout de souffle, délaissés par des propriétaires qui après avoir franchi l’Atlantique, s’étaient perdus dans les excès du rhum et du cannabis. Lorsqu’ils étaient partis d’Europe, des promesses de paradis pleins les rêves, toutes les illusions encore intactes, ils avaient franchi l’océan comme on franchirait un pont entre deux existences. Dans l’intervalle, des tensions étaient nées, engendrées par le désert liquide qu’il fallait affronter jour et nuit pendant plusieurs semaines. Des couples s’écharpaient, se découvrant dans l’étroitesse d’un voilier soumis aux aléas d’un périple dangereux, des incompatibilités d’humeur qu’ils ne soupçonnaient pas avant de quitter leur foyer douillet. Ils atterrissaient en Guadeloupe, mettaient pied à terre et filaient prendre une cuite dans un des nombreux bars de la marina, après s’être reposé un peu. L’épouse, l’amie, la compagne faisait sa valise et prenait un avion en partance pour l’Europe, se promettant de ne jamais plus s’accoupler avec un marin ! Le désespoir de voir réduit en miettes leur mariage finissait d’achever les hommes. Par économie, ils demandaient à mettre leur voilier au sec, au carénage, puis ils buvaient leurs dernières économies, se retrouvant piégés dans un paradis qui devenait pour eux les portes de l’enfer.

Les deux hommes surent immédiatement dans quel bateau se trouvait le cadavre. Un cordon de sécurité tenu par des gendarmes en short le cernait et en filtrait l’accès. L’odeur pestilentielle engendrée par la décomposition rendait l’atmosphère irrespirable. Tandis que les gendarmes de l’institut de recherche criminelle procédaient à des relevés, Monnier et Lartigues exhibèrent leurs cartes professionnelles pour qu’on les autorise à atteindre une échelle qu’ils gravirent jusqu’à se trouver en présence de la victime qui gisait dans le carré d’un voilier plutôt spacieux. Recroquevillé sur lui-même, un homme de petit gabarit était figé sur une banquette. La tête aux yeux exorbités reposait sur la table, au milieu de bouteilles et de verres. Un filet d’écume séchée lui marquait la commissure des lèvres

Le bateau était mal entretenu, sale, et l’intérieur était un véritable capharnaüm. Monnier avait remarqué que la coque, quant à elle, était soignée et que le carénage avait été fait récemment.

— Que sait-on au juste ? demanda Monnier en s’adressant à un gendarme en combinaison blanche.

— Un homme de trente-cinq ans. Selon son passeport, il est de nationalité chilienne, arrivé en Guadeloupe il y a trois semaines. Il a d’abord fait escale à Marie-Galante, puis il est venu remplir les formalités de son entrée sur le territoire français ici, à la marina de Bas-du-Fort. La mort est probablement le résultat d’une surconsommation d’un mélange d’alcool et de drogue

— Merci pour ces précisions, madame. Désolé, je ne me suis pas présenté… Philippe Monnier, agent spécial de la FIMA. Vous connaissez l’agent Lartigues.

Philippe parla tout en donnant une poignée de main à la militaire. Lartigues fit de même.

— Commandant Jarrier, brigade de Pointe-à-Pitre, répondit la jeune femme en faisant tomber un masque censé la préserver des odeurs. La FIMA ? ajouta-t-elle, interloquée…

— Force d’Interventions Maritimes. Un nouveau service rattaché directement à la Présidence.

— Je ne connaissais pas. Il va être temps que je rentre en métropole… Nous avions connaissance de la présence de monsieur Lartigues sur le territoire et nous savons qu’il mène l’enquête concernant un trafic de drogue. Nous nous sommes concertés sur le sujet il y a deux jours.

— Et je vous remercie de votre collaboration madame, confirma l’intéressé.

— Dans ces cas-là, nous avons ordre de faciliter vos enquêtes en mettant à votre disposition les moyens dont nous disposons.

— Et nous vous en sommes reconnaissants, assura Monnier. Je suppose que ce bel endormi a quelque chose à voir avec ton enquête, Lartigues ? enchaîna-t-il en donnant un coup de menton vers le macchabée

— C’est probable mais ce n’est pas pour ça que je t’ai appelé.

Lartigues fit signe à la gendarme de poursuivre l’explication…

— Je ne sais pas si c’est de votre ressort, messieurs, mais il y a quelque chose à l’intérieur qui pourrait vous intéresser.

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Mis à jour : Chapitre 79 No.79   12-27 11:37
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12/10/2021
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