Impeccablement vêtu d'un smoking sur mesure, il affichait cette présence magnétique qui réduisait au silence les conversations lorsqu'il passait à proximité. Son regard d'un gris acier balayait la salle avec l'assurance d'un homme habitué à obtenir tout ce qu'il voulait. Les puissants le respectaient, les ambitieux le craignaient, et les femmes... les femmes étaient prêtes à tout pour attirer son attention, même l'espace d'un instant.
Ce soir, pourtant, quelque chose perturba son détachement habituel. Une silhouette, à l'écart du tumulte des conversations superficielles, attira son regard comme un aimant. Une femme qu'il ne connaissait pas, ce qui en soi était une anomalie. Maximilien connaissait tout le monde dans ce cercle, et tout le monde connaissait Maximilien. Mais elle... elle n'appartenait pas à ce monde, ou alors elle en franchissait tout juste les portes.
Sofia Blackwood.
Il l'avait entendue être présentée à un groupe d'investisseurs, son nom glissant dans l'air comme un murmure. Il ne savait rien d'elle, si ce n'était que son allure contrastait avec les femmes qui peuplaient habituellement ce genre d'événements. Elle portait une robe d'un noir profond, sans fioritures, ajustée à sa silhouette avec une élégance délibérée. Pas d'excès, pas d'opulence criarde, juste une prestance maîtrisée. Ses cheveux sombres encadraient un visage où chaque trait semblait avoir été dessiné pour capturer l'attention sans le moindre effort.
Elle était belle, mais ce n'était pas ce qui le fascinait. C'était son regard. Un regard vif, calculateur, presque trop intense pour une débutante dans ce monde de faux-semblants. Elle n'observait pas la salle avec admiration ou envie, mais avec une certaine prudence, comme si elle pesait chaque interaction, chaque mouvement, chaque possibilité.
Maximilien savait reconnaître l'ambition lorsqu'il la voyait.
Il s'approcha sans se presser, traversant la pièce d'un pas assuré. Il sentit plusieurs regards féminins suivre son mouvement, certaines femmes tentant discrètement d'attirer son attention. Il n'en accorda aucune. Ce soir, son intérêt était ailleurs.
Il arriva à sa hauteur au moment où un investisseur influent l'introduisait dans la conversation.
- Moretti, je ne crois pas que vous ayez encore eu le plaisir de rencontrer Sofia Blackwood. Une étoile montante, paraît-il.
Sofia tourna lentement la tête vers lui, et pour la première fois depuis longtemps, Maximilien sentit une forme de surprise l'effleurer. Elle ne se troubla pas sous son regard. Elle ne chercha pas à séduire, ni à flatter. Elle le jaugeait, avec une assurance presque impertinente.
- Monsieur Moretti, fit-elle d'un ton posé.
Pas de battement de cils inutile, pas de sourire mielleux. Juste une voix mesurée, une intonation légèrement teintée d'amusement, comme si elle avait anticipé cette rencontre et qu'elle attendait de voir ce qu'il valait.
- Mademoiselle Blackwood, répondit-il en inclinant légèrement la tête.
Le silence s'étira une fraction de seconde, imperceptible pour les autres mais palpable entre eux.
- Je suis curieux, poursuivit-il en prenant un verre de champagne sur le plateau d'un serveur qui passait. Quelle étoile montante peut bien apparaître sans que j'en aie entendu parler ?
Un défi, à peine voilé.
Elle haussa un sourcil, mais son sourire resta contenu.
- Peut-être que toutes les étoiles ne cherchent pas à être remarquées immédiatement.
Un murmure d'amusement parcourut leur petit cercle, tandis que l'investisseur qui les avait présentés s'éclipsait discrètement, sentant que cette conversation ne nécessitait plus de spectateur.
Maximilien fit tourner son verre entre ses doigts, l'observant toujours avec ce regard pénétrant qui mettait d'ordinaire les gens mal à l'aise. Pas elle.
- Intéressant. Mais dans ce monde, l'anonymat est un luxe que peu peuvent se permettre.
- Je n'ai jamais dit que je cherchais l'anonymat. Seulement que je choisis mes entrées avec soin.
Il apprécia la réplique. C'était rare. Trop souvent, il était confronté à des flatteries ou à des stratégies d'approche trop évidentes. Elle, en revanche, semblait vouloir danser sur la fine ligne entre le mystère et la provocation maîtrisée.
Il s'approcha légèrement, réduisant l'espace entre eux, testant sa réaction. Elle ne recula pas.
- Et maintenant que vous êtes entrée, que cherchez-vous ?
Elle soutint son regard, et cette fois, un sourire apparut sur ses lèvres. Léger. Presque imperceptible.
- Peut-être que la question n'est pas ce que je cherche, mais ce que j'ai à offrir.
L'électricité entre eux devint tangible. Ce n'était pas une simple attirance physique, bien que celle-ci fût indéniable. C'était un affrontement de volontés, un duel silencieux où aucun ne voulait être le premier à baisser les yeux.
Maximilien, habitué à dominer chaque interaction, sentit un frisson d'excitation lui parcourir l'échine. Il ne savait pas encore qui elle était réellement, ni ce qu'elle cachait derrière cette façade impeccable, mais une chose était certaine : Sofia Blackwood venait de capturer son intérêt comme peu de femmes l'avaient fait avant elle.
Et dans son monde, lorsqu'il voulait quelque chose, il l'obtenait toujours.