Le corps du roi reposait dans la chambre royale, entouré de cierges vacillants qui projetaient des ombres tremblantes sur son visage désormais serein. Les nobles et les gardes se tenaient en silence, les yeux baissés, respectant le deuil profond qui avait enveloppé le palais. Le royaume tout entier semblait retenir son souffle, conscient du changement imminent.
Dans une aile plus retirée du palais, la reine mère se trouvait dans ses appartements. Son visage, habituellement impassible et digne, portait les marques d'une profonde douleur. Assise près de la fenêtre, elle regardait sans vraiment voir, les jardins royaux baignés dans la lumière mourante du crépuscule.
Soudain, une douce toquade se fit entendre à la porte. C'était Ayo sa servante personnelle, une femme loyale et attentionnée qui servait la reine depuis des années. La servante entra, une expression d'inquiétude mêlée de respect sur son visage.
- Votre Majesté," dit-elle doucement, en s'inclinant légèrement, "les anciens sont venus vous voir. Ils vous attendent dans le salon."
La reine mère prit une profonde inspiration, essayant de rassembler ses forces.
"Je viens," répondit-elle, sa voix ferme malgré la peine qui l'étreignait. Elle jeta un dernier regard à la chambre, à ce sanctuaire de souvenirs, avant de suivre sa servante dans le couloir silencieux.
En entrant dans le salon, elle fut accueillie par les visages graves des anciens. Chacun d'eux portait la même expression de respect et de sollicitude. La reine mère s'assit à la place qui lui était réservée, au centre de l'assemblée. Malgré la douleur, elle savait que sa place était là, auprès de ceux qui comptaient sur elle pour naviguer dans cette nouvelle ère.
- Messieurs," commença-t-elle, sa voix trahissant une dignité inflexible, "nous avons perdu un roi, mais le royaume doit continuer. Quelles sont vos volontés ?"
Les anciens étaient venus non seulement pour pleurer la perte de leur souverain, mais aussi pour assurer la continuité du royaume. L'un d'eux, Udo, un homme au visage sévère mais bienveillant, se leva. C'était le plus vieux et le plus sage du conseil, respecté de tous pour sa sagesse et son discernement. Il posa son regard sur la reine mère avant de prendre la parole.
- Votre Majesté," commença-t-il, sa voix résonnant dans le silence de la salle, "nous sommes venus aujourd'hui non seulement pour exprimer notre profond chagrin, mais aussi pour discuter de l'avenir de notre royaume. Comme vous le savez, selon nos traditions, Hélios, votre fils unique et héritier légitime du trône, doit revenir pour prendre la place qui lui revient de droit. Cependant, il est actuellement en Amérique, s'occupant des affaires de son père. Nous nous demandons donc si son retour est imminent et si nous pouvons compter sur lui pour gouverner."
Tous les regards se tournèrent vers la reine mère. Malgré le poids de la douleur et de la responsabilité qui pesait sur ses épaules, elle se redressa, affichant une dignité royale inébranlable. Elle prit un moment pour rassembler ses pensées avant de répondre.
- Chers conseillers," dit-elle finalement, sa voix douce mais assurée, "je comprends vos préoccupations et je partage votre impatience à voir Hélios revenir parmi nous. Je veux vous rassurer : j'ai parlé à mon fils au téléphone il y a peu. Il prendra son vol demain à la première heure, ce qui veut dire qu'il sera avec nous dans peu. Il a pris les dispositions nécessaires pour quitter ses obligations en Amérique et revenir ici, prêt à assumer ses responsabilités."
Un murmure de soulagement parcourut l'assemblée. Les anciens échangèrent des regards, visiblement apaisés par cette nouvelle. Le conseiller qui avait pris la parole se rassit, visiblement satisfait de la réponse de la reine mère.
- Merci, Votre Majesté," répondit-il, "cette nouvelle nous réconforte. Le royaume a besoin de stabilité en ces temps troublés, et la présence de l'héritier légitime sur le trône apportera cette stabilité. Nous sommes à vos côtés pour vous soutenir, vous et le prince Hélios, dans cette transition."
La reine mère hocha la tête, reconnaissante du soutien indéfectible des anciens. Elle savait que leur expérience et leur sagesse seraient inestimables dans les jours à venir. Elle prit un moment pour regarder chacun d'eux dans les yeux, établissant une connexion personnelle et sincère.
- Je vous remercie pour votre soutien," dit-elle. "Je sais que ce ne sera pas facile, mais avec votre aide, nous surmonterons cette épreuve. Le royaume a besoin de nous tous pour traverser cette période de deuil et d'incertitude."
De l'autre côté... en Amérique...
Hélios était assis dans son luxueux salon, entouré de confort et de modernité, mais son esprit était déjà de retour au Nigeria, dans le royaume de son défunt père. Les préparatifs pour son départ le lendemain étaient presque terminés. Il se sentait à la fois déterminé et anxieux à l'idée de reprendre le trône et de remettre les choses en ordre dans son pays natal.
Soudain, une voix douce mais insistante retentit dans le couloir. Alicia, la fille de l'un de ses partenaires d'affaires, entra dans la pièce. Elle avait ce regard déterminé qu'Hélios connaissait bien, celui qui annonçait une conversation difficile.
- Alicia," dit Hélios en se levant pour l'accueillir, "je ne m'attendais pas à ta visite si tardive."
- Bonsoir, Hélios," répondit-elle, avec un sourire qu'elle espérait séduisant. "Je devais te voir avant ton départ. J'avais besoin de m'assurer de quelque chose."
Hélios soupira intérieurement, devinant où cette conversation allait mener. "Assieds-toi, Alicia. Qu'est-ce que tu veux savoir ?"
Elle s'assit gracieusement sur le canapé en face de lui, ajustant sa robe élégante. "Je veux savoir si tu comptes revenir en Amérique après avoir réglé les affaires dans ton pays."
Hélios secoua la tête doucement. "Non, Alicia. Je ne reviendrai pas. Mon devoir est désormais au Nigeria. Mon père est mort et je dois m'occuper du trône. Mes associés s'occuperont de l'entreprise ici. Je ne peux plus me permettre de vivre entre deux mondes."
Alicia le regarda avec des yeux suppliants. "Hélios, tu ne peux pas partir et tout laisser derrière toi. Nous avons quelque chose de spécial. Nous pourrions être heureux ensemble ici. Tu as toujours dit que tu aimais l'Amérique."
- J'ai aimé mon temps ici," répondit Hélios calmement, "mais mes priorités ont changé. Mon royaume a besoin de moi. Et pour être franc, Alicia, je ne pense pas que nous soyons faits pour être ensemble."
Alicia se redressa, visiblement choquée. "Comment peux-tu dire ça ? Nous avons passé des moments merveilleux ensemble. Je suis sûre que ça peut marcher entre nous."
- Alicia," dit Hélios, avec une fermeté nouvelle dans sa voix, "je suis désolé si tu as mal interprété mes intentions. Je tiens à toi en tant qu'amie, mais je ne ressens pas ce que tu espères. Mon avenir est au Nigeria, pas ici."
- Non," insista-t-elle, se levant et s'approchant de lui. "Non, tu ne peux pas me laisser comme ça. Tu dois retourner en Amérique pour moi. Nous pouvons faire fonctionner cela. Tu sais que nous pouvons."
Hélios la regarda droit dans les yeux, déterminé à ne pas céder. "Alicia, écoute-moi. Je ne reviendrai pas. Mon destin est ailleurs, et ce destin ne nous inclut pas, toi et moi. Tu dois accepter cela."
Elle recula, des larmes de frustration et de déception dans les yeux. "Tu es vraiment décidé, n'est-ce pas ?"
- Oui," répondit Hélios, adoucissant légèrement son ton. "Je suis désolé, mais c'est la vérité. Il vaut mieux pour nous deux de suivre nos chemins séparés."
Alicia resta silencieuse un moment, puis hocha lentement la tête. "Très bien, Hélios. Je comprends. Je te souhaite bonne chance, mais sache que tu me brises le cœur."
- Je suis désolé que cela te fasse souffrir," dit Hélios avec sincérité. "Je te souhaite le meilleur pour l'avenir."
Elle quitta la pièce sans un mot de plus, laissant Hélios seul avec ses pensées. Il savait qu'il avait pris la bonne décision, mais cela n'enlevait pas la difficulté de la situation. Il se leva, regarda autour de lui une dernière fois, puis se dirigea vers sa chambre, prêt à affronter les défis qui l'attendaient dans son royaume natal.