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Le monstre de Syrcas

Le monstre de Syrcas

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Résumé

Table des matières

Altor, une abomination, est un être doté de pouvoirs puissants et destructeurs qu’il ne maîtrise pas. De ce fait, il est isolé, car il devient dangereux pour le monde qui l’entoure. Se sentant rejeté, il trouve refuge auprès de la princesse Eryn, qui lui propose de se rallier à elle dans le combat qu’elle mène contre les ennemis de son royaume. Afin de contrôler sa puissance et d’expier ses erreurs passées, il décide de rejoindre les troupes pour cette terrible bataille. Ensemble, parviendront-ils à vaincre Gordios, esprit très ancien qui tente de prendre possession de la cité d’Istakhr ? À PROPOS DE L’AUTEUR Dans Le monstre de Syrcas, S.C.E Faustus nous ouvre les portes de son univers fantastique et explore ainsi l’étendue de sa plume.

Chapitre 1 No.1

Syrcas

Tous s’agitent, courent, et se bousculent. Certains portent de lourdes caisses ou redressent des tentes, alors que d’autres nettoient les allées. Leur unique objectif : offrir un spectacle hors du commun qui attirera les foules et assurera davantage la pérennité du cirque, car ce soir et demain – comme à chaque fin de semaine – nous donnons une représentation. Tout le contraire de moi, absorbé que je suis par les tatouages qui recouvrent mon corps de la tête aux pieds. L’abomination que je suis réussira-t-elle à donner le meilleur d’elle-même sans perdre le contrôle pour autant ? Voici tout ce qui occupe mes pensées, car si la majorité de la troupe me ressemble, personne n’est aussi instable. Je reste donc planté là, à me demander si je parviendrai une fois de plus à me contenir, ou tout consumer.

Syrcas est situé sur une petite colline surplombant la cité d’Alt-Yr-Yn – la plus grande cité des terres d’Ogmor – dans un lieu excentré et calme avec une vue imprenable sur les monts Meidrim et le palais royal que j’admire. Et alors que mon anxiété devient de plus en plus pesante, une pression au sommet du crâne me donne cette désagréable sensation de m’enfoncer de plusieurs centimètres dans le sol :

— Alors Altor, on reste planté comme un piquet à regarder ses petits camarades travailler ? C’est pas bien, tu le sais pourtant.

— Enlève ta grosse main de ma tête, tu me fais mal.

— Qu’est-ce qu’on dit ?

— Je suis plus un gamin, lâche-moi !

— C’est pour ça que je ne devrais pas avoir à demander, s’agace-t-il en se penchant vers moi. Qu’est-ce qu’on dit ?

— Aïe, s’il te plaît, ça te va ? Maintenant lâche-moi.

Dans un soupir il finit par ôter sa main et je recoiffe ma toison noire qu’il a aplatie, tout en sachant qu’avec ou sans son intervention, elle restera indomptable.

— C’est pas exactement ce que j’espérais, mais ça fera l’affaire.

À présent, je peux enfin le regarder dans les yeux, ou presque. Tharel est une abomination mesurant deux mètres trente de haut pour cent cinquante kilos de muscles. Cette montagne humaine possède une force incroyable et demeure une énigme. Une abomination voit le jour lorsqu’un humain entre en contact avec une créature sibylline à l’instant précis où celle-ci rend son dernier souffle. Une fois que leurs âmes ne font plus qu’une, il développe une puissante magie et son corps se transforme. Sachant que Tharel en est devenu une à dix-huit ans, comment a-t-il vécu ce bouleversement ? Était-il déjà balaise ou plutôt fluet ? Mais surtout, avec une telle puissance, pourquoi rester ici ? Il aurait pu utiliser son pouvoir pour obtenir tout ce qu’il désire, pourtant il préfère veiller sur des cas désespérés, comme le mien. Il est également le doyen du cirque et fêtera ses cinquante-deux ans bientôt, mais n’a rien perdu de sa force et de son endurance. C’est peut-être la raison pour laquelle je n’ai jamais osé lui poser toutes ces questions à son sujet. Ou bien parce que lui aussi a le droit d’avoir ses petits secrets, comme nous tous. Mais peu importe.

— Qu’est-ce que tu fais là ? T’as personne d’autre à martyriser ?

— Déjà non, et je t’ai déjà expliqué maintes fois que c’est plus drôle avec toi. En plus tu es le seul à ne pas te bouger. Il fallait donc que je vienne te secouer, me répond-il en croisant les bras.

— En m’écrasant la tête ?

— Ce que tu peux être chochotte parfois.

Je le foudroie du regard tandis qu’il me sourit tendrement.

— Encore en train de stresser ? me demande-t-il en se penchant de nouveau vers moi. Après tout ce temps tu devrais avoir l’habitude.

— Je sais, alors pourquoi c’est toujours aussi dur ?

— Ce serait plutôt à moi de te poser cette question.

— Toutes ces personnes qui m’observent en espérant voir toute l’étendue de mes pouvoirs, mais si je n’y arrive pas ? Si je perds le contrôle ?

J’ai des fourmis dans les doigts et commence à me les malaxer frénétiquement pour faire circuler le sang, mon cœur bat à tout rompre et je ne parviens plus à penser. Tout ce que je vois, ce sont des regards accusateurs, des sourires fourbes, ils me fixent et attendent avec impatience que j’atteigne le point de rupture afin d’assister à LA représentation. Sans parler de monsieur Loyal qui fait tout pour me pousser dans mes derniers retranchements. Je ne vais pas pouvoir tenir encore longtemps comme ça. Alors que la panique me gagne, Tharel me sort de ma torpeur.

— Il faut que tu te reprennes, chaque fois que tu te mets dans cet état, c’est pire.

— Je sais, merci ! Mais si tu crois que c’est facile tu te trompes !

Le stress me rend agressif et le ton monte, mais Tharel, lui, reste toujours aussi bienveillant.

— J’essaie juste de t’aider.

— Bah désolé, mais c’est raté !

— J’avais remarqué, me répond-il calmement avec sa voix douce habituelle. Ça fait combien de temps que tu es ici ? Environ douze ans ?

— Quinze.

— C’est vrai. Ça fait donc quinze ans que tu es ici et tu n’as toujours pas dépassé tes angoisses. Même les jumeaux y sont parvenus, et c’était pas gagné. Mais je sais qu’un jour tu y arriveras et montreras qui est le vrai Altor.

— Lâche-moi avec tes morales à deux balles !

Je lui hurle ses mots avant de le repousser et continue de m’énerver.

— Et puis j’aimerais bien savoir par quel miracle tu peux bien savoir ça !

— Parce que je sais tout de ce cirque et de ceux qui y vivent.

— Bah, voyons, tu réussis l’exploit d’être encore plus prétentieux qu’Enis. Exceptionnel !

— Altor.

— Quoi ? Comment peux-tu insinuer que ça pourrait aller ? Regarde-moi ! Regarde leurs yeux lorsqu’ils se posent sur moi ! Tout le monde me craint, et à raison, je peux tout détruire en un instant !

— Tout le monde ne te craint pas, retire-toi cette idée de la tête. Et tu n’as jamais tout détruit.

— Mais j’aurais pu il y a huit ans, si tu n’avais pas été là. Et c’est qu’une question de temps avant que…

— Alors je t’arrêterai, encore. Je serai ton garde-fou.

— Prétentieux et menteur, t’as d’autres talents cachés ou c’est tout ?

Tharel cesse de parler et me fixe. À cet instant, je prends conscience que je suis allé trop loin et lui présente mes excuses. Il arbore un sourire prévenant et me lance un « je sais », et je comprends aussitôt qu’elles ont été acceptées.

— Allez, viens, sale caractère, il y a du travail qui nous attend.

Il me donne une tape amicale dans le dos et commence à partir, j’ignore comment il s’y prend pour parvenir à m’apaiser – même un tant soit peu – avec si peu de mots. Je lui emboîte le pas et nous nous dirigeons vers le chapiteau, les dompteurs s’occupent de leurs animaux dans les grands parcs entourant le cirque, les gars de la sécurité sont en charge des barrières que nous installons uniquement les soirs de spectacles et les artistes veillent à ce que tout soit prêt en coulisse. Contrairement à la majorité d’entre eux, je n’ai aucun accessoire et un costume rapide à enfiler, alors je ne sais pas tellement ce que je pourrais faire, d’autant que le travail en équipe est pour moi synonyme de corvée. Je suis donc Tharel, jusqu’à ce qu’il s’arrête brusquement et que je ne lui rentre dedans.

— Bon, je suppose que tu n’as rien à faire ? me demande-t-il.

— Si… Je dois…

— C’est bien ce que je disais, je vais donc te dire ce que tu dois faire. Tu dois aller en cuisine pour voir s’ils ont besoin d’aide.

— En cuisine ? T’es sérieux ? On est passé devant, tu pouvais pas le dire tout à l’heure ?

— Je pensais que si tu continuais de me suivre c’est que tu avais quelque chose à faire sous le chapiteau. Tu sais pourtant très bien que Melteoc a toujours besoin d’aide et pourtant je suis obligé de te le répéter, à ton âge franchement.

J’en ai marre qu’il me traite comme un enfant, je ne suis plus le gamin qu’il a connu quand je suis arrivé. Je m’agace pendant qu’il affiche toujours ce sourire, mais il a beau m’énerver – je le sais au fond – il n’y a aucune méchanceté dans ses propos. Tout ce qu’il veut, c’est aider un pauvre gars de 27 ans bientôt totalement perdu. Sur ce, je m’exécute sans discuter et pars pour les cuisines en faisant une tête de deux mètres de long et l’entends me railler.

— Et avec le sourire !

Je réponds sans même me retourner.

— Je suis à mon maximum !

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Mis à jour : Chapitre 45 No.45   05-23 19:27
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23/05/2023
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