Préambule
J'ai cinquante-trois ans avec un corps malmené par les ans qui défilent, dominé par une âme d'enfant.
Une sempiternelle question se pose à moi : « Quand vas-tu cesser de mourir, maman? »
Quarante-cinq années que je te déterre, maman, sans comprendre pourquoi autant d'embruns t'enveloppent encore et encore...
J'ai oublié ton sourire, ton regard sur moi ainsi que la douceur de tes mains sur ma peau. Ma mémoire s'exile vers les profondeurs de l'oubli et pourtant, lorsque je pense à toi, mon cœur se brise en mille morceaux.
Ta disparition engloutit mon présent. J'ai besoin de toi, toujours.
Depuis, mon amour pour toi n'a pas traversé mes âges. À mes huit ans, il a stoppé sa course. J'ai cinquante-trois ans : je t'aime comme une petite fille. Je ne grandis pas.
L'édifice de la vie que je tente de bâtir s'écroule tel un château de cartes : le terrain est mouvant. Tu n'es plus là pour ancrer fermement mes pieds dans le sol de la vie.
À quarante ans, je suis internée en clinique psychiatrique : des pensées morbides me détruisent. Je ne suis plus personne, juste une entité en mal de vivre. Ma vie devient une lutte sans répit. Il me faut plus d'une décennie pour combattre ce mal qui a rongé mon cerveau.
Dès lors, je parcours l'historique de mon malheur : ton absence dans mon quotidien !
Je m'attelle à cette tâche pour me hasarder à vivre sans toi. Il le faut, sinon, je vais dépérir et chercher à te rejoindre. Je m'accroche à ton image floutée par le temps pour poursuivre ma quête de toi.
Emplie d'espoirs, je m'attache à dessiner mon histoire avec toi.