J'avais accepté sa demande, lui rappelant que j'étais toujours prête à rendre service, mais qu'il ne fallait pas que son absentéisme soit une habitude. Tu parles ! C'était déjà la quatrième fois ce mois-ci et nous n'étions que le 15 !
Elle m'avait transmis son planning d'intervention de la matinée, me promettant d'assurer l'après-midi mais j'avais insisté pour m'organiser en partant du principe qu'elle ne viendrait pas. Elle avait un peu tardé à tout me donner, mais j'avais finalement eu gain de cause ! Je connaissais le phénomène, ce mois-ci sur les 4 remplacements que j'avais effectués, elle n'avait tenu qu'une seule fois ces engagements.
J'avais raccroché avec elle peu avant 6 heure du matin, elle allait se coucher et ma journée commençait à peine.
J'ai appelé nos clients - les siens et les miens -, pour décaler certaines interventions qui tombaient au même moment et j'étais partie faire ma tournée. J'allais encore finir tard !
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Jusque-là, ma journée se passait relativement bien, nos clients étaient compréhensifs.
A 16h, je me rendis chez Monsieur Scott, un homme d'une quarantaine d'année en accident du travail depuis deux mois. Il faisait parti de mes clients, un homme agréable à vivre, toujours prêt à rendre service. Il était temporairement invalide et, avec l'aide de sa mutuelle, il bénéficiait d'une aide à domicile - moi - à raison de 6 heures par semaine pour lui faire le ménage, la lessive et les courses.
Une fois devant la porte de l'immeuble, je sonnai à l'interphone pour lui signaler ma présence avant d'ouvrir avec mon pass. Je pris l'ascenseur pour monter au 7e et frappai à sa porte. Aucune réponse.
' Il est certainement occupé, m'étais-je dit en ouvrant la porte. '
- Monsieur Scott, c'est Sandy, j'entre.
Je poussai la porte et m'engouffrai dans l'appartement. Une forte odeur nauséabonde me prit à la gorge lorsque je fus rentrée. C'était étrange, j'étais venue la veille pour une visite de courtoisie et ça sentait le frais ! Je retirai mes chaussures et c'était en chaussette que je rejoignis le salon.
Plus j'avançai et plus cette odeur devenait forte au point de me tirer quelques larmes.
- Monsieur Scott, où êtes-vous ?
J'entendis un bruit de verre cassé et me dirigeai vers celui-ci, vers la chambre de Monsieur Scott. Je frappai à la porte, qui s'ouvrit d'elle-même.
L'odeur venait d'ici, aucun doute possible !
Malgré la fenêtre ouverte, l'odeur de décomposition était particulièrement prenante. Que se passait-il bon sang ?!
Me tournant sur la droite, je ne pus retenir un cri d'effroi. Monsieur Scott était étendu sur son lit, mort, les yeux exorbités d'effroi et les tripes à l'air.
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Les enquêteurs vinrent une demi-heure après mon coup de fil, demi-heure que j'avais passé avec le défunt. La couleur de sa peau, l'odeur de décomposition, la coagulation sanguine... tout cela me hurlait qu'il était mort depuis longtemps. Je n'étais certe pas une experte, mais j'en connaissais un rayon pour avoir grandi dans une famille de croque-mort. Pourtant, c'était tout bonnement impossible, je l'avais eu au téléphone seulement quelques heures plus tôt...
Que s'était-il donc passé ici ?