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Ce que Marie n'a pas dit

Ce que Marie n'a pas dit

Auteur: promotion
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Chapitre 1 No.1

Nombre de mots : 3096    |    Mis à jour : 22/05/2023

niqu

on qu’el

laît dans sa chambrette sous le

TV jamais éteinte, l’autre réquisitionné par un suivi périscopique des allées et venues des locataires de l’immeuble. L’occupante aimait bien le nouveau venu du cinquième, il disait bien bonjour, avec son fort accent français du Nord, il était courtois et il l’avait même surprise un jour en descendant de ses étages p

ndit-il en se lançant au pas de cou

f depuis la d

pel à la confidence ni observé dans le regard subitement unifié

déjà vu défiler des couples de toutes sortes ! Des messieurs avec leur nièce, c’est un classique, mais un gringalet avec sa tante, ça, elle n’avait encore

*

laissait entendre que ce 5 octobre 1963 resterait une date marquante de sa vie, comme si toute son existence d’avant avait préparé ce moment-là. Une tension de qui-vive oppressait sa poitrine. Que pourrait-il bien lui arriver, au sortir d’une adoles

. On découvre chez l’autre des attentions nouvelles, un rejet systématique de ce qui pourrait contrarier, un souci permanent de se positionner en parall

e intimité qui grandit. Des allusions de plus en plus explicites s’échappent comme autant de ballons d’essai. À chaque sous-entendu, le visage s’éclaire d’un sourire arrêté à mi-course, dans l’attente d’un signal de conni

ous deux, avait-elle

! Quand il réalisa pleinement ce qui lui arrivait, il était déjà trop tard, le déploiement planifié de la séductrice avait planté son cercle de jalons sans rencontrer d’opposition, il était déjà pieds et poings liés, cerné de toutes parts par la mainmise de tante Marie sur son i

eux, enfin ! puis avait dénoué son chignon et secoué la masse ru

*

faire la bise à son petit neveu ». Quand Abdo entra à l’école primaire, elle venait en avant-soirée l’aider à faire ses devoirs et répéter ses leçons. Hors périodes scolaires, elle n’avait pas besoin d’inventer des prétextes, l’habitude avait ritualisé la visite quotidienne – à défaut, Céleste disait : « Tiens, ta

ble, sa mère avait mis les petits plats dans les grands. Au moment où le chœur des « Bon appétit » suspend les conversations et oriente les attentions de chacun sur le contenu de l’assiette, son regard avait traîné sur la blancheur du décolleté de sa tante, l’effroyable hypothèse de l’inceste l’avait giflé. Il ne put dissimuler son trouble qu’en piquant

nt que pour la forme, tous deux soulagés de n’avoir pas à franchir une frontière ni à affronter une grande ville inconnue – en fait tous les deux sans instruction, résolus depuis la maternelle à laisser Marie prendre en main la scolarité

oit – format A2, crémone bloquée par la rouille et vitre opacifiée par les sédiments célestes – maintenait le lieu en permanence dans une ambiance tamisée, pour ne pas dire résolument crépusculaire. Pour y voir clair,

eindre murs et plafonds, elle réunissait tous les talents de la parfaite bricoleuse. Il n’y avait pas là matière à s’étonner, c’était dans sa nature de décoratrice, on lui connaissait cette volo

, sans prendre le temps de traîner en ville ni d’aller boire un verre avec ses nouveaux camarades, ell

l’épaisseur effrayante des syllabus. Et que dire de la démesure d’une capitale où il était possible de se perdre, son animation permanente, son encombrement humain – un peuple le jour, une faune la nuit, tout un bouillonnement ininterrompu au regard de la vie lente de B

joui de son arrivée et avait annoncé son retour pour bientôt, il lui servirait de guide. L’épreuve serait de courte durée. Pendant qu’elle le rassurait ainsi, elle se tenait au plus près de lui, caressait du plat de la main sa barbe naissante qu’elle juge

s, se disait-il, ne faisaient-ils pas simplement partie des marques naturelles de l’affection toujours plus grande d’une dame pour son petit par

ns leur fine dentelle ne s’était jamais autant offert au regard. Le chignon banane qu’il lui avait toujours connu, ferme, discipliné, parfaitement construit, s’était agrémenté de quelques franges folles ; s’y étaient ajoutées de grandes boucles d’oreilles assorties au rouge à lèvres, lui aussi c’était nouveau. Le maquillage des yeux, le regard intensifié par le mascara, il l’avait bien remarqué, mais sans trouver d’interprétation particulière ; les femmes sont coquettes de nature, c’est ce qu’il avait toujours cru comprendre.

ibérer un fond sonore sous pression qui projetait sa cataracte de décibels sur le trottoir ; la franchir, c’était plonger dans un brouhaha fait de cent voix additionnées, des éclats de rire et du cliquetis des couverts ; s’avancer encore de quelques pas et l’on était accueilli par un

table au fond de

à dossier haut, adossées les unes aux autres, qui compartimentaient l’espace en cellules indépendantes, comme dans les deuxièmes classes des vieux trains. Les murs étaient placardés de miroirs et d’affiches dédicacées de célébrités venues un jour s’attabler en ce lieu ; Abdo reconnut l’air bal

eu de tous ces gens qui ne nous connaissent pas et qui ne nous voient même pas.

s’accorder une liberté de paroles et de gestes qu

vait très bien qu’il n’avait jamais approché une fille – mais d’interpeller ses naïvetés d’adolescent, de purger son cerveau de son fatras de blocages et d’y activer une écoute aux appels de la chair. À défaut de réponses à ses questions, elle ajouta qu’il n’était « jamais trop tard pour commencer à vivre ». Exemple à l’appui, elle posa sa main droite sur la nappe en papier, l’engagea dans le couloir entre le ravier de cacahuètes et le chario

te de la soirée et la nuit. S’était-elle trop avancée dans l’exposition de son désir ? Était-elle confrontée à un remords de dernière minute ? Ce revirement brutal laissa Abdo pantois, abandonné par celle qui, il y a encore quelques minutes, s’efforçait de le séduire

t passé. La scène de la brasserie se répéta à l’identique les deux soirées suivantes : les petits ges

t mine d’avoir oublié quelque chose et redescendit les escaliers. Entama sans raison une longue conversation avec la concierge. Quand il remonta dans sa chambre, Marie lui annonça que cette nuit, elle dormirait dans le fauteuil, les amis qui l’avaient hébergée jusqu’ici devaient s’absenter. Abdo dut se

parente sans jama

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