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A Deep Dreamless Sleep

A Deep Dreamless Sleep

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Résumé

Table des matières

Lorsqu'elle entra dans le coma après un accident de voiture, Nanda Cerqueira n'avait que onze ans. À son réveil, plus de six années étaient passées et le souvenir de cette nuit-là s'était envolé. En quelques heures dont personne ne veut lui parler, son univers s'était effondré. Et malgré les efforts de sa mère pour l'aider à s'adapter, la jeune fille se rend vite compte du peu d'enthousiasme de son ancien entourage vis-à-vis de son retour. Plus rien n'est pareil et elle la première... Si comme tous le disent, elle a dormi d'un profond sommeil dépourvu de rêves, d'où lui viennent ses étranges souvenirs qu'elle n'aurait jamais pu vivre ? S'agit-il simplement d'hallucinations ? Ou alors lui est-il réellement arrivé quelque chose pendant toutes ses années d'absence ? Quelque chose qui l'aurait retenu tout ce temps ? Quelque chose que ses songes lui révélaient tout doucement ? Dans sa quête de réponses, Nanda pourra t-elle vraiment compter sur l'aide de ce mystérieux garçon qu'elle semble bien être la seule à voir et entendre ? Parviendra t-elle regagner l'affection de ses proches ? Mais par dessus tout, saura t-elle supporter les vérités derrière les secrets qui l'entourent ?

Chapitre 1 CETTE NUIT-LÀ

Río de Janeiro, 24 Octobre 2016, 22h47

Léonor Cerqueira roulait sans savoir où aller. À vrai dire, elle n'avait nulle part où aller dans cette grande ville. Furieuse et dévastée, elle avait quitté le seul endroit qu'elle pouvait appeler sa maison pour prendre le volant. Machinalement, elle enchaînait les virages, s'arrêtait aux feux rouges et appuyait sur l'accélérateur sans avoir de destination précise. Ses yeux étaient rivés sur l'autoroute tandis que son esprit ressassait les événements qui la tourmentaient. Les indices qu'elle avait toujours préféré ignorer lui apparaissaient à présent comme des évidences. Ces regards où elle aurait dû voir honte ou culpabilité. Ces silences qui s'abattaient dans la pièce lorsqu'elle entrait. Et cette ressemblance qu'elle ne pouvait plus nier. Le même regard, la même fossette au menton, la même intolérance au lactose...

Un rictus lui échappa. Les liens que ces deux-là partageraient n'avaient jamais fait aucun doute, pourtant Léonor avait choisi de fermer les yeux. Elle s'était plongée dans cette cécité, refusant d'admettre qu'une telle trahison lui pendait au nez. Et lorsqu’elle en avait eu la preuve sur papier, elle avait choisi de s’enfuir loin de cette vérité qui la faisait tant souffrir.

Pour la énième fois, son téléphone sonna dans son sac. Sans surprise, Léonor vit le nom de son conjoint s'afficher sur l'écran. Elle éteignit aussitôt l’appareil, refusant d'entendre ses excuses. Rien ne pouvait justifier ce qu’il avait osé lui faire, rien ne pouvait l’effacer. Après tous les efforts qu'elle avait fait pour lui pardonner il y a onze ans, Humberto venait encore de briser sa confiance. À cette pensée, Léonor sentit une larme rouler sur sa joue. Elle l'essuya mais une autre suivie, puis une autre et encore une autre. La jeune femme tenta de se contenir, cependant son corps semblait vouloir se libérer de cette peine qui l'étouffait. Elle se gara donc sur le bas-côté, détacha sa ceinture de sécurité et sortit de la voiture.

Pourquoi cela lui arrivait-il maintenant que tout allait pour le mieux ? Pourquoi son mari continuait-il de la décevoir ainsi ? Pendant si longtemps, il lui avait menti, jurant sur leurs enfants quil n'avait plus rien à se reprocher. Qu’allait-elle faire à présent que ce secret n’en était plus un ? Que devait-elle faire ?

Son doigt était toujours orné de cet anneau doré sur lequel était inscrit le nom de son compagnon. Depuis son enfance, Léonor avait toujours pensé que le petit bout de métal unissait deux êtres pour l'éternité. Pourtant, en cette nuit froide et silencieuse, elle ne s'était jamais sentie plus éloignée de son époux. Dans un élan de désespoir, la jeune femme retira son alliance et la jeta. L'objet n'avait plus aucune valeur à ses yeux...

Adossée contre sa portière, ses mains couvrant sa figure, Léonor versait un torrent de larmes. Soudain, elle sentit des bras fébriles l'étreindre avec délicatesse. En retirant ses mains de son visage, elle découvrit la chevelure ondulée de sa fille, aussi sombre que la sienne. Perdue dans sa douleur, elle en avait oublié qu'elle n'était pas seule dans sa voiture. Bientôt, les gémissements de la fillette lui parvinrent aux oreilles. Se ressaisissant donc, Léonor sécha ses propres larmes et caressa tendrement la tête de la petite pour la consoler. Puis, du bout des doigts, elle releva le menton de l'enfant pour croiser ses petits yeux marrons qu'elle avait hérité d'elle. Ceux-ci étaient larmoyants. Elle essuya les gouttelettes qui ruisselaient sur les joues roses de sa progéniture avec un pincement au cœur.

Dans cette histoire, il n’y avait pas qu’elle et son mari, il y avait aussi les enfants, les leurs. En partant ce soir-là, Léonor n’avait pris en compte que ses propres sentiments. Cependant, ni sa fille, ni le petit João n’avait à souffrir des erreurs de leur père. Ils avaient le droit de grandir ensemble, heureux et épanouis. Mais au sein d’une famille divisée, serait-ce vraiment possible ?

Léonor en était certaine, rien ne pourrait restaurer sa relation détruite. Toutefois, son amour pour ses enfants était plus fort que la rancœur qu’elle éprouvait à ce moment-là envers son époux. Pour leur paix et leur bonheur, Léonor était prête à passer outre les mensonges et les trahisons. Ne serait-ce qu'en apparence, son mariage devait tenir le coup. Et peut-être que le temps finirait par guérir ses blessures…

— Je suis désolée de t'avoir fait peur, murmura t-elle à sa fille de sa voix la plus douce. C'est fini maintenant... On rentre à la maison...

L’air dubitatif, l’enfant la dévisagea, se demandant sûrement ce qui pouvait justifier son changement d'attitude.

— Tu... Tu n'es plus... fâchée contre papa ?

— Non ma chérie... C'est fini, lui assura t-elle.

— Et vous ne vous disputerez plus ? Vous ne vous séparerez jamais pas vrai ?

— Jamais, lui promit-elle après avoir déposer un baiser sur son front.

De retour dans son véhicule, Léonor attacha sa ceinture de sécurité, avec la conviction qu'elle prenait la bonne décision. Dans le rétroviseur, elle croisa le regard de sa fille et lui fit un sourire. Cette dernière le lui rendit avant de coller son front contre la vitre.

De l’autre côté de la chaussée, la fillette pouvait admirer la plage de Copacabana. Les multiples lampadaires qui bordaient l’autoroute ainsi que les lumières de la ville, permettaient d’avoir même de nuit, une vue splendide. Entre les reflets verts s’étendant sur le sable, le bleu foncé de la mer et le violet du ciel, ce lieu leur offrait un véritable paysage de carte postale. Sa mère entamait sa marche arrière quand tout à coup, la petite fille ouvrit la portière.

— Qu'est-ce que tu fais, s'écria la mère. Ferme la portière !

— Ta bague, rétorqua l'enfant en s'exécutant. Je l'ai vu là.

La petite pointa du doigt la chaussée. Dans la pénombre, elle avait aperçu le scintillement de l'anneau et avait voulu le récupérer pour sa mère. Celle-ci sourit à sa fille avant d'arrêter le moteur.

La route semblait déserte quand Léonor descendit. Elle s'apprêtait à la traverser lorsqu'une voiture passa rapidement au niveau de la bague. Un soupir de soulagement lui échappa en constatant qu'elle ne l'avait pas écrasée. Après quoi, elle regarda à sa gauche puis à sa droite. Ne voyant aucun véhicule à l'horizon, elle s'élança. C'est là, alors qu'elle venait de récupérer le petit objet, que l'irréparable se produisit.

— Maman ! l’alerta sa fille depuis le siège arrière de sa voiture.

Léonor se retourna pour voir arriver à vive allure, un pick-up dont les phares l'éblouirent. L’impact était inévitable, pensa t-elle tétanisée. Toutefois, l’engin dévia de sa trajectoire dans les dernières secondes. Et, de plein fouet, il percuta son propre véhicule.

Horrifiée, Léonor regarda sa voiture se faire propulser dans les airs et rouler sur elle-même quatre fois, avant de retomber sur le toit. Pendant un court instant, elle retint son souffle, refusant d'admettre ce qui venait d'arriver. Ce n’est que lorsqu'un inconnu s'approcha d'elle pour lui demander si elle allait bien, que la réalité lui éclata au visage. Là, dans cette épave, se trouvait encore sa petite fille adorée. Dévastée, Léonor courut jusqu'à sa voiture en hurlant le nom de sa fille :

— Nanda !

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